Une épée du 6e siècle exceptionnellement conservée découverte dans un cimetière anglo-saxon – Shango Media
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Une épée du 6e siècle exceptionnellement conservée découverte dans un cimetière anglo-saxon

Une épée du 6e siècle exceptionnellement conservée découverte dans un cimetière anglo-saxon

Certaines découvertes en archéologie sont plus spectaculaires que d’autres. Comme, par exemple, celle d’une épée du 6e siècle de notre ère récemment mise au jour dans un cimetière anglo-saxon de la campagne du Kent, près de Canterbury, au sud-est de l’Angleterre.

Parce qu’elle est de grande facture, mais aussi dans un état de conservation exceptionnel, elle est déjà considérée par les archéologues comme l’une des plus « remarquables » du genre. « Elle est vraiment incroyable, dans les plus hauts échelons des épées », a déclaré Duncan Sayer, archéologue et professeur à l’Université du Lancashire central, au Guardian. « C’est un objet d’élite à tous points de vue. Elle rivalise avec les épées de Douvres et de Sutton Hoo. »

Un site tenu secret

Avec sa garde en argent et en vermeil, couverte de motifs décoratifs complexes, et sa lame portant une écriture en caractères runiques, elle est en effet aisément comparable à la célèbre épée de Sutton Hoo, trouvée dans le bateau-tombe du Suffolk en 1939. Un anneau encore attaché à son pommeau pourrait être le symbole d’un serment prêté par son propriétaire à un roi ou à une autre personne de haut rang. Par ailleurs, des éléments de son fourreau en cuir et en bois et de la fourrure de castor qui le garnissait ont aussi été conservés.

L’exceptionnel objet se trouvait dans la tombe d’un cimetière dont l’emplacement est pour le moment tenu confidentiel, des fouilles supplémentaires y étant prévues. Douze sépultures ont été fouillées, mais leur nombre pourrait s’élever à plus de 200. De quoi donner du travail aux archéologues pour de nombreuses années. « Nous gardons le nom du site secret. C’est un cimetière très riche. Ce serait une véritable tragédie s’il devenait célèbre avant que nous ne l’ayons fouillé. »

Dans la même tombe se trouvait un pendentif en or figurant un serpent ou un dragon. Comme ces pendentifs étaient portés par des femmes de haut rang, il pourrait s’agir d’un souvenir précieux d’une parente ou d’une ancêtre.

Chefs de guerre

Toutes les tombes masculines contenaient des armes telles que des lances et des boucliers quand les tombes féminines, elles, renfermaient des couteaux, des broches et ou encore des boucles d’oreilles à la provenance diverse. L’une de ces tombes de femme présentait notamment des objets d’origine scandinave, et une autre des artefacts d’origine franque. « Nous pouvons vraiment voir l’évolution du paysage politique du Kent sur ce site aux 5e et 6e siècles », a expliqué Duncan Sayer.

La période anglo-saxonne, pour laquelle les sources d’informations tant historiques qu’archéologiques sont rares, correspond à une période charnière de l’histoire de l’Angleterre. Après le retrait de l’Empire romain de la province Britannia en 410, les Anglo-Saxons, mélange de peuples germaniques (principalement les Angles, les Saxons et les Jutes) commencèrent à occuper non sans conflit avec les populations autochtones ce territoire laissé politiquement vacant. Ils y apportèrent leurs propres croyances païennes, basées sur la mythologie germanique (avant la christianisation progressive à partir du 7ᵉ siècle), mais y imposèrent aussi leur organisation sociale, très hiérarchisée.

Ainsi, le pouvoir glissa entre les mains d’une élite guerrière reparties en clans qui sera, au 6e siècle, à l’origine de royaumes comme ceux du Kent, de Wessex ou encore de Northumbrie. Pour l’équipe de recherche, la découverte de ce précieux mobilier laisse à penser qu’« un événement migratoire important a bien eu lieu après l’arrêt de l’administration romaine en Grande-Bretagne. » De là à conclure qu’il s’agit de l’épée de l’un de ces grands chefs de guerre ? Il faudra un peu plus de temps pour le dire.

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