SCIENCES ET AVENIR 🔵 Cancer du poumon : ce vaccin français permet de gagner plusieurs mois de survie – Shango Media
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SCIENCES ET AVENIR 🔵 Cancer du poumon : ce vaccin français permet de gagner plusieurs mois de survie

Avec 52.777 nouveaux cas en 2023, le cancer du poumon est le 3e cancer le plus frĂ©quent et la 1re cause de dĂ©cès par cancer en France. Les statistiques de survie sont très mauvaises, environ 20% des personnes diagnostiquĂ©es survivant Ă  l’horizon de 5 ans. Avec un diagnostic souvent tardif, la marge de manoeuvre reste faible face Ă  la maladie.

Un vaccin baptisé Tedopi

En parallèle des thĂ©rapies classiques comme la chimiothĂ©rapie, l’immunothĂ©rapie et la radiothĂ©rapie, une Ă©quipe française espère mettre au point un vaccin contre ce type de cancer. L’idĂ©e n’est pas de se vacciner pour Ă©viter la survenue d’une tumeur dans les poumons. Au contraire, ce vaccin est destinĂ© Ă  complĂ©ter les traitements dĂ©jĂ  existants. Il permettrait de rĂ©duire de 41 % le taux de dĂ©cès dans l’annĂ©e selon une Ă©tude de phase III publiĂ©e dans Annals of Oncology. Des rĂ©sultats encourageants qui n’ont toutefois rien d’un “traitement miracle“. 

BaptisĂ© Tedopi, ce vaccin contre le cancer fonctionne de la mĂŞme façon qu’un vaccin classique. L’injection apporte Ă  l’organisme des antigènes semblables Ă  ceux que portent les cellules des tumeurs. Le système immunitaire apprend ainsi Ă  se dĂ©fendre contre les cellules tumorales et sait les reconnaĂ®tre. Lorsque les lymphocytes T rencontrent ensuite des cellules du cancer du poumon, ils les identifient et les Ă©liminent.

Trois mois de survie en plus

Dans cette Ă©tude, 119 malades ont reçu en tout six injections espacĂ©es de trois semaines, puis toutes les huit semaines pendant un an, puis toutes les douze semaines. Le groupe ayant reçu le vaccin bĂ©nĂ©ficiait d’une mĂ©diane de survie de 11,1 mois, contre 7,5 mois pour le groupe de contrĂ´le qui ne suivait pas ce traitement. “Trois mois de plus, ça peut ne pas sembler grand-chose“, explique le Pr Benjamin Besse, oncologue Ă  l’Institut Gustave Roussy et pilote de l’Ă©tude. “Mais le cancer du poumon souffre d’un très mauvais taux de survie. Ces trois mois, ce n’est pas rien pour les malades.” Surtout, ces rĂ©sultats signifient que 44% des patients Ă©taient encore vie un an après avoir dĂ©marrĂ© le traitement vaccinal, contre 27,5% pour le groupe sous chimiothĂ©rapie.

Contrairement aux vaccins contre le Covid-19, il ne s’agit cette fois pas d’un vaccin Ă  ARN mais d’un vaccin protĂ©ique plus “classique.” Il comprend 9 antigènes de 2 protĂ©ines, toutes Ă  la surface ou intracellulaires du cancer du poumon non Ă  petites cellules, le cancer du poumon le plus rĂ©pandu (85 Ă  90% de l’ensemble des cancers du poumon). Le cancer du poumon non Ă  petites cellules (CPNPC) se diffĂ©rencie en effet du cancer du poumon Ă  petites cellules (CPPC) par la façon dont les cellules tumorales apparaissent au microscope. “Avec cette formule, au moins une des cinq protĂ©ines pourra agir sur chaque malade atteint d’un cancer du poumon non Ă  petites cellules“, prĂ©cise le Pr Besse.

Plusieurs conditions d’accès

L’effervescence suscitĂ©e autour de la publication de ces rĂ©sultats ne doit pas faire oublier que ce vaccin ne concerne pas tous les patients atteints d’un cancer du poumon. Il n’est pour le moment que destinĂ© aux personnes avec des mĂ©tastases, soit environ la moitiĂ© des malades.

Il s’agit d’un traitement dit de “troisième ligne“, qui intervient après la chimiothĂ©rapie et l’immunothĂ©rapie. Or il faut que le patient ait rĂ©pondu Ă  l’immunothĂ©rapie, soit encore environ la moitiĂ© des malades. Par ailleurs, le vaccin n’est destinĂ© qu’aux personnes porteuses du gène HLA-A2. Le gène HLA joue un rĂ´le important pour notre système immunitaire et il existe de multiples versions mais il est impossible de couvrir tous les sous-groupes de HLA dans une seule injection. 45% de la population europĂ©enne est porteuse la version HLA-A2 du gène. C’est presque la moitiĂ© de la population. Il a fallu faire un choix qui nous permettait de viser le plus de monde possible“, explique ValĂ©rie Gabarre, directrice medico-marketing chez OSE Immunotherapeutics, la biotech nantaise Ă  l’origine de ce vaccin.

MalgrĂ© les rĂ©sultats encourageants de cette Ă©tude de phase III, le chemin reste long avant d’obtenir une autorisation de mise sur le marchĂ© (AMM). Une première demande Ă  l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament (ANSM) a Ă©tĂ© refusĂ©e dĂ©but 2023. “L’étude a Ă©tĂ© tronquĂ©e Ă  cause du Covid-19“, explique le Pr Besse. “L’inclusion ayant Ă©tĂ© stoppĂ©e aux 2/3 environ, l’ANSM a estimĂ© que les donnĂ©es ne suffisaient pas Ă  autoriser le vaccin.Un nouvel essai de phase 3 devrait donc dĂ©marrer en dĂ©but d’annĂ©e prochaine sur plus de trois cents personnes. La mise sur le marchĂ© ne devrait pas intervenir avant 2027.

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