RUGBYRAMA 🔵 Technique. Toulouse, d’art et déchet face aux Sharks
Soucieux d’imposer un gros volume de jeu dans leur quête du bonus offensif, les Toulousains ont gâché de nombreuses occasions par d’inhabituelles erreurs à Durban. Un déchet imputable à ces conditions de jeu sud-africaines si particulières et difficiles à maîtriser ? Pas seulement, non…
Sans ĂŞtre forcĂ©ment dominateurs en termes de possession du ballon, critère pourtant prĂ©sentĂ© la veille par Thibaut Flament comme « la clĂ© du match », les joueurs toulousains ont pourtant donnĂ© une certaine impression de facilitĂ© sur la pelouse des Sharks. Une sensation largement corroborĂ©e par les chiffres, ainsi qu’en tĂ©moignent la bagatelle de 21 dĂ©fenseurs battus, 14 franchissements, 24 offloads et 11 turnovers rĂ©cupĂ©rĂ©s. Des stats qui, d’ordinaire, sont l’apanage d’une victoire de trente ou quarante points… Sauf qu’une fois n’est pas coutume, et mĂŞme s’ils ont dĂ©ployĂ© un volume de jeu conforme Ă leurs standards, les Toulousains n’ont inscrit que deux essais Ă leurs adversaires. La faute Ă un dĂ©chet Ă©norme de 23 ballons perdus, dont 13 en-avant pour lesquels les conditions climatiques peuvent Ă©videmment ĂŞtre invoquĂ©es. « On va revoir ces actions, chercher Ă comprendre pourquoi on ne les a pas mieux jouĂ©es, pourquoi on n’a pas fait les bons choix au bon moment, promettait le capitaine Antoine Dupont. Beaucoup de choses ont fait qu’on n’a pas pu mettre notre jeu en place, et pas mal d’entre elles sont de notre fait, malheureusement. »
Les choix des cadres en question
On peut ici, en premier lieu, incriminer une conquĂŞte pas franchement sereine, qui n’a conservĂ© que 80 % de ses ballons en touche. Mais surtout, pour tout dire, des attitudes un brin coupables en zone de marque, oĂą les Stadistes n’ont pas affichĂ© leur justesse proverbiale, notamment en première mi-temps, Ă l’image de ses stars Dupont et Ramos se sĂ©parant du ballon au pied, d’un Mauvaka gâchant deux franchissements nets ou encore d’un Ntamack hauteur du crochet de trop face au retour de Mapimpi. « Les occasions pas conclues et les ballons dont on se sĂ©pare au pied, il y en a beaucoup trop, Ă©videmment, regrettait le manager Ugo Mola. Ce qui m’a gĂŞnĂ©, c’est la tendance qu’ont eu mes joueurs Ă vouloir trop rapidement marquer, alors que d’habitude on est capable de marquer assez vite et de punir les Ă©quipes lorsqu’on rĂ©cupère des ballons, sur contre-attaque ou sur turnover. Cette fois, on a eu du mal, davantage par des choix individuels que par un problème collectif. Donc on va prendre le temps de bien l’analyser. » Une introspection, pour ne pas tomber dans le piège de l’incrimination. « Ce n’est pas question d’opposer les avants et les trois-quarts, on est une Ă©quipe, jurait le deuxième ligne Emmanuel Meafou. Il y a des matchs oĂą ils nous ont mis huit, neuf essais, on ne va pas les incriminer, d’autant qu’on n’a pas Ă©tĂ© parfait non plus en conquĂŞte. C’est notre jeu de jouer debout, de tenter le offload, mais on a simplement le sentiment d’avoir un peu trop jouĂ© Ă la baballe. »
Mola : « Au soutien, on a manqué de rythme »
Et d’avoir pĂ©chĂ© dans le travail invisible ? Sans doute… Car ce qui a frappĂ©, ce samedi, ce sont ces inhabituels retards de soutien, qui n’ont d’abord pas permis aux toulousains de prolonger le jeu debout selon leurs principes, et leur ont surtout causĂ© une demi-douzaine de ballons grattĂ©s, dont quatre Ă moins de trois mètres de l’en-but. « Sur les rucks, on sait qu’on est souvent visĂ©, que les Ă©quipes veulent nous ralentir les ballons pour essayer de nous mettre en difficultĂ©, confirmait Dupont. On en a gagnĂ© quelques-uns mais on a effectivement perdu trop de ballons au contest. » « Par rapport à ça, il y a aussi peut-ĂŞtre eu un manque de rythme, endossait Mola. C’Ă©tait ma grosse inquiĂ©tude par rapport au groupe qu’on a mĂ©nagĂ© pour l’emmener en Afrique du Sud, au-delĂ du travail qu’ils ont entrepris avec nos prĂ©parateurs physiques. Ça manquait d’Ă -propos dans les derniers gestes, nos en-avant et ces retards au soutien en attestent. Je ne pense pas qu’on ait trichĂ©, je ne pense pas qu’on soit passĂ© Ă cĂ´tĂ© sur l’engagement, mais par contre on est passĂ© Ă cĂ´tĂ© sur notre justesse technique dans le dernier geste et dans la patience… » La faute Ă un contexte Ă©motionnel dur Ă maĂ®triser, au bout de cette semaine si particulière ? On le jurerait, oui…