RUGBYRAMA 🔵 « Notre Kolbe », « le meilleur 10 de la planète »… Beattie passe en revue les trois-quarts Ă©cossais


Si le XV de France ne prend pas l’ascendant devant, il risque de s’exposer aux fulgurances d’une ligne arrière dans laquelle les Lions britanniques et irlandais vont allègrement piocher cet été. John Beattie fait les présentations de ces talents rares.
Outre-Manche, ce Tournoi 2025 fait office, au-delà du pur enjeu sportif, de revue d’effectif en vue de la tournée des Lions britanniques et irlandais en Australie cet été. En la matière, tous les commentateurs s’accordent sur un point : l’Écosse sera très bien représentée au niveau des lignes arrières. « Je pense que toute la ligne arrière, du 10 au 15, sera dans l’avion », annonce Ugo Monye. « Il y a le potentiel pour avoir une ligne arrière écossaise complète », a même asséné Chris Ashton, avant la blessure du grand absent Sione Tuipulotu. Si même les Anglais le disent… John Beattie, international aux 38 sélections devenu consultant, passe en revue cette « ligne de trois quarts vraiment exceptionnelle » qui fait la fierté et incarne la principale menace du XV du Chardon pour les Bleus, ce samedi.
Blair Kinghorn : « Au niveau des meilleurs »
« C’est un mec en or. En France, vous avez appris à le connaître depuis qu’il joue à Toulouse. Il a tant de qualités. Ses capacités physiques sont hors normes : c’est un trois-quarts avec une taille de troisième ligne. Il est très rapide, très bon ballon en main, il a une bonne vision du jeu, une bonne lecture, au point qu’il peut jouer 10 et il est aussi spécialiste des ballons hauts. On l’a encore vu récupérer deux, trois chandelles contre les Gallois. Il y a aussi son jeu au pied qui est très bon. J’imagine qu’il sera très excité à l’idée de jouer contre ses frères toulousains. Depuis qu’il est en France et qu’il évolue dans une équipe exceptionnelle chaque semaine, il a prouvé qu’il avait le niveau des meilleurs. Sa progression est évidente depuis deux ans, comme on a pu le constater avec l’Écosse. Le fait qu’il n’y ait plus Stuart Hogg, qui le bloquait en sélection, l’a aidé à monter en puissance aussi. Je suis content pour lui. »
Darcy Graham : « Un peu notre Kolbe »
« C’est un peu notre Cheslin Kolbe, on va dire. C’est l’exact opposé de Duhan Van der Merve, ce qui les rend très complémentaires. Darcy Graham est petit mais hyper dynamique. C’est une pile avec ses appuis, ses « tchic-tchacs », ses raffuts, sa capacité à se créer les espaces tout seul et à trouver un moyen d’avancer en permanence. Il peut changer le scénario d’un match à tout moment. J’adore ce genre de joueurs. Il a un côté Shane Williams aussi. Je le trouve sublime à regarder jouer. »
Huw Jones : « Un athlète incroyable »
« C’est un athlète incroyable qui est très tonique, très dynamique. Il est tout aussi capable de casser les plaquages que de faire des off-loads. En 13, c’est une vraie chance de l’avoir. Il peut ĂŞtre dangereux un peu partout, en venant auprès de Ben White comme en allant sur les extĂ©rieurs. Il n’a pas peur d’aller chercher des espaces entre les gros avec ses courses directes, sa tonicitĂ©. Et son talent lui permet gĂ©nĂ©ralement de faire le geste juste. »
Duhan Van der Merwe : « C’est comme Terminator »
« Si on lui donne deux ou trois mètres, Duhan est presque impossible à arrêter avec ses capacités physiques, sa vitesse, sa force, son explosivité. Il y a des joueurs qui sont plus talentueux, plus rugby mais lui, c’est un athlète pur, avec une puissance rare. C’est comme Terminator. Il a de la chance aussi d’évoluer dans une ligne de trois-quarts créative et inspirée qui le sert souvent sur un plateau. Avec lui, c’est presque essai à chaque match. »
Finn Russell : « Le meilleur 10 de la planète »
« Je crois que le public français l’adore. C’est notre chef, notre roi. C’est lui et qui décide et anime tout notre jeu. Il a des qualités mentales et techniques hors normes à défaut d’être physiques. Sa qualité et sa longueur de passe, ses prises de décision et sa capacité à éliminer les défenseurs font que c’est, à mes yeux, le meilleur 10 de la planète. Les Français vont râler en disant qu’ils ont Ntamack, Jalibert… C’est un choix personnel. Russell, c’est un joueur qui fait vibrer les stades avec ses inspirations, ses exploits, ses passes au pied… En dehors des terrains, il est aussi très fort pour analyser les options, trouver des failles et des solutions avec son expérience grandissante. C’est la pièce maîtresse de notre équipe et c’est une vraie chance de l’avoir chez nous. »
Ben White : « On adore ce joueur »
« C’est le binôme de Baptiste Serin en club comme vous le savez. Ce n’est pas le même genre de joueur que Baptiste qui est plus porté sur les exploits individuels, la vitesse, le dynamisme. Ben a tout ça mais un cran en dessous. Il est un peu moins brillant mais il a certaines qualités qu’on adore. C’est une valeur sûre, on va dire. Ce qu’on préfère chez lui, c’est sa qualité et sa longueur de passe. Il a cette capacité à battre quatre ou cinq défenseurs rien que comme ça. Il est pragmatique avec des prises de décision et un sens de l’initiative excellents. Par son jeu au pied d’occupation, il est très fort pour mettre la défense sous pression. On adore ce joueur. Il est indiscutable en numéro 9 même si Ali Price était titulaire avec les Lions lors de leur dernière et si George Horn sort des matchs extraordinaires pour Glasgow. »
Le grand absent : Sione Tuipulotu
Capitaine et fer de lance des lignes arrière, Sione Tuipulotu a dĂ» dĂ©clarer forfait pour ce Tournoi en raison d’une blessure au muscle pectoral : « C’est notre Bundee Aki. Il amène du punch, il gagne ses duels et insuffle de l’agressivitĂ© Ă notre jeu. Comme il fait peur aux adversaires, ça crĂ©e des espaces autour de lui. GĂ©nĂ©ralement, les lancements le visent comme premier attaquant. Il va chercher Ă gagner la liste d’avantage avec Huw Jones qui vient main-main et Finn Russell dans son dos. Au-delĂ de son physique, il a des mains en or qui lui permettent de jouer après contact. Ă€ l’image d’un Jonathan Danty, il est aussi capable de gratter des ballons avec un centre de gravitĂ© qui est bas. Il ne faut pas nĂ©gliger son pied gauche, qu’il utilise pour servir ses ailiers. C’est un vrai monsieur plus quand il est lĂ et, Ă mon sens, il doit aller en Australie avec les Lions s’il est disponible. » Son absence est un soulagement pour les Bleus. Mais gare Ă son remplaçant, le NĂ©o-ZĂ©landais d’origine Tom Jordan, auteur d’un doublĂ© face aux Gallois et en pleine prise de confiance depuis le dĂ©but de la compĂ©tition.