RUGBYRAMA 🔵 Investec Champions Cup – Toulouse, entre émotions fortes et symboles en Afrique du Sud

Comment, et en combien de temps, basculer d’un instant de recueillement collectif extrêmement lourd en émotions à une rencontre internationale riche d’enjeux et de symboles ? Posée de manière aussi abrupte, la question n’a pas eu l’heur d’émouvoir le flegmatique anglais Jack Willis, jurant que « depuis notre arrivée à Durban, on s’est concentré sur l’entraînement et le match, on n’a pas fait grand-chose en-dehors de l’hôtel, jurait le flanker. On garde l’émotion dans la tête, pour donner toute notre énergie ce week-end ».

Reste qu’en ce qui concernait Ugo Mola, l’inquiétude était fatalement de mise par rapport à ce contexte hautement passionnel. « Pour ma part, ça reste l’inquiétude majeure avant le match de samedi, abondait le manager toulousain. Il y a l’inquiétude de la préparation un petit peu tronquée, que toutes les équipes européennes ou françaises ont pu vivre, de l’adversaire et des messages qu’il nous envoie dans ses déclarations, selon lequel il semble fin prêt prêt à nous recevoir. Et puis évidemment, une forme d’inquiétude liée à ces ascenseurs émotionnels sur lesquels on n’a pas cherché à aller très loin, parce que le contexte nous a poussé à vivre des choses très fortes. Il faudra être capable de digérer tout ça dans un temps beaucoup plus rapide que ce qu’on aurait aimé. »

Pour les internationaux, un rendez-vous à part

D’autant qu’au-delà de l’émotion légitime, le rendez-vous des Toulousains face aux Sharks prendra nécessairement une tournure symbolique. Privés de confrontations dans l’hémisphère Sud avec ce qui se fait de mieux au monde lors des tournées d’été, il ne fait ainsi aucun doute que cette rencontre a été cochée depuis un bon moment par les internationaux Stadistes, en particulier par ceux qui ont vécu le traumatisme du 15 octobre 2023, à l’instar de Thibaut Flament. « Bien sûr que ça fait partie du contexte de ce match, même si ce n’est pas l’objectif principal, confessait le deuxième ligne. Dans nos têtes, on ne parle pas de revanche par rapport à la Coupe du Monde ou de test par rapport à l’hémisphère sud, on est vraiment dans cette optique de club pour qui ces matchs de Champions Cup comptent beaucoup. Mais inconsciemment, bien entendu, ça fait aussi partie du contexte. »

« J‘ai peu, voire pas d’analyse sur ce qui s’est passé il y a un an et quelques mois entre l’Afrique du Sud et la France en quart de finale de la Coupe du Monde, prolongeait Mola. Il n’empêche que ce match a marqué le rugby français, pour des raisons que l’on peut analyser de manière différente. Dans tous les cas, une compétition qui nous était promise nous a échappé. Et donc, si on parle beaucoup des 11-12 internationaux sud-africains, je ne peux pas non plus cacher les 11-12 internationaux français dans l’effectif du Stade toulousain. Donc, évidemment qu’il y a un bout d’analogie entre ce qu’ils ont vécu il y a un an et la capacité à venir en Afrique du Sud se confronter à ce rugby qui est, en termes de résultats, le meilleur depuis les deux dernières Coupes du Monde. »  De quoi faire d’ores et déjà de ce rendez-vous le sommet de la saison régulière ? « Ce n’est pas le sommet, mais je pense que ça fait partie des gros rendez-vous de la saison, alors c’est d’autant plus important pour nous de le valider, concluait Flament. Cela a été une semaine très, très riche dans beaucoup d’aspects, entre ce long trajet, ce moment au Cap pour la famille de Mehdi, ce match qui arrive. Ça restera une semaine très spéciale. » Aux joueurs toulousains, dès lors, de la rendre définitivement inoubliable.