RFI 🔵 Haïti: à Port-au-Prince, rares sont les enfants à pouvoir reprendre le chemin de l’école
Entre le retard des subventions promises par le gouvernement et l’occupation de certaines Ă©coles par des dĂ©placĂ©s fuyant la violence des gangs, cette rentrĂ©e scolaire s’annonce particulièrement difficile en HaĂŻti, notamment dans la capitale. Pour ce premier jour, l’affluence est loin d’ĂŞtre massive, les Ă©lèves prĂ©sents se comptent sur les doigts d’une main. Cependant, les rares Ă©coliers aperçus sont visiblement heureux de reprendre le chemin de l’école.
Publié le :
4 mn
Publicité
La population haĂŻtienne continue de subir les violences des bandes criminelles et les consĂ©quences de crises politique et humanitaire chroniques, avec plus 700 000 dĂ©placĂ©s selon l’ONU dont des enfants pour la moitiĂ© et au moins 3 661 personnes tuĂ©es au premier semestre 2024. C’est dans ce contexte que la rentrĂ©e scolaire 2024-2025 a eu lieu le 1er octobre Ă Port-au-Prince et dans les provinces.
Dans l’Ă©cole situĂ©e Ă Bois Verna, l’heure de la rĂ©crĂ©ation a sonnĂ©. Ce n’est pas la grande affluence. Toutefois, les quelques rares Ă©lèves qui rĂ©pondent Ă l’appel se disent enthousiastes, raconte le correspondant de RFI Ă Port-au-Prince, Peterson Luxama.
– « J’ai remarquĂ© que beaucoup d’enfants ne sont pas encore venus, mais je suis content d’ĂŞtre lĂ ce matin …»
– « Pour le premier jour des classes, je suis prĂ©sent, et je suis heureux que mes parents aient fait l’effort de m’envoyer »
– « Je suis content d’ĂŞtre de retour Ă l’Ă©cole »
– « Nous avions soif d’Ă©cole, grâce Ă Dieu, c’est la rentrĂ©e ! »
Depuis quelques annĂ©es, Ă Port-au-Prince, en HaĂŻti, l’insĂ©curitĂ© grandissante due Ă l’activitĂ© des gangs armĂ©s, a toujours perturbĂ© l’annĂ©e scolaire. Vanessa et son amie Carla, Ă©lèves en classe de terminale, disent souhaiter le contraire cette annĂ©e.
– « J’aimerais que cette annĂ©e ne soit pas comme les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes et que nous passions une bonne annĂ©e scolaire »
– « Je souhaite que cette annĂ©e scolaire soit la meilleure de toutes, car nous n’avons pas pu complĂ©ter une annĂ©e entière jusque-là »
Ă€ lire aussiViolences en HaĂŻti: au moins 3 661 personnes tuĂ©es depuis janvier, selon l’ONU
Lancement officiel de l’annĂ©e scolaire dans le sud d’HaĂŻti
C’est une rentrée scolaire en demi-teinte, ce 1er octobre. Certains élèves ne peuvent pas encore aller en classe. Une réalité que reconnaît le chef du gouvernement. En visite dans un lycée de la capitale, Garry Conille a exprimé son insatisfaction : « Ce matin, je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas satisfait parce qu’il y a encore près de 40 écoles qui restent encore occupées. Les élèves ne peuvent pas avoir accès à leur espace habituel pour aller à l’école ». Notons que c’est dans le sud du pays que le pouvoir en place a lancé l’année scolaire. Une année scolaire incertaine pour de nombreuses familles, surtout pour celles déplacées par les violences des gangs armés qui n’ont pas la possibilité de permettre à leurs enfants de regagner les salles de classe.
Les bancs des Ă©coles sont en effet restĂ©s clairsemĂ©s dans le nord-est, mais aussi dans de nombreuses villes d’HaĂŻti, Ă Jacmel, Mirebalais ou Hinche. On a surtout vu des Ă©lèves dans les Ă©coles privĂ©es, nous dit le journal Le Nouvelliste. Dans les Ă©tablissements publics, les enfants manquaient Ă l’appel. Le quotidien ajoute qu’Ă Saint-Marc, la plupart des Ă©coles ont renvoyĂ© les Ă©lèves chez eux leur demandant de revenir la semaine prochaine, mĂŞme chose aux GonaĂŻves, Ă©crit Le Nouvelliste, oĂą des Ă©tablissements scolaires ont prĂ©fĂ©rĂ© organiser des activitĂ©s religieuses pour l’occasion.
Le Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU a dĂ©cidĂ© lundi 30 septembre de prolonger d’un an la mission multinationale de soutien Ă la police du pays, sans Ă©voquer sa possible transformation en force des Nations unies comme demandĂ©e par le prĂ©sident du conseil de transition d’HaĂŻti, Edgard Leblanc Fils. Ă€ la tribune de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’ONU, ce dernier a appelĂ© Ă une « rĂ©flexion » sur cette transformation, une Ă©volution « cruciale » pour « crĂ©er les conditions nĂ©cessaires pour la tenue d’Ă©lections libres et Ă©quitables dans un avenir proche », a insistĂ© l’ambassadeur haĂŻtien Ă l’ONU Antonio Rodrigue. Les autoritĂ©s de transition, nommĂ©e après la dĂ©mission au printemps du Premier ministre Ariel Henry sous la pression des gangs, espèrent organiser l’an prochain les premières Ă©lections depuis 2016.
Ă€ lire aussiHaĂŻti: la mission multinationale de soutien Ă la police prolongĂ©e d’un an