RFI 🔵 France: Mayotte placé en alerte cyclonique rouge, moins d’un mois après le passage de Chido

« J’ai décidé d’avancer à 22h cette alerte rouge pour permettre à chacun de bien se mettre à l’abri, de bien se confiner, de prendre soin des personnes proches de vous, de vos enfants, de vos familles, des personnes vulnérables, des grands-parents, des mamans qui sont isolées, pour faire en sorte que chacun puisse être protégé dans cette période qui s’annonce », a déclaré François-Xavier Bieuville. L’archipel est menacé par la tempête tropicale Dikeledi.

Les habitants du territoire français de Mayotte se sont préparés, ce 11 janvier 2025, à une tempête qui devrait apporter des vents violents et de fortes pluies. Cela moins d’un mois après que l’archipel de l’océan Indien a été dévasté par le cyclone meurtrier Chido.

L’alerte rouge implique « l’interdiction de se déplacer, ni sur terre ni sur mer », d’« aller sur les plages, (…) de se tenir en dehors de son domicile », a précisé le préfet. « Nous devons nous préparer à cet événement qui va commencer dans la nuit, plutôt en fin de nuit, et qui va continuer pendant une bonne partie de la matinée, voire de la journée de demain dimanche », a-t-il ajouté.

« Confinez-vous, préparez des vivres », avait-il lancé plus tôt dans la matinée, en exhortant les habitants à « ne pas toucher un fil électrique » ou un « compteur électrique » pendant la tempête. Toutes les communes de l’archipel ont ouvert des centres d’accueil d’urgence. Au total, 79 endroits sont prêts à accueillir les gens qui auraient besoin d’un abri.

L’aéroport est fermé depuis 18h locales (15h TU), selon le ministre français des Outre-mers Manuel Vals, après l’arrêt dans la journée des ferrys.

« Nous devons nous préparer à cet événement qui va commencer dans la nuit, plutôt en fin de nuit, et qui va continuer pendant une bonne partie de la matinée, voire de la journée de demain dimanche », a déclaré le préfet.

La tempête devrait atteindre la côte nord-est de Madagascar en début de soirée puis suivre le canal de Mozambique dans la nuit de samedi à dimanche. Cela avant de circuler au large du sud de Mayotte dans la journée de dimanche, selon les prévisions de Météo-France.

« Une nette dégradation des conditions météorologiques venteuses, mais surtout pluvieuses est attendue à partir de la fin de nuit prochaine », a mis en garde Météo-France.

Cyclone à moins de 110 km des côtes de Mayotte

Le préfet a précisé que le nouveau cyclone devrait, selon les prévisions, passer à moins de 110 km des côtes sud de l’archipel. « On a même des systèmes qui nous disent 75 km », a-t-il souligné.

« Rien n’est laissé au hasard », a insisté Manuel Valls auprès de l’AFP, en évoquant des « pluies fortes et continues » attendues et des vents pouvant souffler jusqu’à 110 km/h. Au total, « plus de 4 000 personnels sont mobilisés, dont 1 500 en renfort de la Sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et de l’armée », a précisé le ministère de l’Intérieur.

Des messages en français mais aussi en shimaoré et en kibushi, deux langues régionales, ont été diffusés à la radio et télévision pour alerter la population. « Le relais religieux a été utilisé avec les prières de vendredi », ainsi que les réseaux sociaux, a ajouté M. Valls.

« Des habitats de fortune ont été reconstruits, mais d’une façon encore plus fragile »

Dans la capitale mahoraise, Camelia Petre a expliqué à l’AFP qu’elle sera a priori à l’abri dans sa maison qui « a tenu lors de Chido ». L’habitante de 35 ans « hébergera des amis et des collègues qui eux ont perdu leur maison », mais se fait du « souci pour la population précarisée ».

« Les habitats de fortune ont été reconstruits, mais d’une façon encore plus fragile, donc le vent, qui risque de (…) transformer (les matériaux) en projectiles, et la pluie et la boue qui vont s’écouler, c’est un vrai danger ! », s’inquiète cette professionnelle de l’aménagement urbain.

« On est encore noyé dans la gestion de crise » du cyclone Chido

L’entrée en vigueur de cette alerte orange survient moins d’un mois après le passage du cyclone Chido, le plus dévastateur qu’ait connu le petit archipel de l’océan Indien en 90 ans. « On est encore noyé dans la gestion de crise du premier cyclone », affirme David Georgette, 31 ans.

Le préfet a demandé aux maires de rouvrir les centres d’hébergement (écoles, équipements municipaux, gymnases, etc.) qui avaient pu accueillir quelque « 15 000 personnes » lors du précédent épisode cyclonique. Au moins 71 étaient déjà prêts à accueillir du public en milieu de journée selon le ministère des Outre-mer Manuel Valls.

Les éventuelles coulées de boue constituent « des risques importants », a souligné le préfet. « Chido était un cyclone sec, on a eu très peu de pluie. Cette tempête tropicale est un événement humide, on va avoir beaucoup de pluie (…) sur un sol déjà fragilisé. »

Chido a causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, faisant au moins 39 morts et plus de 5 600 blessés, détruisant de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101ème département français. Les autorités croient toutefois que le bilan est très largement sous-estimé.

Mayotte compte officiellement 320 000 habitants, mais pourrait en réalité abriter « 100 000 à 200 000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale », selon une source proche des autorités.

Les cyclones se développent habituellement dans l’océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface sont proches de 30 °C dans la zone, ce qui fournit plus d’énergie aux tempêtes. Ce phénomène de réchauffement climatique a également été observé cet automne dans l’Atlantique nord et le Pacifique.

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