RFI 🔵 CES de Las Vegas: «Pour l’automobiliste, l’IA va tout changer»
Cette annĂ©e, la prĂ©sence de l’automobile Ă©tait plus discrète que les prĂ©cĂ©dentes au salon de l’électronique de Las Vegas, qui vient de refermer ses portes. MalgrĂ© tout, l’immense stand dĂ©diĂ© Ă la mobilitĂ© a dĂ©voilĂ© les orientations futures de cette industrie, notamment dans le secteur agricole ou urbain, oĂą l’IA pourrait encore une fois changer la donne. Explications avec Laurence NoĂ«l, experte automobile pour Capgemini.
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De notre envoyé spécial à Las Vegas,
RFI : Qu’est venu faire Capgemini Ă Las Vegas ?
Laurence NoĂ«l : Capgemini vient au CES parce qu’on est une entreprise de conseil et de services et nos clients sont dans tous les secteurs. Je reprĂ©sente l’automobile et ce salon est important, mĂŞme s’il y a de moins en moins de constructeurs. Ils sont moins visibles qu’ils ont pu l’ĂŞtre les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, mais ils sont lĂ quand mĂŞme dans les couloirs du salon et avec tout l’Ă©cosystème qui va avec.
Il n’y avait en effet pas du tout d’automobile, il y a plus de 10 ans. Tesla, avec ses vĂ©hicules Ă©lectriques, a montrĂ© le chemin…
Mon premier CES, c’Ă©tait il y a 10 ans. Et tout le secteur automobile s’est alors jetĂ© [sur ce rendez-vous]. Pourquoi ? Parce que tous les nouveaux arrivants s’affichaient lĂ . D’ailleurs, il y a des marques qui ont disparu, comme Faraday. Le CES Ă©tait un peu « the new place to be », l’endroit oĂą il faut ĂŞtre, pour les constructeurs automobiles. Si on ne voulait pas passer pour un constructeur ringard, il fallait montrer sa tĂŞte au CES.
Et ça reste pertinent, aujourd’hui, d’y ĂŞtre encore ?
Cette annĂ©e, il y a aussi le salon de DĂ©troit qui dĂ©marre en mĂŞme temps, et on est lĂ sur de l’automobile pure. Ă€ Vegas, on n’est plus sur un contenu technologique, et j’ai trouvĂ© qu’on Ă©tait, comme il y a moins de constructeurs, beaucoup plus sur les sous-jacents, sur toute la technologie sur laquelle va s’appuyer la machine.
Qu’est-ce que vous avez vu cette annĂ©e ?
Les sujets forts, c’est tout ce qui est AI, Gen AI, AI Agent [agents et outils de gĂ©nĂ©ration basĂ©s sur l’IA], qui ne sont pas forcĂ©ment dans le produit. Tout tourne autour du software, avec tout ce qui a trait Ă l’autonomie. On voit bien aussi qu’il y a un gros dĂ©veloppement sur la partie off-road, comme l’agriculture… LĂ , on est vraiment sur de l’outil de travail et on voit vraiment des progrès. Il y a d’ailleurs un vrai sujet : ça coĂ»te, mais c’est rentable tout de suite, ce qui est moins le cas dans la partie automobile.
Et Amazon n’a pas voulu rester en marge de cette rĂ©volution…
AWS [la division cloud du gĂ©ant amĂ©ricain], en tout cas, a une grosse prĂ©sence dans la voiture, puisque c’est quand mĂŞme eux qui, en termes de cloud, doivent avoir la plus grosse part de marchĂ©. Ils font aussi une partie de computing. De toute façon, tout est numĂ©risĂ©, tout est connectĂ© et tout le monde a besoin d’un cloud. On est en train d’effacer les frontières entre le physique et ce qu’on appelait avant l’IT…
Comment ça se présente à un salon, un constructeur automobile ?
Il y en a qui ont Ă©tĂ© très forts pour partager une vision très holistique de la voiture, oĂą elle devient presque le compagnon de l’humain… et puis, dans les faits, ils n’ont pas rĂ©alisĂ© grand-chose. Pour d’autres, il y a plus une phase prototype, ou en tout cas quelque chose qui va sortir dans deux ans, trois ans : Honda est encore prĂ©sent sur le concept, avec Zeekr, on est sur un produit qui est quand mĂŞme assez abouti. Donc ça dĂ©pend vraiment de qui prĂ©sente quoi.
Vous êtes très stimulée par ce qui se passe du côté des start-up ?
Je pense que c’est lĂ oĂą on voit les tendances. Sur la santĂ©, par exemple, il y a des applications, de l’ordre de la surveillance : soit de l’attention, soit de la santĂ© du conducteur, soit de son Ă©ventuel Ă©tat d’Ă©briĂ©tĂ©. Tout cela concerne la sĂ©curitĂ© au global dans le vĂ©hicule. On voit bien qu’il y a quand mĂŞme des sujets qui sont trans-industrie, puisque le « check-in » non-invasif mĂ©dical ou de l’attention du conducteur dans le vĂ©hicule, ce sont Ă peu près les mĂŞmes technologies.
L’IA donc, mais qu’est-ce que ça peut changer pour un conducteur ?
Ah, mais ça va tout changer ! Il y a 10 ans, on Ă©tait excitĂ©s comme des puces parce qu’on se disait : « C’est gĂ©nial, on est en train de faire le vĂ©hicule connectĂ©, on va collecter tout un tas de donnĂ©es, on va tout savoir de nos conducteurs, ça va nous permettre de leur proposer des services. » Mais non, en fait, c’est compliquĂ© la data, il faut ĂŞtre capable de la collecter, il faut la nettoyer, il faut la labelliser.
Et ensuite, il faut savoir l’exploiter en temps rĂ©el. C’est très difficile, on ne va pas mettre 10 000 personnes pour faire ça. Et c’est ça que l’IA va faire, aller très vite pour utiliser les donnĂ©es.
Alors après, il faut faire confiance Ă son moteur d’IA, etc… Mais ça permet d’aller plus vite, de brasser plein d’informations en mĂŞme temps et d’offrir ce qu’on a peinĂ© Ă faire pendant 10 ans. Pour moi, ça va tout changer, et ce, dans n’importe quel produit de mobilitĂ© !