OUEST-FRANCE 🔵 Grève des dockers aux États-Unis : près de 40 ports bloqués un mois avant la présidentielle
C’est une première en près de 50 ans. Les dockers de grands ports de la côte est et du Sud des États-Unis ont entamé un mouvement de grève massif, après l’échec des négociations entre leur syndicat et l’Alliance maritime des États-Unis (USMX), qui représente les employeurs de 36 ports américains, rapporte l’AFP.
Les dockers ont débrayé mardi 1er octobre 2024 à l’expiration de leur accord social de six ans. « Nous sommes prêts à nous battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève le temps qu’il faudra, pour obtenir les salaires et protections que nos adhérents méritent », a prévenu Harold Daggett, patron du syndicat qui compte 85 000 adhérents, dans un communiqué.
Augmentation des salaires
Les deux parties s’affrontent sur les augmentations de salaire et l’utilisation d’équipements technologiques automatisés, qui, selon le syndicat de dockers, pourraient mettre en péril leurs emplois. Outre une revalorisation conséquente des salaires, l’ILA réclame le gel de toute automatisation des ports.
L’USMX a défendu son offre mardi, rappelant qu’elle incluait une hausse salariale de « près de 50 % ». D’après des médias américains, le syndicat réclamait 77 % initialement, rapporte l’AFP. « Nous avons démontré notre engagement à effectuer notre part pour mettre un terme à la grève de l’ILA qui était totalement évitable », a assuré l’Alliance.
Mais le syndicat a répliqué dans la soirée, affirmant que l’USMX « déformait les faits et trompait le public » et détaillant les conditions de travail des dockers.
Le contrat social concerne 25 000 adhérents, travaillant dans les terminaux de conteneurs et d’import-export de véhicules de 14 grands ports, dont Boston, New York, Philadelphie, Baltimore, Savannah, Miami, Tampa, Houston, précise l’AFP.
Le syndicat affirme que 45 000 membres travaillant dans les 36 ports de l’USMX font grève, la première d’ampleur sur la côte américaine depuis 1977.
Près de 40 ports bloqués
Le syndicat avait prévenu dimanche que tous ses membres allaient tenir des piquets de grève dès mardi 00 h 01, « rejoints en solidarité par des dockers et des travailleurs maritimes dans le monde entier ».
Il affirme que 45 000 membres travaillant dans les 36 ports de l’USMX font grève, la première d’ampleur sur la côte américaine depuis 1977.
Le transport d’hydrocarbures et de produits agricoles, ou encore les croisières ne devraient néanmoins être que très faiblement, voire pas du tout, affectés.
Des importateurs et exportateurs avaient toutefois pris les devants en expédiant leurs produits à l’avance. D’autres ont opté pour un déchargement sur la côte Ouest, plus coûteux en temps et en argent depuis l’Europe.
Mais les ports de la côte Ouest, couverts par un accord social distinct conclu en 2023 qui leur interdit de faire grève, pourraient perturber les activités par solidarité et ils disposent de peu de capacités disponibles.
Oxford Economics estime que chaque semaine de grève amputerait le PIB américain de 4,5 à 7,5 milliards de dollars.
Selon le cabinet Anderson Economic Group (AEG), la première semaine de débrayage devrait coûter 2,1 milliards de dollars, dont 1,5 milliard en marchandises perdues (comme des denrées périssables).
Joe Biden soutient les dockers
Ce mouvement de grève survient à près d’un mois de l’élection américaine. Joe Biden a « exhorté » mardi l’USMX « à présenter une offre équitable aux travailleurs », pour éteindre une grève aux conséquences économiques potentiellement très importantes.
« Les transporteurs maritimes ont réalisé des bénéfices record depuis la pandémie », a-t-il relevé, soulignant que dirigeants et actionnaires en avaient bénéficié. Selon lui, « il n’est que justice que les travailleurs, qui ont pris des risques pendant la pandémie pour maintenir les ports ouverts, voient également leur salaire augmenter de manière significative ».
Le prĂ©sident a Ă©cartĂ© l’activation de la loi Taft-Hartley – dĂ©jĂ utilisĂ©e pour des grèves de l’ILA -, permettant d’imposer un moratoire de 80 jours.
« Il est temps que l’USMX négocie un accord juste avec les dockers qui reflète leur contribution importante à notre reprise économique », a aussi commenté la porte-parole de la Maison Blanche.
L’ex-président Donald Trump, qui brigue un nouveau mandat, a estimé à Milwaukee que Joe Biden « aurait dû travailler à un accord entre eux » et a relevé que les dockers représentaient « la force vive » du pays. « Ils ont été très touchés par l’inflation », a-t-il ajouté.