OUEST-FRANCE 🔵 ENTRETIEN. Pour Thierry Breton, les géants d’Internet manipulent le concept de liberté de parole
DMA, DSA, Data Act… Ces acronymes sont autant de textes européens validés durant les cinq années de Thierry Breton à la Commission. Bon connaisseur du secteur, il a beaucoup échangé avec Elon Musk, le patron de X, ou Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook) pour faire valoir le droit européen. C’est à la Commission européenne à présent de veiller à son application, estime l’ancien PDG d’Athos.
Les interventions d’Elon Musk dans le débat politique européen, en soutien de l’extrême droite en Allemagne et au Royaume-Uni, constituent-elles des ingérences américaines ? Êtes-vous inquiet ?
Elon Musk est un citoyen américain. Il a le droit, comme tout un chacun, d’exprimer des opinions. Quand il parle, il ne parle en l’occurrence qu’en son nom puisqu’à ce jour, il n’est membre d’aucun gouvernement. Nous verrons ce qu’il en sera après le 20 janvier, date de l’investiture effective de Donald Trump. Les prises de position d’Elon Musk ne sont donc pas à proprement parler des ingérences. Dans la forme, elles peuvent évidemment être choquantes pour certains, voire pour beaucoup, car très irrespectueuses envers des chefs d’État et de gouvernement européens qui ont été élus démocratiquement.
Mais pose-t-il un problème juridique ?
Sur le plan du droit, il est impératif, dès lors qu’il souhaite utiliser une plateforme régulée par notre DSA (règlement européen sur les services numériques), que cette plateforme respecte nos règles en Europe. Qu’il en soit propriétaire ou pas.
Les défenseurs d’Elon Musk ou de Mark Zuckerberg crient à la censure dès qu’on parle régulation. Que leur dites-vous ?
Je leur rĂ©ponds que l’Europe s’est dotĂ©e d’une loi sur les services numĂ©riques, le DSA, qui a Ă©tĂ© votĂ©e Ă une large majoritĂ© par le Parlement europĂ©en et adoptĂ©e, Ă l’unanimitĂ©, par le Conseil europĂ©en. C’est une loi europĂ©enne au service de notre dĂ©mocratie europĂ©enne. Et,…