LE MONDE 🔵 Sur « l’activisme violent » en France, un rapport parlementaire tente de faire la synthèse

Des manifestations écologistes à la recrudescence des groupuscules d’ultradroite, en passant par le mouvement des « gilets jaunes », « l’activisme violent » représente un champ de réflexion large, auquel s’est attaquée une mission d’information parlementaire, menée, au sein de la commission des lois de l’Assemblée nationale, par les députés Jérémie Iordanoff (Europe Ecologie-Les Verts, Isère) et Eric Poulliat (Renaissance, Gironde). Au terme de nombreuses auditions, incluant élus locaux, chercheurs, responsables policiers, avocats ou intellectuels, les deux corapporteurs doivent présenter, mardi 21 novembre, lors d’une conférence de presse, les conclusions, parfois divergentes, de leurs travaux.
« Nous avons eu de larges dissensions », reconnaît Jérémie Iordanoff, qui dit avoir voulu « éviter une lecture disant juste que la violence, ce n’est pas bien », mais entendre « les raisons du passage à l’acte ». Pour Eric Poulliat, au contraire, « il n’y a pas de violence légitime ». Reste que la plupart des pistes avancées par le rapport relèvent du répressif, alourdissant des peines existantes ou créant de nouveaux délits.
Excluant le terrorisme de leur champ de réflexion, les rapporteurs s’inspirent ouvertement de l’ouvrage Violences politiques en France, d’Isabelle Sommier, François Audigier et Xavier Crettiez (Les Presses de Sciences Po, 2021), pour définir cinq « familles » d’activisme violent : confessionnel, professionnel, séparatiste, sociétal et idéologique. Parmi ces catégories, ils estiment que la mouvance idéologique d’ultradroite reste la « menace la plus directe » – selon M. Iordanoff – à l’heure actuelle, en termes d’atteintes aux personnes. M. Poulliat note cependant que l’activisme écologiste pourrait à terme représenter, lui aussi, des risques de troubles accrus.
L’une des pistes avancées par le rapport est la création d’une procédure « de suspension temporaire des activités d’une association ou d’un groupement violent », « solution intermédiaire » avant la dissolution administrative, selon M. Poulliat, sur le modèle de ce qui existe déjà pour les groupes de supporteurs de football. L’approche semble répondre à des cas comme celui du collectif écologiste des Soulèvements de la Terre, dont la dissolution a été annulée par le Conseil d’Etat, le 9 novembre.
« Militarisation »
Sur le plan des réponses opérationnelles à apporter à une « violence globalement moindre que par le passé », mais parfois revendiquée comme un objectif à part entière par certains manifestants, les rapporteurs dénoncent une « influence croissante des représentations issues de la police antiémeutes sur le maintien de l’ordre » et une « militarisation » dont les aspects les plus visibles tiennent à l’usage d’un arsenal offensif qui contribue « à véhiculer, via les médias, une image dégradée des forces de l’ordre ».
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