LE MONDE 🔵 Royaume-Uni, Italie, Grèce… les leçons de l’austĂ©ritĂ© en Europe – Shango Media
General-FRNews-FRONT-FR

LE MONDE 🔵 Royaume-Uni, Italie, Grèce… les leçons de l’austérité en Europe

Lors d’une manifestation de syndicats rĂ©clamant le financement d’urgence du National Health Service (NHS), le système public de santĂ© britannique, Ă  Londres, le 11 mars 2023.

« La vĂ©ritable Ă©pĂ©e de Damoclès, c’est notre dette financière colossale, 3 228 milliards, qui, si l’on n’y prend garde, placera notre pays au bord du prĂ©cipice. Â» Le premier ministre, Michel Barnier, a choisi de consacrer la première partie de son discours de politique gĂ©nĂ©rale, mardi 1er octobre, Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©duire le dĂ©ficit public pour le ramener de 6 % du produit intĂ©rieur brut (PIB) en 2024 Ă  5 % en 2025, avant de revenir Ă  3 % d’ici Ă  2029.

Le chef du gouvernement a affirmé que les économies viendraient pour deux tiers d’une baisse des dépenses – tout en restant flou sur le détail – et pour un tiers d’une hausse des impôts. Ces dernières années, beaucoup d’autres pays européens ont traversé des périodes d’austérité, offrant des leçons instructives quant aux risques de cette politique et de sa possible casse sociale – comme en Grèce ou en Espagne –, mais aussi sur les dangers d’une dérive des finances publiques si elles ne sont pas maîtrisées – comme en Italie.

CĂ©line Antonin est une Ă©conomiste Ă  l’Observatoire français des conjonctures Ă©conomiques (OFCE) qui a tour Ă  tour Ă©tudiĂ© la Grèce, l’Italie et l’Allemagne : un pays qui a fait faillite, un autre qui a accumulĂ© une dette dans les annĂ©es 1980 qui le grève aujourd’hui encore et un troisième qui Ă©vite les dĂ©penses publiques mĂŞme quand il pourrait dĂ©penser. De ces trois erreurs diffĂ©rentes, une conclusion tout en nuances s’impose : l’approche budgĂ©taire dĂ©pend de la conjoncture. « Il faut Ă©viter de faire des coupes en pleine rĂ©cession, une faute qu’on a faite pendant la crise de la zone euro Â», explique-t-elle. Inversement, la France enregistre un dĂ©ficit de 6 % du PIB, alors mĂŞme que la croissance tourne autour de 1 % et que le chĂ´mage a reculĂ©, ce qui, selon elle, justifie un effort budgĂ©taire.

En France, près de 30 milliards d’euros Ă  trouver en 2025

En annonçant un effort budgĂ©taire Ă©valuĂ© Ă  près de 30 milliards d’euros [et mĂŞme 40 milliards selon les chiffres prĂ©sentĂ©s mercredi 2 octobre], le gouvernement français n’amorce pas une austĂ©ritĂ© similaire Ă  ce qui a Ă©tĂ© mis en place ailleurs en Europe lors de la crise de la zone euro. « On parle de quelque chose autour de 1 % du PIB. Ça n’a rien Ă  voir avec ce qui a Ă©tĂ© fait dans les pays pĂ©riphĂ©riques Â», souligne Gilles MoĂ«c, Ă©conomiste en chef Ă  Axa.

Le cas le plus extrĂŞme Ă©tait celui de la Grèce, qui a rĂ©duit son dĂ©ficit structurel (hors des effets conjoncturels) de 13 % du PIB en 2009 Ă  2,7 % en 2011. « La consolidation Ă©tait de 10 points de PIB, c’était monstrueux Â», poursuit M. MoĂ«c. De mĂŞme, l’effort a Ă©tĂ© extrĂŞme en Espagne, avec 4 points de PIB en moins entre 2011 et 2012, et 8 points Ă©talĂ©s sur quatre ans. Quant au gouvernement arrivĂ© au pouvoir en 2010 au Royaume-Uni, il a organisĂ© des coupes un peu plus graduelles, mais très dures en cumulĂ© : 4,8 points de dĂ©ficit structurel en moins de quatre ans.

Il vous reste 74.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Bouton retour en haut de la page
Fermer