LE MONDE 🔵 « Nous, présidentes et présidents d’université, appelons à la mise en place d’une allocation d’études pour tous les étudiants »

Dans le contexte de cette rentrée universitaire marquée par une forte augmentation du coût de la vie et par l’annonce du gouvernement d’une prochaine refonte du système de bourses, il est impératif de s’interroger sur la responsabilité de la société vis-à -vis de la jeunesse et, en particulier, des étudiantes et étudiants.
Quels investissements devons-nous réaliser pour permettre à notre jeunesse d’étudier dans la dignité, d’être en situation non seulement d’apprendre et de se former, mais également d’inventer, de créer et de s’engager ?
Nous, présidentes et présidents d’université, appelons à une réforme structurelle d’envergure des bourses avec pour objectif la mise en place d’une allocation d’études pour toutes les étudiantes et tous les étudiants, à l’instar de ce qui se pratique dans d’autres pays d’Europe.
Les enquêtes sur les conditions de vie des étudiants de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) mettent régulièrement en lumière leur précarité économique. La dernière en date, publiée en 2020, rapporte que 26 % des étudiants interrogés déclarent vivre de manière précaire et que 56 % disent rencontrer des difficultés financières au point de réduire leur alimentation, quand 38 % peinent à payer leur loyer. Selon l’enquête « La mesure de la précarité étudiante à travers les enquêtes “conditions de vie des étudiants” » (OVE, 2020), issue des travaux de Feres Belghith, directeur de l’équipe de recherche de l’OVE, 27,1 % des étudiants vivraient sous le seuil de pauvreté (correspondant à 60 % du niveau de vie médian des étudiants, soit 454 euros). Aujourd’hui ? en France, la population étudiante est davantage touchée par la précarité que la population générale.
Réduire les inégalités
Ni les bourses sur critères sociaux, qui concernent environ 750 000 étudiants (dont un tiers à l’échelon 0, soit environ 1 000 euros par an), ni les aides exceptionnelles débloquées fin 2022 par le gouvernement pour soutenir les associations qui agissent en faveur des étudiants les plus précaires ne suffisent à juguler la pauvreté étudiante ou à permettre un accès du plus grand nombre à l’enseignement supérieur.
Pierre angulaire des universités, l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur est une quête inachevée en France. L’accès aux études supérieures des jeunes issus de famille modeste reste très limité. Selon l’enquête OVE de 2020, les étudiants dont les parents gagnent moins de 1 000 euros par mois représentent 6,6 % des inscrits, dans l’enseignement supérieur, interrogés et ayant renseigné un revenu pour les deux parents.
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