LE MONDE 🔵 « Les Cowboys », sur France 4 : François Damiens, un père face au djihad, sous la bonne Ă©toile du western – Shango Media
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LE MONDE 🔵 « Les Cowboys », sur France 4 : François Damiens, un père face au djihad, sous la bonne étoile du western

Alain (François Damiens) dans « Les Cowboys Â» (2015), de Thomas Bidegain.

Ça commence comme dans le Far West, dans une verte prairie ensoleillée, avec des cow-boys, des chevaux, du rodéo, de la country, des filles qui dansent et qui sourient. Mais on est quelque part dans une France enclavée par les montagnes, au début des années 1990, dans un rassemblement d’amateurs du mythe américain des origines.

Partant de la nostalgie pour un modèle disparu, l’action se déplace, comme logiquement, vers la disparition brutale d’un personnage. Alain (François Damiens) et sa femme, Nicole (Agathe Dronne), ne trouvent plus leur fille, Kelly, une adolescente que le spectateur a vue danser avec son père quelques secondes plus tôt. Ce dernier va passer le reste de son existence à la rechercher de par le vaste monde, y sacrifiant sa vie en même temps que la jeunesse de son fils, Kid, qu’il entraîne avec lui.

Tel est l’acte inaugural du premier long-mĂ©trage de Thomas Bidegain, qui sera, par voie de consĂ©quence, un film de quĂŞte. QuĂŞte de la jeune fille, quĂŞte d’une intĂ©gritĂ© familiale perdue et d’une identitĂ© dĂ©sormais compromise : Kelly s’est enfuie, de son plein grĂ©, avec un jeune islamiste nommĂ© Ahmed, engagĂ© sur la voie du djihad international.

Un contre-emploi risqué

Sur un pĂ©riple d’une quinzaine d’annĂ©es, Les Cowboys se dĂ©ploie, non sans ellipses, en deux parties. La première est dĂ©volue au père. Avec un François Damiens dans un contre-emploi pour le moins risquĂ©, esthĂ©tiquement et politiquement, qui semble vouloir tendre vers le Charles Bronson d’Un justicier dans la ville. C’est le temps de la colère, de la confrontation brutale, du choc des cultures et des civilisations.

La seconde partie, donnée du point de vue d’un fils qui conquiert enfin son statut de personnage, emmène le récit du côté de la rédemption et de la parabole, progressant, au risque de l’invraisemblance, selon la loi du romanesque le plus échevelé. On y découvre le Pakistan comme une plaine du Far West, l’irruption de l’acteur américain John C. Reilly en payeur de rançons et chasseur de primes providentiel, et aussi un échange symbolique de femmes qui rompt le cycle de la vengeance et prend acte de l’hétérogénéité du monde…

Tout cela filmĂ© en scope, sous les signes du picaresque, de l’exotisme et de l’aventure. Soit un rĂ©cit sur l’impuretĂ© du monde contemporain, avec un Occident dĂ©sormais entamĂ© dans son intĂ©gritĂ© et dans sa chair, narrĂ© sous la bonne Ă©toile du western. En l’espèce, le plus grand d’entre tous : La Prisonnière du dĂ©sert (1956), de John Ford, dans lequel John Wayne incarne un soldat sudiste de retour de la guerre de SĂ©cession, qui se lance dans une longue quĂŞte pour retrouver sa nièce, enlevĂ©e par les Comanches.

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