LE MONDE 🔵 Les cours criminelles dĂ©partementales au cĹ“ur de deux questions prioritaires de constitutionnalitĂ© – Shango Media
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LE MONDE 🔵 Les cours criminelles départementales au cœur de deux questions prioritaires de constitutionnalité

La cour d’assises de Lyon, en dĂ©cembre 2020.

Les opposants Ă  l’instauration des cours criminelles dĂ©partementales (CCD) ne dĂ©sarment pas et choisissent le terrain du droit pour contre-attaquer. La Cour de cassation examinera, mercredi 20 septembre, deux questions prioritaires de constitutionnalitĂ© (QPC) qui soulèvent des arguments similaires concernant les CCD. L’une a Ă©tĂ© soulevĂ©e par Mes Antoine Ory et MaĂŻa Kantor et sera plaidĂ©e par Me David Gaschignard. L’autre a Ă©tĂ© amenĂ©e par Me Jean-François Barre et sera soutenue par Me HĂ©lène Farge. La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire joue ici le rĂ´le de filtre en dĂ©cidant de la recevabilitĂ© ou non de la question posĂ©e avant de la transmettre, Ă©ventuellement, au Conseil constitutionnel.

Encore peu connues du grand public, les CCD sont des juridictions d’un nouveau genre. Elles ont Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©es le 1er janvier, après une phase d’expĂ©rimentation de trois ans dans quinze dĂ©partements. Elles se diffĂ©rencient des cours d’assises par l’absence de jury populaire : elles sont composĂ©es de cinq magistrats professionnels, quand les assises en comptent trois, plus les six jurĂ©s tirĂ©s au sort. Les CCD sont compĂ©tentes pour juger les crimes punis de quinze ou vingt ans de prison, soit essentiellement des viols.

Pour ses dĂ©tracteurs, cette nouveautĂ©, qui vise notamment Ă  dĂ©sengorger les assises et Ă  rendre des dĂ©cisions plus rapidement, contrevient Ă  de nombreux principes de droit. Ce sont ces derniers que Benjamin Fiorini, maĂ®tre de confĂ©rences en droit privĂ© et sciences criminelles Ă  l’universitĂ© Paris-VIII et l’un des opposants les plus actifs aux CCD, a relevĂ©s dans un article de doctrine au dĂ©but de l’étĂ©. De leur cĂ´tĂ©, les avocats ont travaillĂ© dans le mĂŞme sens, complĂ©tant le travail de M. Fiorini. C’est sur cette base argumentaire qu’ont Ă©tĂ© construites les QPC prĂ©sentĂ©es Ă  la Cour de cassation mercredi.

Ruptures d’égalité

Ainsi, Me Ory estime que les CCD mĂ©connaissent l’obligation d’oralitĂ© des dĂ©bats en matière criminelle. Pour l’avocat, cette garantie fondamentale des droits de la dĂ©fense est « foulĂ©e aux pieds Â» par les nouvelles dispositions. « C’est une garantie essentielle pour l’accusĂ©, qui est intĂ©gralement en mesure de se dĂ©fendre sur ce qui est Ă©voquĂ© oralement et contradictoirement Ă  l’audience. Aux assises, les jurĂ©s n’ont pas accès au dossier et la dĂ©cision se fait Ă  l’audience, explique l’avocat. Devant le tribunal correctionnel, ce n’est pas le cas. Les juges professionnels ont accès au dossier, on retrouve parfois des Ă©lĂ©ments qui n’ont pas Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s Ă  l’audience. C’est ce qu’il risque de se passer devant la CCD. Â» Et d’appuyer son raisonnement en citant l’article 380-19 du code de procĂ©dure pĂ©nale, qui dispose que « la cour criminelle dĂ©partementale dĂ©libère en Ă©tant en possession de l’entier dossier de la procĂ©dure Â».

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