LE MONDE 🔵 Haythem Guesmi, checheur tunisien : « KaĂŻs SaĂŻed est un nouveau dictateur, un nouveau Ben Ali » – Shango Media
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LE MONDE 🔵 Haythem Guesmi, checheur tunisien : « Kaïs Saïed est un nouveau dictateur, un nouveau Ben Ali »

A quelques semaines de la tenue de l’élection prĂ©sidentielle en Tunisie, le retour Ă  la dictature sous le rĂ©gime de l’actuel prĂ©sident, KaĂŻs SaĂŻed, est de nouveau marquĂ© par la banalisation de la rĂ©pression policière envers les opposants et militants politiques et le maintien en dĂ©tention arbitraire des figures de l’opposition, comme Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abir Moussi, pour des accusations infondĂ©es de « complot Â» contre l’Etat.

Les journalistes, les avocats et les membres d’organisations non gouvernementales en Tunisie, autrefois symboles de l’esprit révolutionnaire de 2011, sont aujourd’hui muselés et menacés par des arrestations et des violentes campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux. Cette situation engendre un retour de l’autocensure face à la crainte de harcèlement et des détentions arbitraires, réduisant au silence toute voix critique.

Evincer ou emprisonner au moins huit prĂ©tendants Ă  la prĂ©sidentielle du 6 octobre marque toutefois un tournant dangereux. Le simple fait d’exercer ses libertĂ©s dĂ©mocratiques et de participer au processus Ă©lectoral devient un acte risquĂ©, passible de peines de prison.

L’adoption des lois restrictives et les poursuites lĂ©gales abusives se sont ajoutĂ©es Ă  la surveillance accrue et aux intimidations rĂ©gulières pour faire rĂ©gner un climat de peur dans tout le pays. Selon [l’organisation de dĂ©fense des droits humains] Human Rights Watch, la rĂ©pression de l’opposition politique s’intensifie et la dĂ©rive autoritaire annihile la tenue d’élections libres et Ă©quitables.

Les institutions démocratiques contournées

La crainte d’un retour violent Ă  un rĂ©gime autoritaire, similaire Ă  celui de Zine El-Abidine Ben Ali (1936-2019), est bien rĂ©elle. Les parallèles entre les deux dirigeants sont de plus en plus Ă©vidents pour de nombreux Tunisiens et observateurs internationaux. La concentration du pouvoir entre les mains du prĂ©sident, les mesures rĂ©pressives contre l’opposition et les atteintes Ă  la libertĂ© de la presse dessinent les contours d’un rĂ©gime rĂ©pressif et l’ensauvagement de la dictature.

Pour Ă©valuer la gravitĂ© de la situation et la comparaison avec Ben Ali, il faut comprendre la feuille de route autoritaire que SaĂŻed a imposĂ©e depuis son arrivĂ©e au pouvoir en 2019 pour consolider son emprise sur le pays.

Après son coup d’Etat en juillet 2021, il a dissous le Parlement, invoquant des pouvoirs d’urgence, et a gouvernĂ© par dĂ©cret, ce qui lui a permis de contourner les institutions dĂ©mocratiques.

En 2022, KaĂŻs SaĂŻed a annoncĂ© la dissolution du Conseil supĂ©rieur de la magistrature, une dĂ©cision largement perçue comme une tentative de contrĂ´ler le pouvoir judiciaire. En juillet de la mĂŞme annĂ©e, un rĂ©fĂ©rendum controversĂ© a Ă©tĂ© organisĂ© pour approuver une nouvelle Constitution, octroyant des pouvoirs quasi illimitĂ©s au prĂ©sident.

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