LE MONDE 🔵 Gouttières, bagues, facettes ou la quête d’une dentition parfaite : « Je souris enfin pleinement ! »

En regardant les photos de ses dernières vacances entre amis à Ibiza, Yves (il n’a pas souhaité donner son nom de famille), 37 ans, a eu une révélation : il n’a plus peur de sourire. Jusqu’à présent, cet ingénieur et directeur associé chez un opérateur télécoms avait toujours gardé les lèvres closes face à l’objectif. La faute à un petit chevauchement sur la mâchoire du bas et à quelques espaces interdentaires qui donnaient un résultat « pas très gracieux » quand il dévoilait sa dentit. « Ma mère m’a toujours dit que c’était ma particularité et, pendant vingt-cinq ans, j’ai souri en gardant la bouche fermée, raconte le trentenaire parisien. J’aurais pu rester comme ça, car ce n’est pas très choquant, mais quand j’ai compris que je pouvais le corriger, je me suis dit que ce serait dommage de m’en priver. »

Quatre mois durant – d’avril à août 2024 – Yves a porté une gouttière transparente similaire à celle des boxeurs ou des rugbymans. Il n’avait le droit de la retirer que trois fois par jour pour s’alimenter. Un protocole qu’il a trouvé « pas très contraignant » même si, les deux premiers jours, il a senti que « ça tirait dans [sa] bouche ». Désormais libéré de ce morceau de plastique, il contemple les clichés de ses congés avec satisfaction. « Je ne passe pas mon temps à montrer mes dents, mais je sens que je souris pleinement, sans peur et avec confiance, commente-t-il. Et ça change tout. »

Les quenottes d’Yves sont loin d’être les seules à avoir subi un ravalement de façade. D’après un sondage Ipsos pour la Fédération française d’orthodontie (FFO) datant de 2023, 34 % des Français ont eu recours dans leur vie à une solution pour réaligner leurs dents. S’afficher avec des bagues métalliques quand on est adulte est désormais vu comme un signal positif, au point que certains en font même un ornement en se bricolant de fausses bagues (pratique dite des « fashion braces », absolument déconseillée).

Mais ces dernières années, ce sont surtout les aligneurs invisibles qui ont envahi les bouches françaises. « La technique a vu le jour à la fin des années 1990 aux Etats-Unis, retrace le docteur David Couchat, porte-parole de la FFO. En France, on la pratique depuis 2001 mais, au départ, elle était très décriée par les professionnels, car elle ne résorbait pas bien les décalages. Désormais très fiable, elle connaît un succès grandissant. » Selon un sondage Ipsos dévoilé en novembre 2023, 82 % des personnes interrogées ont déjà entendu parler des aligneurs dentaires et 42 % d’entre elles se disent intéressées par la technique (dans les faits, 34 % des 26 ans et plus y auraient eu recours).

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