LE MONDE 🔵 Dans les camps palestiniens au Liban, la guerre Ă  Gaza ravive les traumatismes – Shango Media
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LE MONDE 🔵 Dans les camps palestiniens au Liban, la guerre à Gaza ravive les traumatismes

Depuis l’exode forcĂ©, en 1948, de près de la moitiĂ© des Palestiniens, lors de la crĂ©ation de l’Etat d’IsraĂ«l, la vie de la famille de Maha Morra, originaire de la rĂ©gion d’HaĂŻfa, est un long rĂ©cit de dĂ©possession et de dispersion. Le spectre de la mort violente continue de rĂ´der : une sĹ“ur de Maha, Cheikha, vit dans la bande de Gaza, sous les bombes israĂ©liennes. « Son fils Hani a Ă©tĂ© tuĂ© lors d’une frappe, alors qu’il cherchait de la nourriture pour ses enfants. Un autre, Mohammed, a pĂ©ri lors d’un prĂ©cĂ©dent conflit. Ma sĹ“ur a dĂ» quitter sa maison de Khan Younès, en ruine. Elle est Ă©puisĂ©e, elle souffre psychologiquement Â», rapporte Maha, dans l’école maternelle oĂą elle est surveillante, Ă  Bourj Al-Barajneh, dans la banlieue de Beyrouth – l’un des douze camps de rĂ©fugiĂ©s palestiniens au Liban.

Maha Morra dans le jardin d’enfants oĂą elle travaille, dans le camp de Bourj Al-Barajneh, Ă  Beyrouth, le 27 mars 2024.

La guerre Ă  Gaza a, pour elle, une dimension intime. Le conflit ravive aussi les traumatismes : trois frères de Maha ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors de la guerre du Liban (1975-1990), et elle a connu les dĂ©placements, d’un camp Ă  un autre, au milieu de la destruction.

Cheikha, se souvient-elle, a quittĂ© Bourj Al-Barajneh, par amour, en 1982. Cette annĂ©e-lĂ , l’armĂ©e israĂ©lienne envahit le Liban. Quelque 12 000 hommes, pour la plupart combattants de l’Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP), sont contraints Ă  l’exil vers d’autres pays arabes avec leur chef, Yasser Arafat. Parmi eux figurent aussi des militants, comme Khodr Fayad, journaliste affiliĂ© au Fatah, originaire de Gaza, fiancĂ© de Cheikha. Au YĂ©men, le couple fonde une famille. En 1994, après les accords d’Oslo, Yasser Arafat entre Ă  Gaza. Dans son sillage, des membres du Fatah qui avaient Ă©tĂ© chassĂ©s du pays du Cèdre posent leurs valises dans l’enclave. Khodr et Cheikha en font partie.

Plus de 32 000 Palestiniens, en majoritĂ© des civils, ont Ă©tĂ© tuĂ©s depuis octobre 2023 Ă  Gaza. « Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir des proches lĂ -bas pour ĂŞtre rĂ©voltĂ© par la guerre d’anĂ©antissement que mène IsraĂ«l Â», dit Maha, qui n’a pas revu sa sĹ“ur depuis trente ans.

« Ils manquent de tout Â»

Dans le camp, portraits de Yasser Arafat et fanions du Fatah ou de l’OLP sont omniprĂ©sents. Mais, dĂ©sormais, dans la rue principale, abondent des affiches de figures du Hamas rival, comme Abou Obeida, porte-parole de la branche armĂ©e du mouvement islamiste. Dans les ruelles Ă©troites et misĂ©reuses, oĂą les lacis de fils Ă©lectriques cachent la vue du ciel entre les immeubles, le nom du Hamas est partout sur les murs, inscrit Ă  la peinture en bombe. « Tout le monde n’est pas devenu partisan du Hamas. Mais Abou Obeida nous a fait sentir que nous, Palestiniens, pouvions obtenir un Etat. Que la solution Ă  deux Etats soit enfin appliquĂ©e ! Mais IsraĂ«l n’en veut pas : avant [l’attaque du Hamas du] 7 octobre [2023], Gaza Ă©tait Ă©tranglĂ©e. En Cisjordanie, les exactions israĂ©liennes sont continuelles Â», s’insurge Maha.

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