LE MONDE 🔵 Crise des opioĂŻdes aux Etats-Unis : « La quatrième vague d’overdoses est sans prĂ©cĂ©dent » – Shango Media
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LE MONDE 🔵 Crise des opioïdes aux Etats-Unis : « La quatrième vague d’overdoses est sans précédent »

Pierres tombales en carton avec les noms de victimes d’opioĂŻdes Ă  l’extĂ©rieur du palais de justice, lors de la faillite de Purdue Pharma, accusĂ© d’avoir promu un mĂ©dicament antidouleur, Ă  New York, le 9 aoĂ»t 2021.

Les Etats-Unis s’enfoncent dans la crise des opioĂŻdes. Avec environ 120 000 morts par overdose prĂ©vues pour 2023, la vague promet d’atteindre un niveau inĂ©dit. Une « quatrième vague Â», en vĂ©ritĂ©, souligne l’épidĂ©miologiste Chelsea Shover, de l’universitĂ© de Californie Ă  Los Angeles (UCLA). Dans un article publiĂ© jeudi 14 septembre, avec son collègue Joseph Friedman, dans la revue Addiction, elle en analyse les particularitĂ©s.

Comment caractĂ©riser cette quatrième vague ?

Pardon pour cette Ă©vidence, mais elle vient après trois autres vagues. La première s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1990, alimentĂ©e par la surprescription et le mĂ©susage d’opioĂŻdes lĂ©gaux pour traiter des douleurs. A partir de 2010, on a vu une augmentation importante des dĂ©cès par surdose d’hĂ©roĂŻne chez des personnes jusqu’ici dĂ©pendantes aux mĂ©dicaments opiacĂ©s. Quelques annĂ©es plus tard, vers 2013, le fentanyl a commencĂ© Ă  prendre le contrĂ´le de l’offre de drogues illicites, avec, dans une grande partie des Etats-Unis, une nouvelle augmentation du nombre de dĂ©cès. Enfin, en 2015, nous avons commencĂ© Ă  observer que de plus en plus de dĂ©cès survenaient dans un contexte d’association de cet opioĂŻde de synthèse et d’autres substances, essentiellement des drogues dites stimulantes, cocaĂŻne et mĂ©tamphĂ©tamine. Celle que nous avons appelĂ©e la quatrième vague est sans prĂ©cĂ©dent : en 2015, on constatait environ cinquante mille overdoses mortelles. En 2022, les chiffres dĂ©passent les cent dix mille morts, et sans doute cent vingt mille en 2023.

Pourriez-vous nous rappeler comment cette crise a commencĂ© ?

Par une augmentation massive de la prescription d’opioĂŻdes pour soulager la douleur. Cette pratique a commencĂ© Ă  se rĂ©pandre dans les annĂ©es 1990 et au dĂ©but des annĂ©es 2000, pour atteindre son apogĂ©e dans la dĂ©cennie 2010. Il y a eu une prise de conscience, les autoritĂ©s sanitaires ont fait en sorte de limiter les prescriptions. Mais c’était trop tard. La population dĂ©pendante Ă©tait trop importante. Les forces du marchĂ© de l’hĂ©roĂŻne l’ont compris et la consommation s’est dĂ©placĂ©e.

Surconsommer des mĂ©dicaments lĂ©gaux ou se fournir en hĂ©roĂŻne, ce n’est pas la mĂŞme chose. Comment les usagers sont-ils passĂ©s de l’un Ă  l’autre ?

Pour de nombreux usagers, la surconsommation de mĂ©dicaments s’appuyait dĂ©jĂ  sur des circuits illĂ©gaux. Ils utilisaient des antalgiques que d’autres achetaient : la famille, les amis, mais aussi des personnes qui les revendaient sur un marchĂ© parallèle. L’hĂ©roĂŻne Ă©tait moins chère, et dans certains cas plus disponible, puisque les conditions de dĂ©livrance des ordonnances s’étaient durcies. Le passage de l’un Ă  l’autre, pour des personnes en situation de dĂ©pendance et souvent dĂ©sespĂ©rĂ©es d’assouvir leur besoin de drogue, s’est fait assez simplement.

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