LE MONDE 🔵 Ces secteurs qui redoutent un coup de rabot budgétaire
Le premier ministre, Michel Barnier, lors de son grand oral devant les députés, mardi 1er octobre, en a fait le remède numéro un du redressement de la France : la réduction de la dépense publique va devoir participer pour deux tiers à la baisse du déficit. Et c’est une quarantaine de milliards d’euros, selon les chiffres présentés, mercredi, par le gouvernement, qu’il va falloir retrancher en 2025 des budgets de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales. Or, une partie de ces fonds soutient, parfois généreusement, des pans entiers de l’économie privée…
Construction : plaidoyer pour défiscaliser encore
En deux ans, la construction des logements neufs s’est effondrée. Pour faire repartir la machine, la Fédération française du bâtiment et celle des promoteurs immobiliers demandaient un rétablissement d’un prêt à taux zéro « universel », alors qu’il était jusqu’ici restreint et encadré. Dans son discours de politique générale, M. Barnier y a répondu favorablement pour les primo-accédants. Mais, parce qu’il y a urgence, insistent-ils, les mêmes demandent un rétablissement du dispositif fiscal Pinel, dans sa version 2022, c’est-à -dire avant la mise en place de conditions plus drastiques pour bénéficier de cette mesure qui doit disparaître fin 2024. Les derniers gouvernements ont préféré concentrer leurs efforts en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments. Ce « chantier du siècle » est, pour le milieu de la construction, une promesse de croissance pour les décennies à venir. Cinq milliards d’euros ont été mis sur la table (MaPrimeRenov’), en 2023, à destination des particuliers. Mais le secteur craint un rabotage de ces aides, et un énième changement de règles.
Emploi Ă domicile : 8,8 milliards dans le viseur
En mars, un rapport sévère de la Cour des comptes a suggéré une refonte des mécanismes de soutien aux emplois à domicile, jugés très coûteux pour les finances publiques : 8,8 milliards d’euros en 2022, principalement des crédits d’impôt (+ 40 % en dix ans, tandis que le nombre d’heures stagnait). Pensés pour développer l’emploi des moins qualifiés et régulariser des heures non déclarées, ces dispositifs soutiennent des fonctions hétéroclites, certaines essentielles (garde d’enfants, aide aux personnes dépendantes), d’autres de confort (ménage, jardinage) et au service des 20 % de foyers aux revenus les plus élevés. « Je ne vois pas quel gouvernement pourrait remettre en cause ce système. Tout recul se traduirait par un retour du travail dissimulé », se rassure cependant Catherine Lopez, directrice générale de la Fédération des entreprises de services à la personne.
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