LE MONDE 🔵 A Goma, dans l’est de la RDC, la guerre si loin si proche – Shango Media
General-FRNews-FRONT-FR

LE MONDE 🔵 A Goma, dans l’est de la RDC, la guerre si loin si proche

Goma, dans l’est de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC), au bord du lac Kivu, le 21 octobre 2023.

Dans deux heures, la « petite barrière Â» marquant Ă  Goma la frontière entre la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC) et le Rwanda se fermera. Un flot ininterrompu de piĂ©tons slalome encore entre les flaques d’eau. Des ĂŞtres musculeux poussent des charrettes Ă  bras surchargĂ©es de sacs et de cartons amoncelĂ©s comme un dĂ©fi aux lois de la gravitĂ©. Ils viennent de Gisenyi, ville rwandaise jumelle de Goma. Shampoing ougandais, biscuits tanzaniens, lait rwandais, haricots du Kenya, chaussures chinoises et autres produits asiatiques dĂ©barquĂ©es au port de Mombasa sont dĂ©chargĂ©s des semi-remorques stationnĂ©s cĂ´tĂ© rwandais avant d’être convoyĂ©s Ă  la main par une armĂ©e de porteurs… Des tonnes de marchandises franchissent ainsi quotidiennement le point de passage, vĂ©ritable cordon ombilical alimentant les habitants de Goma ; irriguant la province du Nord-Kivu et bien au-delĂ , jusqu’à Lubumbashi, Ă  près de 2 000 km.

Ici, le pouls commercial entre les deux pays bat Ă  cent Ă  l’heure. Rien n’indique que le Rwanda et la RDC vivent la plus grave crise diplomatique et sĂ©curitaire que les deux pays ont connue depuis des annĂ©es. Dans cette ville, dont la population est estimĂ©e entre 1 et 2 millions d’habitants, rien ne fait penser Ă  la guerre, si ce n’est un horaire d’ouverture de la frontière un peu resserrĂ©. « La fermeture des postes de douane Ă  15 heures embĂŞte tout le monde, c’est officiellement pour des raisons de sĂ©curitĂ© mais ça ne sert Ă  rien Â», explique un businessman congolais en affaires avec le Rwanda voisin. Il espère un retour prochain Ă  la normale dans le cadre de l’allègement des dispositions liĂ©es Ă  l’état de siège dĂ©crĂ©tĂ© dans la province – et en Ituri voisine – depuis mai 2021.

A la sortie de la ville de Goma, l’immense camp de dĂ©placĂ©s de Rusayo, le 2 octobre 2023, abrite des milliers d’habitants ayant fui les attaques du Mouvement du 23 mars (M23) qui endeuillent Ă  nouveau l’est de la RDC depuis la fin de l’annĂ©e 2021.

« Sinon, les affaires marchent plutĂ´t bien, on s’approvisionne de l’autre cĂ´tĂ© de la frontière. A Gisenyi, on est comme chez nous, on a tous des amis ou de la famille lĂ -bas et avec un simple laissez-passer annuel on fait des allers-retours en permanence Â», explique Vanessa Mulaja. Ce soir en milieu de semaine, cette commerçante, propriĂ©taire d’un magasin de chaussures dans le quartier de BirĂ©rĂ©, retrouve ses amis au Saloon. Les murs de ce bar discothèque renvoient les images de dizaines d’écrans gĂ©ants. Les bouteilles de champagne Ă  150 dollars scintillent ostensiblement sur les tables d’un nombre non nĂ©gligeable de clients, dont certains iront ensuite s’encanailler, non loin de lĂ , chez Nthemba, sur de la rumba congolaise.

« Les gens vivent comme si de rien n’était Â»

Dans les rues, Ă  l’exception du passage Ă©pisodique de quelques camions de transport de troupes militaires, on ne dĂ©cèle aucun signe apparent que, Ă  une dizaine de kilomètres de lĂ , des combats sporadiques opposent depuis novembre 2021 les Forces armĂ©es congolaises (FARDC) au Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle soutenu par le Rwanda voisin, selon le rapport des experts des Nations unies. Ce conflit est aujourd’hui au cĹ“ur des tensions entre le prĂ©sident rwandais Paul KagamĂ© et son homologue congolais FĂ©lix Tshisekedi, qui n’est pas parvenu Ă  pacifier la rĂ©gion avant la prĂ©sidentielle du 20 dĂ©cembre. Le chef de l’Etat, candidat Ă  un second mandat, a reconnu qu’une partie des Ă©lecteurs de la province, qui compte le plus grand nombre de votants dans le pays après Kinshasa, ne pourront pas se rendre aux urnes. « Malheureusement, pour le Rutshuru et le Masisi, je ne crois pas que cela [le vote] pourra se faire. Mais qu’à cela ne tienne, nous allons continuer nos efforts pour libĂ©rer ces localitĂ©s et [y] ramener nos compatriotes Â», a-t-il dĂ©clarĂ©, vendredi 17 novembre, dans une interview Ă  RFI et France 24.

Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Bouton retour en haut de la page
Fermer