LE FIGARO 🔵 Meurtre de Thomas à Crépol : deux manifestations adverses font redouter des heurts
Une manifestation hommage au jeune tué d’un coup de couteau, organisée par «Justice pour les nôtres», et une contre-manifestation «anti-raciste» se tiennent à Romans-sur-Isère cet après-midi. Leur tenue avait été interdite par la préfecture, avant d’être autorisée par le tribunal administratif de Grenoble.
Envoyée spéciale à Romans-sur-Isère
Ce samedi 30 novembre, la ville de Romans-sur-Isère se prépare à une ambiance électrique dans l’après-midi. Une première manifestation hommage au jeune Thomas, tué d’un coup de couteau dans un bal d’hiver à Crépol il y a un an, organisée par le collectif d’ultra-droite «Justice pour les nôtres» se tiendra dès 15 heures place Ernest Gailly et sera statique. Initialement prévue deux jours avant la date anniversaire du meurtre de Thomas (le week-end du 16 novembre), elle avait été repoussée à la demande de l’association des victimes du bal de Crépol, qui avait expliqué que ni eux ni la famille de Thomas ne souhaitaient de récupération politique, selon les informations du Figaro. Dans un communiqué de presse, «Justice pour les nôtres» précise que la réunion de ce samedi rendra hommage à Thomas, mais aussi à son coéquipier Nicolas, mort dans une fusillade dans une discothèque en Ardèche au début du mois, ainsi que pour «toutes les victimes de l’immigration et de l’insécurité».
En parallèle, dès 14 heures, une autre manifestation sera lancĂ©e dans le quartier de la Monnaie, d’oĂą sont originaires la plupart des mis en examen dans le meurtre de Thomas. Cette rĂ©union est prĂ©sentĂ©e comme une «contre-manifestation» Ă celle du collectif d’ultra-droite. «Face Ă la rĂ©cupĂ©ration raciste, rĂ©sistons», Ă©crivent les organisateurs de cet Ă©vĂ©nement sur les rĂ©seaux sociaux. «La disparition tragique d’un adolescent a Ă©tĂ© très largement mĂ©diatisĂ©e et instrumentalisĂ©e par l’extrĂŞme droite. […] Nos villes et villages ne peuvent ĂŞtre le théâtre de ces manipulations, oĂą la haine tente de se nourrir du deuil.» Une manifestation soutenue par le «RĂ©seau insoumis antifasciste», sous la houlette de la France insoumise. Les autoritĂ©s craignent un risque d’affrontement entre les deux Ă©vĂ©nements.
Les deux lieux de rassemblement des manifestations qui s’opposent se trouvent Ă 30 minutes Ă pied l’un de l’autre. Des effectifs d’unitĂ© mobile sont ainsi attendus en renfort de ceux de la police municipale et nationale, prĂ©cise la prĂ©fecture de la DrĂ´me. Pour l’heure, RaphaĂ«l Ayma, le leader du rassemblement de «Justice pour les nĂ´tres», n’est pas en mesure de dire combien de participants sont attendus cet après-midi. Il prĂ©cise toutefois qu’il s’agit de personnes qui habitent la rĂ©gion – le collectif ayant massivement tractĂ© plusieurs semaines avant la manifestation – mais aussi «de gens qui viennent de loin».
Des manifestations initialement interdites
La tenue de la manifestation et de la contre-manifestation avait initialement été interdite par la préfecture, craignant des «troubles importants et des affrontements idéologiques à Romans-sur-Isère, Bourg-de-Péage, Crépol et Valence». Les deux rassemblements ont finalement été autorisés ce vendredi 29 novembre par le tribunal administratif de Grenoble qui avait été saisi en référé liberté par les organisateurs des rassemblements. Selon le tribunal, le préfet «n’allègue pas de la diffusion d’appels à commettre des actes de violence» et n’a pas réclamé de modification des itinéraires des rassemblements.
Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, a déclaré ce vendredi dans un communiqué prendre acte de la décision du tribunal administratif de Grenoble de suspendre l’arrêté du préfet de la Drôme. Elle tient à rappeler son «attachement à la liberté de manifester» mais demeure «particulièrement inquiète de la conjonction de ces deux manifestations le même jour sur un même territoire et des risques d’affrontements violents qui en découlent». L’édile demande solennellement à l’État de «tout mettre en œuvre pour encadrer au maximum ces manifestations et de déployer des moyens supplémentaires à ceux initialement prévus, pour garantir la sécurité des personnes et des biens».