LE FIGARO 🔵 Disneyland Paris : dans les coulisses du nouveau spectacle nocturne du parc, «Disney Tales of Magic»
EXCLUSIF – Projections vidĂ©o, feux d’artifice, drones… Le cĂ©lèbre parc d’attraction francilien peaufine actuellement sa nouvelle crĂ©ation, dopĂ©e aux effets spĂ©ciaux lumineux, qui sera jouĂ©e tous les soirs Ă partir du 10 janvier.
«Je crois que c’est le spectacle nocturne le plus immersif que nous ayons jamais créé à Disneyland Paris .» Tim Lutkin a des étoiles plein les yeux en parcourant Main Street, face au château de la Belle au Bois Dormant. Partout autour de lui, les façades s’illuminent et s’animent à l’aide de projections de mapping vidéo, les feux d’artifice détonnent et les fontaines dansent au rythme de la musique. En cette fraîche nuit de novembre, dans un parc vidé de ses visiteurs, le directeur créatif du spectacle fait les cent pas, de haut en bas de l’allée principale, scrutant le moindre détail. Et même s’il reste du travail avant la grande première prévue dans un mois et demi, il se satisfait de voir que son spectacle commence à prendre forme.
Effets pyrotechniques décuplés, projections étendues, figures en drones lumineux dans le ciel… Disney Tales of Magic, qui sera joué tous les soirs dans le parc d’attractions de Seine-et-Marne à partir du 10 janvier, promet de révolutionner le traditionnel spectacle nocturne offert en fin de journée aux visiteurs depuis 2012. Pendant 20 minutes, ils seront transportés dans l’univers des films d’animation Disney et Pixar, des grands classiques comme Pinocchio, Tarzan, Le Roi Lion, Peter Pan, Pocahontas, Lilo et Stitch, aux succès plus récents comme Vice-Versa , Coco, Encanto, Élémentaire ou encore, inévitablement, La Reine des Neiges. Un projet titanesque, qui aura nécessité un an et demi de travail et des dizaines de répétitions en pleine nuit. Le Figaro s’est glissé dans les coulisses de l’une d’elles.
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Des projections en mapping vidéo
Les nuits sont rarement calmes à Disneyland Paris. Sitôt les grilles refermées sur le dernier visiteur du jour, un ballet d’employés vêtus de gilets jaunes commence. Agents d’entretien, techniciens de maintenance et ouvriers sortent de l’ombre pour entretenir le parc et ses attractions. C’est aussi le seul moment où les équipes responsables des spectacles peuvent répéter à l’abri des regards indiscrets. «Des nuits de travail comme celle-ci, on doit en faire plus d’une soixantaine pour être prêts pour la première», estime Tim Lutkin. Avec parfois plusieurs filages par nuit.
Les différents effets doivent être assemblés progressivement, chacun nécessitant d’innombrables réglages. Rien que pour la pyrotechnie, «on en est à la sixième version», souffle Metin Cig, designer effets spéciaux et pyrotechniques. «À chaque test on filme, on regarde et on réécrit : à tel moment ça fait trop vide, là l’effet est inutile, ici ce n’est pas la bonne couleur… Et encore, la vidéo, eux, ils doivent en être à leur 35e version !»
Il y a d’abord la grande nouveauté de Disney Tales of Magic par rapport à ses deux prédécesseurs : les projections en mapping vidéo s’étalent désormais sur les façades de Main Street et ne sont plus cantonnées au seul château. «Vous n’aurez plus besoin d’être agglutinés sur la place centrale pour en profiter au maximum, et même les plus petits auront quelque chose à voir», s’enthousiasme Tim Lutkin. Des projecteurs ont été installés derrière les fenêtres et sur les toits pour transformer la rue principale du parc en salle de bal de Cendrillon ou en rue londonienne de Mary Poppins.
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Des feux d’artifice plus impressionnants
Même sur l’emblématique château, tout a été revu. Les nouveaux projecteurs vidéo, plus puissants, s’ajoutent aux effets d’éclairage de la bâtisse, dont la mise en lumière a été refaite cette année. «C’est comme de la peinture, résume Adrien Moury, designer lumière. Ça demande trois fois plus de travail, mais ça change tout dans le visuel.» Douze lasers vont être installés, contre quatre auparavant, permettant des effets bluffants, comme cette séquence où ils dessinent et animent les contours des tours du château. Derrière ce spectacle, souligne Adrien Moury, il y a «un gros travail de modernisation des installations techniques».
Quant aux effets pyrotechniques, tirés depuis le toit des bâtiments situés à l’arrière et sur les côtés du château, ils sont plus profonds et larges. «Pour des raisons de maintenance, nous avions dû, il y a quelques années, rapprocher les pas de tir et réduire les calibres des fusées, explique Metin Cig. Cette fois, on a pu récupérer tout l’espace, qui permet des effets bien plus impressionnants.» Les fusées peuvent monter jusqu’à 100 mètres de haut, contre 70 mètres au maximum jusqu’alors. Et pour la première fois dans un spectacle nocturne quotidien du parc, les feux d’artifice cohabitent avec des drones, jusqu’ici cantonnés à une représentation à part.
Une ode Ă la magie
Une myriade d’effets spéciaux et lumineux, au service de l’histoire imaginée par Tim Lutkin et ses équipes pour mêler les différentes franchises Disney. «C’était le plus gros challenge : parvenir à écrire une histoire cohérente avec tous ces personnages.» Le directeur créatif a choisi d’en faire une ode à la magie, «qui n’est pas seulement celle que l’on voit mais aussi celle que l’on ressent dans nos cœurs». Un spectacle en plusieurs chapitres qui explorera notamment «la magie de l’amitié, la magie d’aimer et la magie d’appartenir à une famille». Le mariage de personnages très différents passe aussi par la bande-son, des mashups des chansons cultes de ces films. Le spectacle s’ouvre par ailleurs sur une chanson originale, Live in Magic, enregistrée à Londres par un orchestre de 100 musiciens et interprétée par Noémie Legrand.
Si le spectacle prend forme en cette fin novembre, les Ă©quipes attendent encore avec impatience de pouvoir combiner l’ensemble des effets prĂ©vus. Les figures des drones n’ont par exemple pas encore pu ĂŞtre testĂ©es sur le parc, «seulement dans un champ près de Bordeaux» par Dronisos, avec qui Disneyland Paris travaille depuis 2022 pour dĂ©velopper cette technologie, explique Adrien Moury. Il reste aussi Ă installer des projecteurs «skytracker» – ces gros bâtons de lumière dirigĂ©s vers le ciel – sur Central Plaza, activer des lasers sur le château et brancher des projecteurs sur Main Street.
Même incomplètes, les projections sur l’avenue donnent pourtant déjà une impressionnante sensation d’immersion. Les équipes jubilent : l’effet imaginé depuis des mois sur leurs écrans est si réussi qu’il devrait faire perdre leurs repères aux habitués du premier rang, qui jouent des coudes pour avoir la meilleure place devant le château à chaque représentation. Une fois n’est pas coutume au théâtre, avec Disney Tales of Magic, ce sont les spectateurs du fond qui auront la meilleure vue.