LE FIGARO 🔵 Dette : l’agence S&P accorde un sursis inattendu Ă  la France – Shango Media
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LE FIGARO 🔵 Dette : l’agence S&P accorde un sursis inattendu à la France

À la surprise générale et au grand soulagement du gouvernement, l’agence américaine a maintenu la note de la dette française en «AA-», perspective «stable». Un choix inattendu dans un contexte politique et budgétaire instable.

Coup de théâtre sur la dette française. Contre toute attente, l’agence amĂ©ricaine Standard & Poor’s maintient sa note inchangĂ©e, la laissant en «AA-», perspective «stable». «MalgrĂ© l’incertitude politique, nous nous attendons Ă  ce que la France se conforme – avec un dĂ©lai – au cadre budgĂ©taire europĂ©en et et consolide progressivement ses finances publiques Ă  moyen terme», a indiquĂ© l’agence amĂ©ricaine dans un communiquĂ©. Ce maintien de la note tĂ©moigne du «crĂ©dit accordĂ© au gouvernement pour rĂ©duire le dĂ©ficit et redresser nos finances publiques», a saluĂ© dans la foulĂ©e Antoine Armand, ministre de l’Economie. «L’agence souligne toutefois le risque associĂ© Ă  l’incertitude politique qui viendrait remettre en cause cette trajectoire», prĂ©cise Bercy dans son communiquĂ©.

L’annonce de ce vendredi ne manque pas d’étonner, les trois autres agences (Fitch, Moody’s et Scope Ratings) ayant toutes fait Ă©voluer Ă  la baisse leur apprĂ©ciation de la dette souveraine française cet automne. Une correction a minima en perspective «nĂ©gative» aurait Ă©tĂ© accueillie sans surprise. Or S&P a choisi de s’en tenir Ă  sa note du mois de mai dernier, lorsqu’elle l’avait fait passer de «AA» Ă  «AA-». L’agence sanctionnait alors la «dĂ©tĂ©rioration de la position budgĂ©taire» du pays. «Le dĂ©ficit budgĂ©taire de la France en 2023 a Ă©tĂ© nettement plus Ă©levĂ© que ce que nous avions prĂ©vu», avait justifiĂ© la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, doutant que le dĂ©ficit puisse revenir sous 3% du PIB d’ici 2027. Quelques jours après, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale. Puis le dĂ©rapage du dĂ©ficit 2024 se confirmait, passant de 5,1% Ă  6,1% (contre 4,4% anticipĂ©s initialement). Autant de mauvais points qui auraient pu conduire S&P Ă  se montrer moins clĂ©mente.

Pic de la dette en 2027

Le gouvernement Barnier nouvellement en place a fait du redressement budgĂ©taire sa mission centrale, avec un objectif initial de 60 milliards d’euros d’économies, afin de revenir Ă  un dĂ©ficit «autour de 5%». Ă€ force de concessions pour emporter le vote des alliĂ©s politiques autant que du RN, et ainsi Ă©viter la censure, cet objectif semble bien difficile Ă  tenir. «Les agences doivent savoir que le gouvernement de la France est sĂ©rieux et mĂ©thodique, et que nous ferons ce que nous avons dit», a toutefois assurĂ© le premier ministre dans un entretien accordĂ© au Figaro . Michel Barnier a rappelĂ© au passage que la Commission europĂ©enne avait approuvĂ© en dĂ©but de semaine la trajectoire budgĂ©taire pluriannuelle portĂ©e par la France. Celle-ci prĂ©voit que la dette atteindra son pic en 2027, Ă  116,5%, avant d’enfin entamer sa redescente. Le dĂ©ficit, quant Ă  lui, repasserait sous la barre des 3% en 2029.

Cette trajectoire, en ne donnant pas l’impression de cĂ©der Ă  un excès d’optimisme, a probablement pesĂ© dans le choix de Standard & Poor’s d’accorder un sursis Ă  la France. En outre, l’agence de notation ne s’aligne pas sur l’inquiĂ©tude des marchĂ©s : le taux d’intĂ©rĂŞt auquel l’Etat français emprunte Ă  10 ans a brièvement dĂ©passĂ© celui de la Grèce, atteignant 3,05% mercredi, ce qui signifie que les investisseurs ont considĂ©rĂ© qu’il Ă©tait aussi risquĂ© de prĂŞter Ă  Athènes qu’à Paris… Dans l’attente du couperet de S&P, le taux français est repassĂ© Ă  2,9% ce vendredi.

La dette de la France n’est cependant pas à l’abri d’une rétrogradation dans la catégorie des «A». «Il faudrait trois feux verts pour éviter une dégradation de note dans les trois ou quatre mois ou lors de la prochaine révision officielle de printemps, prévient Norbert Gaillard, économiste et consultant indépendant: que le gouvernement reste en place, qu’il présente un budget cohérent pour 2025 et qu’il aboutisse à une réduction du déficit pour l’année prochaine qui soit significative et crédible.» Pour l’exécutif, confronté à une Assemblée nationale bouillonnante, la bataille de la dette est encore loin d’être gagnée.

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