FRANCE INFO đ” Pourquoi Shein, l’enseigne chinoise de fast fashion, se retrouve dans le viseur de l’UE
L’Union europĂ©enne est sur le point d’ouvrir une enquĂȘte, mercredi, contre le vendeur de vĂȘtements en ligne Shein soupçonnĂ© de ne pas respecter le droit europĂ©en sur la protection des consommateurs.
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LâUnion europĂ©enne sâapprĂȘte Ă lancer une enquĂȘte approfondie contre Shein, mercredi 5 fĂ©vrier. La plateforme chinoise de commerce en ligne, essentiellement spĂ©cialisĂ©e dans le textile, sĂ©duit particuliĂšrement les jeunes consommateurs avec ses prix attractifs. Mais elle est aussi, pour ses dĂ©tracteurs, lâemblĂšme des dĂ©rives sociales et environnementales de la mode Ă petits prix.
La plateforme, fondée en Chine en 2012 et dont le siÚge social est désormais à Singapour, est soupçonnée de ne pas suffisamment lutter contre la vente de produits illégaux qui ne respectent pas les normes européennes.
En juin dernier, la Commission europĂ©enne lui avait dĂ©jĂ adressĂ© une sĂ©rie de questions Ă ce sujet. Les prix dĂ©fiant toute concurrence cachent-ils le recours Ă du travail illĂ©gal ? Les produits vendus sont-ils conformes aux normes de qualitĂ© europĂ©enne ? Quel est leur bilan carbone ? Câest tout le modĂšle Ă©conomique de la plateforme Shein que la Commission europĂ©enne veut dĂ©cortiquer dans son enquĂȘte.
LâeurodĂ©putĂ© socialiste François Kalfon applaudit son lancement, mais appelle dâores et dĂ©jĂ Ă un renforcement de la lĂ©gislation europĂ©enne : « La niche qu’ils utilisent, une niche, rĂ©glementaire si j’ose dire, c’est l’exemption des droits de douane en dessous de 150 euros en Europe », note-t-il.
« Si vous allez sur leur plateforme de marchĂ©, on vous vend tout et n’importe quoi en dessous de 150 euros. »
L’eurodĂ©putĂ© François KalfonĂ franceinfo
L’Ă©lu prĂ©cise : « D’aucuns acteurs postaux nous disent Ă©galement que tout ça passe dans du courrier dans des enveloppes sur lesquelles il n’y a pas de contrĂŽles systĂ©matiques douaniers. D’une certaine maniĂšre, il ne faudrait pas que la Commission europĂ©enne apparaisse comme la cavalerie dans les westerns qui arrive toujours en retard quand les faits et mĂ©faits ont Ă©tĂ© commis. Et c’est bien ça le problĂšme. »
Les paniers moyens dâachat, autour de 60 euros, passent ainsi sous les radars des douanes rendant les contrĂŽles de qualitĂ© particuliĂšrement difficiles.
La plateforme Shein, qui se dit ouverte au dialogue avec la Commission europĂ©enne, encourt de lourdes amendes en cas de manquements avĂ©rĂ©s. Et Temu, un autre site de e-commerce d’origine chinoise, est Ă©galement dans le collimateur des autoritĂ©s europĂ©ennes pour des motifs similaires.
En France, une proposition de loi de rĂ©gulation de la fast-fashion a Ă©tĂ© votĂ©e Ă lâAssemblĂ©e nationale le 14 mars dernier, mais son adoption par le sĂ©nat a Ă©tĂ© interrompue par la dissolution de juin et n’a pas Ă©tĂ© Ă l’ordre du jour depuis.