FRANCE INFO 🔵 Patrimoine : alerte contre l’impact « dĂ©vastateur » du dĂ©règlement du climat sur les Ĺ“uvres d’art – Shango Media
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FRANCE INFO 🔵 Patrimoine : alerte contre l’impact « dĂ©vastateur » du dĂ©règlement du climat sur les Ĺ“uvres d’art

Certains musées recourent à des techniques de conservation préventive et tentent de réguler les températures autour des œuvres afin de les protéger.

France TĂ©lĂ©visions – RĂ©daction Culture


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Façade du musée d'art moderne "Les abattoirs de Toulouse", le 10 septembre 2020. (PHILIPPE ROY / PHILIPPE ROY)

Une peinture qui s’Ă©caille, un bois cassant, du fer ramolli… les Ĺ“uvres d’art aussi souffrent des alĂ©as du climat et cela prĂ©occupe les professionnels du patrimoine, qui se mobilisent notamment en Occitanie. « Les Ĺ“uvres d’art ou patrimoniales sont construites dans des matĂ©riaux sensibles Ă  la lumière, Ă  la chaleur et Ă  l’humiditĂ©, donc finalement au dĂ©règlement climatique », explique Camille Haumont, restauratrice spĂ©cialisĂ©e dans la sauvegarde d’archives des bibliothèques. Une situation complexe Ă  l’heure oĂą les tempĂ©ratures ont atteint plus de 40 degrĂ©s en aoĂ»t dernier en Occitanie, l’une des rĂ©gions les plus touchĂ©es par des phĂ©nomènes de sĂ©cheresse et canicule.

« Avec des changements de températures variant brusquement sur de courtes durées, les matériaux se rétractent ou se dilatent, et cette modification du support fini par rendre les matériaux cassants »

Camille Haumont, restauratrice spĂ©cialisĂ©e dans la sauvegarde d’archives des bibliothèques

Ă  l’AFP

Camille Haumont a constatĂ© que « la hausse des tempĂ©ratures et de l’humiditĂ© impactait le taux de moisissure, qui devient de plus en plus frĂ©quent et de plus en plus difficile Ă  contrĂ´ler ». S’y ajoute l’apparition d’insectes ravageurs, des mouvements de terrain qui fissurent des bâtiments ou, comme au musĂ©e de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation de Toulouse, un risque accru d’inondation « souvent dĂ©vastatrice pour les collections », selon la restauratrice.

Face Ă  ces dangers, certains musĂ©es recourent Ă  des techniques de conservation prĂ©ventive et tentent de rĂ©guler les tempĂ©ratures autour des Ĺ“uvres afin de les protĂ©ger. C’est le cas aux Abattoirs de Toulouse, dont les collections sont stockĂ©es dans « des climats spĂ©cifiques selon chaque matière », prĂ©cise Lauriane Gricourt, directrice de ce musĂ©e d’art moderne et contemporain.

« Avant d’acquĂ©rir une oeuvre, une personne s’assure dĂ©sormais d’anticiper ses conditions de conservation, la manière dont on va la stocker et surtout dans quelles conditions nous pourrons la diffuser au public »

Lauriane Gricourt, directrice du musée Les Abattoirs de Toulouse

Ă  l’AFP

Le musĂ©e des AmĂ©riques Ă  Auch mise sur des « vitrines rĂ©gulĂ©es », capables de respecter les normes imposant une conservation des Ĺ“uvres Ă  21 degrĂ©s l’hiver et 24 l’Ă©tĂ©. Ce système y a Ă©tĂ© installĂ© pour la cĂ©lèbre mosaĂŻque de plumes sur bois La Messe de Saint-GrĂ©goire, particulièrement sensible aux changements de tempĂ©ratures. Si de tels caissons se multiplient selon Claire Leger, experte en sauvegarde du patrimoine au sein du dĂ©partement de la Haute-Garonne, leur coĂ»t Ă©levĂ© freine leur gĂ©nĂ©ralisation.

Les institutions culturelles cherchent aussi Ă  rĂ©duire leur impact Ă©nergĂ©tique. Ainsi les Abattoirs espèrent une modification des règles de conservation afin de rĂ©duire leur bilan carbone, sujet discutĂ© au sein du Conseil international des musĂ©es(ICOM), qui a notamment pour mission d’Ă©tablir les « normes Ă©thiques » du secteur. « L’idĂ©al serait de savoir si les Ĺ“uvres peuvent rĂ©sister Ă  de plus grandes variations de tempĂ©rature. Mais pour des matĂ©riaux fragiles comme le bois ou encore le mĂ©tal, certains restaurateurs estiment que l’on prend un risque », affirme Lauriane Gricourt.

Bouclier Bleu, association de protection du patrimoine originellement dĂ©ployĂ©e dans les zones de conflits, intervient dĂ©sormais de plus en plus en France oĂą, selon ses chiffres, au moins « un sinistre tous les huit jours a touchĂ© le patrimoine culturel au cours de l’annĂ©e 2021-2022 ». « La sĂ©cheresse a un impact direct sur le patrimoine, mais elle est Ă©galement dĂ©clencheur de risque (…) Ce n’est pas parce qu’on est dans une zone oĂą a priori il n’y a pas de crues, que demain il n’y aura pas une tempĂŞte ou un mĂ©ga-feu », observe Claire Leger, directrice de l’association, rĂ©cemment intervenue sur des sĂ©chages d’urgence après l’inondation d’une chapelle Ă  Beynac, dans les Hautes-PyrĂ©nĂ©es.

Cette sapeur-pompier volontaire, experte en sauvegarde du patrimoine au sein du dĂ©partement de la Haute-Garonne, travaille sur des plans d’action avec les services de secours, afin de prĂ©server les bâtiments historiques et les Ĺ“uvres : « Ces dernières annĂ©es, la gravitĂ© des sinistres n’a cessĂ© d’augmenter », ajoute Camille Haumont, autre membre de Bouclier Bleu. Alors « en Occitanie, les cathĂ©drales ont toutes leurs plans de sauvegarde et les pompiers savent quelles collections sont Ă  Ă©vacuer et comment y procĂ©der. » 

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