FRANCE INFO 🔵 « Les dĂ©gustations d’alcool, c’est fini » : alcool et influenceurs, un cocktail dont les dĂ©putĂ©s ne veulent plus
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La proposition de loi vise Ă interdire aux influenceurs de faire la promotion de l’alcool, mĂŞme indirectement, car les jeunes sont leur principal public.
La goutte d’alcool qui a fait dĂ©border le vase. Une proposition de loi est prĂ©sentĂ©e mercredi 5 fĂ©vrier Ă l’AssemblĂ©e nationale. Elle est portĂ©e par l’insoumis LoĂŻc Prud’homme et la communiste Karine Le Bon et est signĂ©e par des dĂ©putĂ©s de tout bord, sauf le RN. L’objectif du texte est de prĂ©ciser la loi Evin, qui Ă©dicte les règles de la publicitĂ© pour l’alcool en France. Or, ce texte loi, qui date des annĂ©es 1990, ne prend pas en compte les influenceurs. Les dĂ©putĂ©s veulent donc la mettre au goĂ»t du jour.
Lorsqu’on Ă©voque publicitĂ© et alcool auprès d’Aron, lycĂ©en parisien, il pense avant tout aux bandeaux de prĂ©ventions : « On sait qu’il y a Ă©crit que c’est dĂ©conseillĂ© aux moins de 18 ans sur les publicitĂ©s et qu’il y a la phrase ‘L’abus d’alcool est dangereux [pour la santĂ©], Ă consommer avec modĂ©ration’. »
Alors qu’Aron voit surtout ces publicitĂ©s sur les affiches dans le mĂ©tro, Ă MontbĂ©liard, Ă plusieurs centaines de kilomètres de la capitale, dans le Doubs, Lia, une autre lycĂ©enne, est plutĂ´t confrontĂ©e Ă des promotions pour de l’alcool sur les rĂ©seaux sociaux ou les plateformes comme YouTube. Selon elle, « certains influenceurs connus qui font des vidĂ©os ne mettent pas en avant l’alcool. Enfin, ils en consomment dans leurs vidĂ©os, mais ce n’est pas pour faire de la promotion… », estime-t-elle.
Parmi ces influenceurs, McFly et Carlito, 7,5 millions d’abonnĂ©s et qui cartonnent auprès de la jeune gĂ©nĂ©ration, ont tournĂ© plusieurs vidĂ©os de dĂ©gustation d’alcool. Ils ont depuis Ă©tĂ© sensibilisĂ©s par l’association Addictions France et ont arrĂŞtĂ© d’en produire. Le duo avait expliquĂ© dans une vidĂ©o pourquoi « Les dĂ©gustations d’alcool, c’est fini« , expliquant avoir reçu notamment un rappel Ă la loi.
Sur les rĂ©seaux sociaux, il y a toujours un petit peu de tout, comme une « recette d’entrecĂ´te Ă la 8.6″. C’est pourquoi Addictions France a signĂ© une tribune, qui soutient le texte prĂ©sentĂ© mercredi par les dĂ©putĂ©s.
La loi actuelle, qui rĂ©gule la publicitĂ© pour l’alcool, ne parle pas explicitement des influenceurs. Pour Bernard Basset, prĂ©sident de l’association, ce serait donc l’occasion de clarifier la situation : « Les influenceurs c’est un peu le Far West, parce que c’est un dĂ©veloppement exponentiel, parce que certains ne connaissent pas la loi, quand d’autres se disent juste ‘on ne va pas s’embarrasser avec ça’. »
« On a intĂ©rĂŞt Ă restreindre la promotion d’alcool par les influenceurs parce que c’est quand mĂŞme des jeunes qui les regardent. »
Bernard Basset, prĂ©sident de l’association Addictions FranceĂ franceinfo
D’autant plus que c’est sur les jeunes que les consĂ©quences de l’abus d’alcool peuvent ĂŞtre les plus graves, rappelle Bernard Besset. « Le cerveau arrive Ă maturation Ă 24 ou 25 ans, donc boire tant que son dĂ©veloppement n’est pas finalisĂ© totalement est plus dangereux que pour les gens plus âgĂ©s. » La loi prĂ©voit d’autres mesures, comme celle d’interdire l’affichage de publicitĂ©s pour de l’alcool Ă moins de 250 mètres des Ă©tablissements scolaires ou recevant des mineurs.