FRANCE INFO đ” Affaire Robert Boulin : plus de 40 ans aprĂšs la mort du ministre du Travail, un nouveau tĂ©moignage relance l’enquĂȘte
Un témoin affirme avoir assisté à une conversation qui accrédite la thÚse selon laquelle le ministre du Travail a été assassiné en 1979 et relance les investigations selon France Inter.
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En 2022, alors que le parquet de Versailles avait requis un non-lieu et que les investigations dans l’affaire Boulin Ă©taient sur le point d’ĂȘtre closes, un tĂ©moin s’est manifestĂ© auprĂšs de la justice relançant les investigations, selon les informations de France Inter vendredi 6 septembre.
L’homme en question affirme avoir assistĂ© Ă une conversation qui accrĂ©dite la thĂšse selon laquelle le ministre du Travail a Ă©tĂ© assassinĂ©. D’aprĂšs ses dires, des membres du Service d’action civique (SAC) ont Ă©voquĂ© « un accident ». Son rĂ©cit, recueilli par France Inter, est jugĂ© assez sĂ©rieux pour relancer l’enquĂȘte.
Dans les annĂ©es 1970, ce tĂ©moin frĂ©quente le club libertin Roi RenĂ© dans les Yvelines. Il sympathise avec un homme qu’il dĂ©signe comme Ă©tant Pierre Debizet, patron du SAC, considĂ©rĂ© comme la police officieuse du RPR. « Quelques jours aprĂšs la mort du ministre, raconte-t-il, il m’a invitĂ© Ă prendre une coupe de champagne Ă sa table ». Il affirme que deux membres du SAC Ă©taient prĂ©sents : « Ils m’ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s comme ça ».
Sur place, les hommes « ont sablĂ© le champagne pour avoir rĂ©cupĂ©rĂ© les dossiers compromettants, ont-ils dit entre eux ». Toujours selon ce tĂ©moin, « ça a dĂ©plu Ă Pierre Debizet qui leur a dit ‘ouais mais vous l’avez tuĂ© [alors que] le patron, c’est-Ă -dire Pasqua, avait donnĂ© l’ordre de lui filer une danse' ».
C’est alors que « le chef du commando a dĂ©clarĂ© Ă Debizet c’est un accident, il a fait un arrĂȘt cardiaque, il est mort dans nos bras et dans la panique on l’a balancĂ© dans l’Ă©tang de Montfort-l’Amaury' ». Le tĂ©moin raconte que les hommes « n’ont pas Ă©voquĂ© directement le nom de Boulin » mais qu’il a fait le lien « dans les jours qui ont suivi ».
Pour expliquer ces annĂ©es de silence, il affirme que « le club Ă©tait protĂ©gĂ© par le procureur de l’Ă©poque, qui a dirigĂ© l’enquĂȘte sur l’affaire Boulin. La proximitĂ© de ce procureur avec des membres du SAC dans le mĂȘme club m’a incitĂ© Ă l’Ă©poque Ă la plus grande prudence ».
AprĂšs plus de 40 ans Ă se taire, ce tĂ©moin a Ă©tĂ© entendu Ă plusieurs reprises par les gendarmes ces deux derniĂšres annĂ©es, ainsi que par la juge d’instruction chargĂ©e du dossier. Il se dit aujourd’hui « au crĂ©puscule de [sa] vie ». Ce tĂ©moignage « [il] le devait Ă la famille Boulin ».
En 1979, Robert Boulin, ministre du Travail, a Ă©tĂ© retrouvĂ© mort dans un Ă©tang de la forĂȘt de Rambouillet. Le gaulliste venait d’ĂȘtre mis en cause pour les conditions dans lesquelles il avait achetĂ© un terrain Ă Ramatuelle, dans le Var, ce dont il s’apprĂȘtait Ă se dĂ©fendre. La thĂšse officielle est celle du suicide, ce que sa famille conteste depuis. Elle affirme qu’il a Ă©tĂ© assassinĂ©. L’enquĂȘte a Ă©tĂ© rouverte en 2015, aprĂšs une nouvelle plainte de la fille de Robert Boulin.