FRANCE 24 🔵 Quand les États-Unis peinent Ă  calmer les ardeurs d’un Netanyahu va-t-en-guerre – Shango Media
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FRANCE 24 🔵 Quand les États-Unis peinent Ă  calmer les ardeurs d’un Netanyahu va-t-en-guerre

IsraĂ«l semble dĂ©terminĂ© Ă  pousser son avantage militaire dans le sud du Liban et face Ă  l’Iran, tout en ignorant les appels au cessez-le-feu des AmĂ©ricains. Benjamin Netanyahu cherche Ă  profiter au maximum de la pĂ©riode Ă©lectorale aux États-Unis, au risque de dĂ©stabiliser la rĂ©gion, voire l’ordre mondial.

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Joe Biden voulait la dĂ©sescalade au Proche-Orient. Non seulement le prĂ©sident amĂ©ricain n’a pas Ă©tĂ© servi, mais il a eu droit, mardi 1er octobre, Ă  un dĂ©luge sans prĂ©cĂ©dent de missiles iraniens tirĂ©s sur IsraĂ«l.

Une attaque qui a suivi l’annonce d' »incursions limitĂ©es » de l’armĂ©e israĂ©lienne sur le sol libanais. Une OpĂ©ration militaire qui, elle-mĂŞme, a dĂ©butĂ© peu après une sĂ©rie de « frappes ciblĂ©es » contre des dirigeants du Hezbollah ayant culminĂ© avec la mort de Hassan Nasrallah, le leader de la milice chiite pro-iranienne, lors d’un bombardement israĂ©lien sur Beyrouth le 27 septembre.

Une spirale de violences qui a fait Ă©crire mercredi Ă  Haaretz, l’un des principaux quotidiens israĂ©liens, que le pays « était dĂ©sormais engagĂ© dans une guerre rĂ©gionale ».

Rien de tout cela n’Ă©tait prĂ©vu Ă  l’agenda diplomatique du prĂ©sident amĂ©ricain. Il y a Ă  peine une semaine, il espĂ©rait – Ă  la tĂŞte d’une coalition de pays, dont la France â€“ pouvoir faire accepter un cessez-le-feu de trois semaines Ă  tous les belligĂ©rants au Moyen-Orient. Benjamin Netanyahou n’en avait pas voulu.


Ambitions d’apaisement au placard

Joe Biden rĂ©affirmait encore lundi devant la presse sa volontĂ© d' »avoir un cessez-le-feu maintenant », au moment oĂą l’armĂ©e israĂ©lienne se prĂ©parait Ă  mener ses « incursions » au Liban. Las, il n’a pas Ă©tĂ© entendu.

Face aux tirs de missiles iraniens, Washington a d’ailleurs depuis rangĂ© au placard ses ambitions d’apaisement. Du moins momentanĂ©ment. Les États-Unis ont activement participĂ© Ă  l’effort israĂ©lien d’interception des missiles iraniens, tout en rĂ©pĂ©tant que l’État hĂ©breu avait le « droit de se dĂ©fendre ».

« L’ancien ministre israĂ©lien de la DĂ©fense Moshe Dayan est connu pour avoir dit : ‘Nos amis amĂ©ricains nous offrent de l’argent, des armes et des conseils. Nous prenons l’argent et les armes, mais ignorons les conseils.’ C’est ce que fait Benjamin Netanyahu », note Rob Geist Pinfold, spĂ©cialiste des questions sĂ©curitaires et militaires en IsraĂ«l Ă  l’universitĂ© de Durham.

Le Premier ministre israĂ©lien ne fait pas qu’ignorer l’avis de son alliĂ© historique. Il lui arrive aussi de faire comme si Joe Biden n’existait pas. Washington aurait ainsi Ă©tĂ© pris de court par l’assassinat d’Hassan Nasrallah. IsraĂ«l n’aurait pas non plus prĂ©venu Ă  l’avance les États-Unis de son intention de faire exploser des milliers de bipeurs et de talkies-walkies aux mains de membres du Hezbollah. Deux opĂ©rations qui ont sensiblement fait monter la tension au Moyen-Orient et rendu l’hypothèse d’un embrasement gĂ©nĂ©ral de la rĂ©gion, honnie par Joe Biden, plus crĂ©dible que jamais.

Profiter de la période électorale aux États-Unis

L’État hĂ©breu a aussi transformĂ© Ă  l’occasion les États-Unis en porte-parole de luxe. La dĂ©cision israĂ©lienne de lancer des « incursions limitĂ©es » au Liban a ainsi Ă©tĂ© d’abord annoncĂ©e par des « responsables nord-amĂ©ricains ».

« Benjamin Netanyahu donne l’impression d’ĂŞtre totalement libre de faire ce qu’il veut sans craindre la moindre consĂ©quence des États-Unis », constate John Strawson, spĂ©cialiste du droit international et du Moyen-Orient Ă  l’University of East London. Mais cet expert s’empresse d’ajouter : « Du moins pour les trois Ă  quatre mois Ă  venir. »

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Car si Benjamin Netanyahu joue les va-t-en-guerre en dĂ©pit des efforts diplomatiques amĂ©ricains, c’est « en grande partie dĂ» Ă  l’Ă©chĂ©ance de la prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de novembre », prĂ©cise Rob Geist Pinfold. Le Premier ministre israĂ©lien « connaĂ®t la politique intĂ©rieure amĂ©ricaine, il sait que la prĂ©sidence Biden est en bout de course et que jusqu’Ă  l’entrĂ©e en fonction du prochain prĂ©sident en janvier, les autoritĂ©s amĂ©ricaines n’ont que peu de capital politique pour faire pression sur lui », ajoute John Strawson.

Benjamin Netanyahu mise aussi sur le fait que la candidate dĂ©mocrate Kamala Harris ne va pas s’aventurer sur le terrain politiquement très glissant du Moyen-Orient durant sa campagne. Quant Ă  Donald Trump, « il reprĂ©sente le Parti rĂ©publicains, qui est devenu le parti du ‘IsraĂ«l ne peut rien de faire mal' », rĂ©sume Aaron David Miller, spĂ©cialiste de la politique amĂ©ricaine au Moyen-Orient au Carnegie Endowment for International Peace, un cercle de rĂ©flexion gĂ©opolitique Ă  Washington.

Mais l’Ă©lection amĂ©ricaine n’explique pas tout. « Il ne faut pas oublier la pression exercĂ©e par les faucons d’extrĂŞme droite au sein du gouvernement israĂ©lien », souligne Rob Geist Pinfold. Pour cet expert, « Benjamin Netanyahou aurait pu accepter la proposition de cessez-le-feu mise sur la table la semaine dernière, mais ses ministres les plus radicaux lui ont dit qu’il fallait continuer. Le Premier ministre a alors dĂ©cidĂ© qu’il avait davantage besoin d’eux que des États-Unis. »

L’attitude cavalière d’IsraĂ«l Ă  l’Ă©gard des desiderata diplomatiques de Washington illustre aussi le fait que « les États-Unis n’ont plus la mĂŞme influence qu’au XXsiècle, lorsqu’ils pouvaient imposer leur ‘Pax Americana’ sans problème », explique John Strawson. Au Moyen-Orient, Washington a pu maintenir l’illusion de sa capacitĂ© de dissuasion pendant des dĂ©cennies, mais le conflit actuel dans la rĂ©gion fait Ă©clater au grand jour le fait que l’Ă©quation a changĂ©, notent les experts interrogĂ©s par France 24.

« L’État hĂ©breu est devenu le dur Ă  cuir de la rĂ©gion »

« Joe Biden voit peut-ĂŞtre encore IsraĂ«l comme ce petit pays fragile qui a besoin de la bĂ©quille d’une superpuissance, mais en rĂ©alitĂ© l’État hĂ©breu est devenu le dur Ă  cuir de la rĂ©gion, qui en impose aux autres », souligne Rob Geist Pinfold. DĂ©jĂ  Ă  la fin des annĂ©es 1990, « Benjamin Netanyahu avait Ă©laborĂ© un plan pour rĂ©duire l’aide financière amĂ©ricaine afin de ne plus avoir de comptes Ă  rendre Ă  Washington, estimant dĂ©jĂ  qu’IsraĂ«l Ă©tait capable de s’imposer seul dans la rĂ©gion », note l’universitaire.

Ce qui ne veut pas dire que les États-Unis n’ont plus aucun moyen de pression. L’aide militaire et financière de Washington reste très utile pour IsraĂ«l. Et simplement menacer de couper ce soutien, mĂŞme sans passer Ă  l’acte, serait une manière pour l’administration amĂ©ricaine de signaler qu’elle a des lignes rouges.

Sans aller jusque-lĂ , « les États-Unis peuvent aussi arrĂŞter de mettre leur veto Ă  toutes les rĂ©solutions de l’ONU hostiles Ă  IsraĂ«l », explique Rob Geist Pinfold. Une dĂ©cision qui pourrait ĂŞtre lourde de consĂ©quences pour l’image internationale de l’État hĂ©breu.

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C’est pourquoi Benjamin Netanyahu est pressĂ©. Un pouvoir amĂ©ricain renforcĂ©, après la prĂ©sidentielle, pourrait ĂŞtre tentĂ© de taper plus fort du poing sur la table. Le problème est qu’en misant ainsi sur l’incapacitĂ© actuelle de Washington de lui imposer ses volontĂ©s, IsraĂ«l rend le monde plus dangereux, d’après les experts interrogĂ©s par France 24.

« À chaque fois que Washington Ă©choue Ă  s’imposer face Ă  IsraĂ«l, c’est un message envoyĂ© au monde dĂ©montrant que la projection de force des États-Unis sur la scène internationale se dĂ©grade rapidement », estime John Strawson. Â«Â Xi Jinping ou Vladimir Poutine vont voir la manière dont IsraĂ«l peut dĂ©fier les volontĂ©s de son alliĂ© sans consĂ©quence et se dire que les États-Unis n’ont plus cette volontĂ© ou capacitĂ© de se faire entendre », ajoute cet expert.

Le conflit actuel « peut donner l’impression que les États-Unis sont soit impuissants, soit complices d’IsraĂ«l. Dans les deux cas, cela va dĂ©grader davantage l’image de la superpuissance aux yeux des pays en voie de dĂ©veloppement, ce qui arrange les affaires de la Chine et de la Russie », conclut Rob Geist Pinfold.

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