FRANCE 24 🔵 Expulsion ratĂ©e d’un influenceur : l’AlgĂ©rie rejette les accusations d' »escalade » de la France
Première rĂ©action de l’AlgĂ©rie en pleine brouille diplomatique avec la France. Alger a rejetĂ© samedi 11 janvier les accusations françaises « d’escalade » et « d’humiliation » après le renvoi vers Paris d’un influenceur algĂ©rien qui avait Ă©tĂ© expulsĂ© vers son pays.
Historiquement tumultueuses, les relations entre l’AlgĂ©rie et la France – ancienne puissance coloniale – se sont envenimĂ©es ces dernières semaines avec notamment l’arrestation de l’ Ă©crivain franco-algĂ©rien Boualem Sansal Ă Alger et d’influenceurs algĂ©riens en France.
« L’AlgĂ©rie n’est, d’aucune façon, engagĂ©e dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation », a affirmĂ© samedi le ministère des Affaires Ă©trangères dans un communiquĂ©. « L’extrĂŞme droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hĂ©rauts patentĂ©s au sein du gouvernement français, mènent actuellement une campagne de dĂ©sinformation, voire de mystification, contre l’AlgĂ©rie ».
Le ministère rĂ©agissait aux propos de deux ministres français qui avaient dĂ©noncĂ© le renvoi par Alger d’un ressortissant algĂ©rien que la France avait expulsĂ© dans son pays.
Vendredi, le ministre de l’IntĂ©rieur Bruno Retailleau a affirmĂ© que « l’AlgĂ©rie cherche Ă humilier la France ». « En gardant notre sang froid (…) on doit dĂ©sormais Ă©valuer tous les moyens qui sont Ă notre disposition, vis-Ă -vis de l’AlgĂ©rie », a-t-il ajoutĂ©.
Alger dĂ©nonce une expulsion « arbitraire et abusive » d’un influenceur
Son collègue aux Affaires Ă©trangères, Jean-NoĂ«l Barrot, a renchĂ©ri en affirmant que « la France n’aura pas « d’autre possibilitĂ© que de riposter » si « les AlgĂ©riens continuent cette posture d’escalade ».
Parmi « les leviers que nous pourrions activer » figurent « les visas (…), l’aide au dĂ©veloppement », a-t-il dĂ©clarĂ© sur la chaĂ®ne LCI, en se disant « stupĂ©fait » que « les autoritĂ©s algĂ©riennes aient « refusĂ© de reprendre un de leurs ressortissants ».
« Doualemn », un influenceur de 59 ans, avait Ă©tĂ© interpellĂ© Ă Montpellier, dans le sud de la France, après une vidĂ©o litigieuse sur TikToK et mis dans un avion jeudi pour l’AlgĂ©rie d’oĂą il a Ă©tĂ© renvoyĂ© en France le soir mĂŞme, l’AlgĂ©rie l’ayant « interdit de territoire », selon le ministère français de l’IntĂ©rieur.
L’expulsion de « Doualemn » est « arbitraire et abusive », a estimĂ© samedi le ministère algĂ©rien des Affaires Ă©trangères. Il affirme que cet homme vit en France depuis 36 ans, possède une carte de sĂ©jour depuis 15 ans, est père de deux enfants nĂ©s de son mariage avec une Française et a un emploi stable depuis 15 ans.
Pour le ministère algĂ©rien, « l’ensemble de ces donnĂ©es lui confère indubitablement des droits que son expulsion prĂ©cipitĂ©e et contestable l’a empĂŞchĂ© de faire valoir tant devant les juridictions françaises qu’europĂ©ennes ».
La France accusée de violer « la Convention consulaire algéro-française » de 1974
Le ministère algĂ©rien des Affaires Ă©trangères ajoute que l’expulsion prive cet influenceur d’un procès en bonne et due forme « qui constitue un rempart contre l’abus de pouvoir ».
Par ailleurs, Alger accuse la France de violer « les dispositions de la Convention consulaire algĂ©ro-française » de 1974, soulignant qu’elle « n’a cru devoir informer la partie algĂ©rienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde Ă vue, ni de la dĂ©tention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause ».
« La dĂ©cision algĂ©rienne dans cette affaire est animĂ©e par le souci de lui permettre de rĂ©pondre aux accusations qui sont portĂ©es contre lui, de faire valoir ses droits et de se dĂ©fendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et Ă©quitable sur le territoire français », est-il ajoutĂ©.
Depuis début janvier, quatre autres influenceurs algériens sont concernés par des procédures en France pour des propos haineux.
Autre sujet de tension entre les deux pays : l’Ă©crivain franco-algĂ©rien Boualem Sansal, 75 ans, malade, est incarcĂ©rĂ© depuis mi-novembre en AlgĂ©rie pour atteinte Ă la sĂ»retĂ© de l’Etat.
Le prĂ©sident français Emmanuel Macron, qui appelle Ă sa libĂ©ration, avait jugĂ© dĂ©but janvier que l’AlgĂ©rie se « dĂ©shonore, Ă empĂŞcher un homme gravement malade de se soigner ». L’AlgĂ©rie avait qualifiĂ© ces propos d' »immixtion Ă©hontĂ©e et inacceptable dans une affaire interne algĂ©rienne ».
Avec AFP