SCIENCES ET AVENIR 🔵 Etonnant : sommeil lĂ©ger ou très profond, la clĂ© se trouverait dans nos intestins – Sciences et Avenir

Que le moindre craquement de parquet vous rĂ©veille Ă coup sĂ»r ou que l’alarme du rĂ©veil peine Ă vous faire Ă©merger du sommeil, votre cerveau n’est pas le seul responsable. Car le seuil Ă partir duquel un stimulus nous rĂ©veille pourrait ĂŞtre dictĂ© par nos intestins ! Et eux-mĂŞmes seraient influencĂ©s par le rĂ©gime alimentaire, conclut une nouvelle Ă©tude rĂ©alisĂ©e sur la mouche et la souris et publiĂ©e dans la revue Cell.
“Nos rĂ©sultats sont très surprenants, absolument inattendus“, appuie Dragana Rogulja, neurobiologiste qui a dirigĂ© ces travaux Ă la Harvard Medical School (Etats-Unis). “Dans le domaine du sommeil, le mantra est que le sommeil est une question de cerveau.” Pourtant, le sommeil affecte aussi les muscles ou encore la circulation, observe-t-elle, et concerne donc l’ensemble du corps. Dans ces nouveaux travaux, son Ă©quipe cherche Ă savoir comment est dĂ©terminĂ©e la profondeur du sommeil. “Jusqu’Ă prĂ©sent, nous ne savions pratiquement rien Ă ce sujet. On ne savait pas s’il existait un seul endroit dans le cerveau oĂą toutes les informations sensorielles Ă©taient attĂ©nuĂ©es pendant le sommeil, ou s’il existait plusieurs endroits de ce type“, annonce Dragana Rogulja.
Une protéine intestinale qui régule la profondeur du sommeil
Pour en savoir plus, les chercheurs se sont appuyés sur les drosophiles, de petites mouches dont le sommeil est régulé par des gènes également retrouvés chez la souris.
Que le moindre craquement de parquet vous rĂ©veille Ă coup sĂ»r ou que l’alarme du rĂ©veil peine Ă vous faire Ă©merger du sommeil, votre cerveau n’est pas le seul responsable. Car le seuil Ă partir duquel un stimulus nous rĂ©veille pourrait ĂŞtre dictĂ© par nos intestins ! Et eux-mĂŞmes seraient influencĂ©s par le rĂ©gime alimentaire, conclut une nouvelle Ă©tude rĂ©alisĂ©e sur la mouche et la souris et publiĂ©e dans la revue Cell.
“Nos rĂ©sultats sont très surprenants, absolument inattendus“, appuie Dragana Rogulja, neurobiologiste qui a dirigĂ© ces travaux Ă la Harvard Medical School (Etats-Unis). “Dans le domaine du sommeil, le mantra est que le sommeil est une question de cerveau.” Pourtant, le sommeil affecte aussi les muscles ou encore la circulation, observe-t-elle, et concerne donc l’ensemble du corps. Dans ces nouveaux travaux, son Ă©quipe cherche Ă savoir comment est dĂ©terminĂ©e la profondeur du sommeil. “Jusqu’Ă prĂ©sent, nous ne savions pratiquement rien Ă ce sujet. On ne savait pas s’il existait un seul endroit dans le cerveau oĂą toutes les informations sensorielles Ă©taient attĂ©nuĂ©es pendant le sommeil, ou s’il existait plusieurs endroits de ce type“, annonce Dragana Rogulja.
Une protéine intestinale qui régule la profondeur du sommeil
Pour en savoir plus, les chercheurs se sont appuyĂ©s sur les drosophiles, de petites mouches dont le sommeil est rĂ©gulĂ© par des gènes Ă©galement retrouvĂ©s chez la souris. Lorsque les mouches dorment, elles sont tout comme les humains, rĂ©veillĂ©es par un niveau variable de stimuli. En appliquant diffĂ©rents niveaux – bas, moyen et haut – de vibration puis en recherchant les gènes exprimĂ©s par les mouches en fonction de leur niveau d’Ă©veil, les chercheurs font une dĂ©couverte Ă©tonnante.
Une protĂ©ine nommĂ©e CCHa1 semble Ă elle seule approfondir le sommeil face aux stimulations mĂ©caniques (la vibration), mais qui est produite… Par les intestins. “Lorsque nous avons commencĂ© Ă rechercher des rĂ©gulateurs gĂ©nĂ©tiques de la profondeur du sommeil, nous pensions que ceux-ci se trouvaient exclusivement dans le cerveau”, se souvient Iris Titos, première auteure de ces travaux. “Or, nous avons dĂ©couvert avec surprise que c’est dans l’intestin que le peptide CCHa1 est produit.” Lorsque CCHa1 Ă©tait supprimĂ©e, les mouches se rĂ©veillaient beaucoup plus facilement.
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Une alimentation riche en protéine approfondit le sommeil
Les dĂ©couvertes ne s’arrĂŞtent pas lĂ . CCHa1 est produite par des cellules intestinales capables de communiquer avec les neurones et en contact direct avec le contenu du système digestif – et donc du bol alimentaire. “Nous avons constatĂ© qu’un rĂ©gime riche en protĂ©ines entraĂ®ne une diminution de la rĂ©activitĂ© Ă la stimulation externe chez les mouches et les souris“, rapporte Iris Titos. Plus de protĂ©ines entraĂ®ne la production de CCHa1, qui atteint ensuite le cerveau jusqu’Ă un groupe de neurones spĂ©cifiques, les cellules PAM (“Protocerebral Anterior Medial”).
“Ces cellules rĂ©gulent une structure cĂ©rĂ©brale bien connue chez les mouches, le corps du champignon, qui est impliquĂ© dans la rĂ©gulation de la durĂ©e du sommeil“, prĂ©cise la chercheuse. Les neurones ciblĂ©s par CCHA1 sont des neurones dopaminergiques. Comme leur nom l’indique, ils produisent de la dopamine, un neurotransmetteur habituellement liĂ© Ă la motivation et au plaisir. Mais dans ce cas prĂ©cis, elle a un effet contraire et approfondit le sommeil. “Le CCHa1 produit par l’intestin tamponne essentiellement les neurones dopaminergiques contre les vibrations, ce qui permet aux mouches d’ignorer davantage l’environnement et de dormir plus profondĂ©ment“, rĂ©sume Dragana Rogulja. “Nous dĂ©montrons donc un lien direct entre l’alimentation et la qualitĂ© du sommeil, et entre l’intestin et la rĂ©gulation du sommeil.“
Différents mécanismes en fonction des stimuli
En revanche, lorsque les mouches sont rĂ©veillĂ©es par une variation de tempĂ©rature plutĂ´t qu’une vibration, CCHA1 ne semble pas jouer de rĂ´le. Le mĂ©canisme est donc diffĂ©rent en fonction de la nature de l’information sensorielle. “Nous prĂ©voyons d’Ă©tudier comment les diffĂ©rentes modalitĂ©s sensorielles sont gĂ©rĂ©es pendant le sommeil et d’autres peptides sĂ©crĂ©tĂ©s par l’intestin qui pourraient participer Ă la rĂ©gulation de l’Ă©veil“, prĂ©cise Iris Titos. Reste Ă©galement Ă investiguer les mammifères. “Nous avons montrĂ© chez la souris qu’un rĂ©gime riche en protĂ©ines favorise Ă©galement un sommeil plus profond, mais nous ne savons toujours pas si les molĂ©cules que nous avons trouvĂ©es chez les mouches sont les mĂŞmes que celles qui rĂ©gulent le processus chez les mammifères.“
L’implication des intestins dans le sommeil pourrait ĂŞtre plus importante encore. Dans une publication de 2020, la mĂŞme Ă©quipe a eu l’idĂ©e de traquer les signes de dĂ©tĂ©rioration cellulaire dans diffĂ©rents organes de mouches suffisamment privĂ©es de sommeil pour en mourir. Un signal correspondant Ă un pic d’oxydation est alors retrouvé… dans les intestins. Lorsque les intestins avaient accès Ă des antioxydants, “nous avons constatĂ© que les mouches pouvaient survivre en dormant peu ou pas du tout“, rapporte Dragana Rogulja. “Cela suggère que l’intestin est une cible très importante du sommeil.“