CLUBIC 🔵 Les célèbres Nao et Pepper n’ont pas sauvé Aldebaran, le champion français de la robotique s’effondre
Le fabricant français des célèbres robots Nao et Pepper, placé en redressement judiciaire, fait face à une crise sans précédent et cherche désespérément un repreneur.

L’un des fleurons français de la robotique traverse une dangereuse zone de turbulences. Aldebaran, entreprise pionnière connue pour ses robots humanoïdes Pepper et Nao, se trouve aujourd’hui au bord du précipice. Placée en redressement judiciaire depuis mi-février 2025, la société s’apprête à supprimer 72 postes sur 164, soit près de la moitié de ses effectifs.
40 000 robots vendus en 20 ans : l’échec commercial d’Aldebaran
Autrefois symbole de l’innovation française, Aldebaran avait conquis une notoriété internationale avec ses robots attachants. Ses créations, reconnaissables à leurs deux bras, deux jambes et leur grand sourire, avaient même franchi les portes de l’Élysée en 2013, lors d’une rencontre avec le président François Hollande.
Malgré cette image de marque positive, la réalité commerciale s’est avérée bien moins reluisante. L’entreprise espérait vendre des millions d’exemplaires de ses robots, mais n’en a écoulé que 40 000 en vingt ans d’existence ce qui, même en étant chauvin, reste bien peu. Le chiffre est en tout cas bien en-deçà des ambitions initiales d’Aldebaran, qui explique en partie les difficultés actuelles.
Les changements successifs de propriétaires n’ont pas aidé non plus à stabiliser le bateau. D’abord rachetée par des investisseurs japonais, puis par des Allemands qui ont jeté l’éponge durant l’été 2024, l’entreprise se retrouve aujourd’hui sans capitaine à la barre, avec un avenir des plus incertains.
Le secteur français de la robotique est en train de perdre son champion
En interne, l’ambiance est au plus bas. « Il y a une ambiance de croque-mort, les gens n’y croient plus », confie un ingénieur sous couvert d’anonymat à franceinfo. Le désarroi est tel que certains employés envisagent désormais de poursuivre leur carrière à l’étranger, déçus par le manque de soutien en France.
Le prochain plan social, le deuxième en quatre ans, laisse un goût amer aux salariés qui dénoncent l’écart entre les discours politiques et la réalité du terrain. « On nous fait miroiter, via le sommet de l’IA, que l’intelligence artificielle est importante et que ça sera profitable à la France. Ce ne sont que des mots », déplore l’ingénieur interrogé.
Le sentiment d’abandon est hélas palpable parmi les employés qui estiment que les pouvoirs publics n’ont pas su ou voulu soutenir ce champion national. À l’heure où l’IA et la robotique sont présentées comme des secteurs stratégiques, la chute d’Aldebaran sonne comme un paradoxe douloureux pour l’écosystème tech français, qui perd l’un de ses pionniers historiques.