CLUBIC 🔵 Fin de l’anonymat sur Internet, sites Web bloquĂ©s… L’explosive loi SREN examinĂ©e par l’AssemblĂ©e !
Le projet de loi visant Ă sĂ©curiser et rĂ©guler l’espace numĂ©rique (SREN) possède de nombreuses dispositions qui pourraient rĂ©duire les libertĂ©s en ligne.
Cette semaine, l’AssemblĂ©e nationale examine le projet de loi SREN, qui a dĂ©jĂ fait parler de lui pour certains amendements un peu loufoques sur les VPN, aussi vite proposĂ©s que retirĂ©s. Mais le texte ne se rĂ©duit pas Ă la seule question des rĂ©seaux privĂ©s virtuels, puisque l’objectif de nombreux hommes politiques est aussi de rĂ©duire l’anonymat, contraindre les sites pornographiques Ă une vĂ©rification d’âge et imposer des listes de sites que les navigateurs devront bloquer automatiquement. Tout un programme !
L’anonymat toujours ciblĂ©
Quand un homme politique pense Ă Internet, sa première pensĂ©e doit souvent ĂŞtre nĂ©gative. « Marre de l’anonymat ! ». Il n’est alors pas Ă©tonnant de les voir, Ă chaque fois qu’Internet est discutĂ© au Parlement, tenter d’imposer des mesures pour rĂ©duire ce qui n’est d’ailleurs, comme le rappellent les spĂ©cialistes, qu’un pseudonymat.
Cette fois, c’est le dĂ©putĂ© Renaissance Paul Midy, par ailleurs rapporteur gĂ©nĂ©ral du projet de loi, qui s’y colle. Son projet est d’obliger la crĂ©ation de tout compte sur les rĂ©seaux sociaux Ă s’adosser Ă une preuve d’identitĂ©, ce qui permettra de facilement retrouver l’auteur d’une potentielle infraction.
Cette mesure serait mise en application Ă travers la crĂ©ation d’une certification personne physique, code indĂ©chiffrable pour le rĂ©seau social, mais qui permettrait Ă l’État de faire le lien avec une personne physique. « C’est le mĂŞme principe qu’une plaque d’immatriculation » explique, dĂ©licat, le dĂ©putĂ©.
Le porno n’a qu’Ă bien se tenir
Et pour ce faire, le rapporteur gĂ©nĂ©ral veut s’appuyer sur France IdentitĂ© numĂ©rique, qui serait le potentiel tiers de confiance permettant l’identification sans transmettre de papiers officiels Ă la plateforme. Le tiers de confiance ? C’Ă©tait dĂ©jĂ ce que voulait mettre en place le gouvernement pour empĂŞcher les mineurs d’accĂ©der aux sites pornographiques.
Une solution techniquement encore peu viable, et qui a sĂ»rement poussĂ© le gouvernement Ă introduire des dispositions beaucoup plus coercitives. Les articles 1 et 2 vont en effet permettre Ă l’Arcom, in fine, d’imposer un blocage administratif des sites pornographiques que l’autoritĂ© ne jugerait pas coopĂ©ratifs. Elle n’aurait plus Ă passer devant le juge. Reste Ă voir si ce genre de contraintes, qui n’ont pas marchĂ© par le passĂ© au Royaume-Uni, en Australie, et plus rĂ©cemment aux États-Unis, pourraient cette fois fonctionner en France.
Des blocages encore plus invasifs
Et l’option blocage ne devrait pas ĂŞtre cantonnĂ©e aux seuls sites pornographiques. Une autre disposition du texte veut cette fois mettre en place un filtre anti-arnaques qui serait appliquĂ© Ă toutes les strates de la navigation. L’article 6 obligera ainsi non seulement les fournisseurs d’accès internet, mais aussi les fournisseurs DNS et mĂŞme, nouveautĂ©, les navigateurs web Ă bloquer les sites d’arnaques. Ici encore, il s’agit d’une censure administrative, ne passant pas par le juge.
Des dispositions extrĂŞmement lourdes, qui donneraient de facto un contrĂ´le exceptionnel et inĂ©dit sur ce que peuvent voir les citoyens du pays. Les associations s’inquiètent ainsi d’un prĂ©cĂ©dent qui serait posĂ©, s’appliquant aujourd’hui sur les arnaques comme les sites de phishing, mais qui pourrait ensuite Ă l’avenir ĂŞtre appliquĂ© Ă d’autres types de contenus considĂ©rĂ©s par le pouvoir Ă©tatique du moment comme dangereux.

Quel avenir pour cette loi ?
Autant dire que le tableau est loin d’ĂŞtre rose. Il va falloir maintenant attendre l’examen par les dĂ©putĂ©s, examen qui pourrait apporter des changements substantiels avec la suppression des dispositions et des amendements les plus polĂ©miques. Ensuite, au vu du cĂ´tĂ© extrĂŞmement contraignant des mesures, un passage devant le conseil constitutionnel pourrait ĂŞtre presque certain. Et l’on se souvient que la dernière fois qu’un texte de ce genre est passĂ© devant la vĂ©nĂ©rable institution, il avait connu une censure quasi totale. Oui, l’on parle bien de la loi Avia.
Enfin, si les neuf sages n’utilisaient pas leur pouvoir de contrainte, nous verrons si techniquement cette volontĂ© politique pourra s’appliquer. Et si oui, au vu de l’ambition de contrĂ´le et de surveillance, nous pourrions vivre une nouvelle Ă©tape du dĂ©veloppement d’Internet, avec sĂ»rement, Ă l’instar de citoyens de pays beaucoup moins libres (qui a dit la Chine ?), une adaptation des internautes. Qui seront poussĂ©s Ă contourner beaucoup plus frĂ©quemment les pare-feux lĂ©gaux, et de manière bien plus massive ?
Sources : BFM TV, Konbini, La quadrature du net, Marc Rees sur X.com