CAPITAL 🔵 Smic : le salaire minimum légal va-t-il quand même être revalorisé le 1er janvier 2025 ?
Le Smic sera augmenté de 2% dès le 1er novembre 2024, soit deux mois plus tôt que prévu. Pour le gouvernement, l’urgence est de régler le problème des «trappes à bas salaires» plutôt que d’accorder un réel coup de pouce au Smic.
© Olivier Le Moal/Adobe Stock
Le Smic va augmenter plus tĂ´t que prĂ©vu. Ce mardi 1er octobre, lors de son discours de politique gĂ©nĂ©rale, le Premier ministre, Michel Barnier, a annoncĂ© une revalorisation du Smic de 2%, dès le 1er novembre 2024. Le salaire minimum lĂ©gal va ainsi passer de 1 398,70 Ă 1 426,67 euros net par mois. Et ce, «par anticipation» du 1er janvier 2025. Car pour mĂ©moire, le Smic peut augmenter dans trois cas diffĂ©rents : le 1er janvier de chaque annĂ©e – il s’agit de la revalorisation traditionnelle du salaire minimum lĂ©gal -, en fonction notamment de l’inflation pour les 20% de mĂ©nages les plus modestes ; en cours d’annĂ©e, si ce mĂŞme indicateur a augmentĂ© d’au moins 2% par rapport Ă son niveau pris en compte lors de la prĂ©cĂ©dente revalorisation (le 1er novembre de chaque annĂ©e, de manière gĂ©nĂ©rale) ; ou grâce Ă un «coup de pouce» du gouvernement.
Nous sommes donc dans le premier cas ici : c’est la traditionnelle revalorisation mécanique du Smic du 1er janvier qui est tout simplement avancée de deux mois, au 1er novembre. N’ayez pas de faux espoir, donc : il n’y aura pas de nouvelle augmentation du salaire minimum interprofessionnel de croissance le 1er janvier prochain. «Si la hausse de janvier est avancée en novembre, ce n’est pas pour en refaire une immédiatement en janvier», a tranché Antoine Armand, le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, au micro de RTL, ce mercredi 2 octobre.
La revalorisation du Smic avancée au 1er novembre, «une entourloupe indigne»
De quoi confirmer les craintes des députés de l’opposition, et notamment de gauche. «Barnier annonce triomphalement une hausse de 2% du Smic, ce qui équivaut grosso modo à 27 euros (net, NDLR) mensuels. Mais surtout, il s’agit seulement de la hausse mécanique du 1er janvier, avancée de deux mois. Entourloupe indigne», a critiqué le député Ecologiste et social Alexis Corbière sur son compte X (ex-Twitter), dès ce mardi, pendant la déclaration de politique générale du locataire de Matignon.
Assurant qu’il n’est pas possible de revaloriser davantage le Smic dans l’immédiat, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a estimé, ce mercredi sur Franceinfo, que le «vrai sujet» concerne «les trappes à bas salaires». Selon la cofondatrice d’En Marche (ancien nom du parti présidentiel Ensemble pour la République), «beaucoup de gens sont scotchés au Smic à vie» et il faut donc «avancer rapidement» sur la question, plutôt que de donner un coup de pouce au salaire minimum légal.
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Vers une remise Ă plat des cotisations patronales sur les salaires
Parmi les leviers à activer : une réforme du système d’allègements de cotisations patronales sur les salaires, qui désincite aujourd’hui les employeurs à revaloriser les plus faibles rémunérations. Ce jeudi 3 octobre, les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer doivent justement rendre un rapport sur le sujet, commandé par l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne. «On va regarder sans aucun tabou» les mesures proposées par les deux experts, a affirmé Astrid Panosyan-Bouvet sur Franceinfo, avant de nuancer : «Il faut faire attention à des mesures trop brusques parce qu’il ne faut pas non plus pénaliser l’emploi.»
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La ministre compte par ailleurs renforcer la pression mise sur les branches professionnelles ayant toujours des bas de grilles salariales en dessous du Smic (25, selon le dernier comptage du ministère du Travail). «Quand vous êtes aide ménagère et que vous devenez auxiliaire de vie après une formation, le gain (de rémunération, NDLR) n’est que de 7,55 euros brut par mois», a illustré la «marcheuse» de la première heure. Et ce, en raison d’un «tassement des salaires vers le bas», qui s’explique par le maintien de minima conventionnels inférieurs au Smic dans ces secteurs. «Je vais les convoquer avec la Direction générale du travail pour les inciter à avancer très sérieusement sur cette question», a prévenu Astrid Panosyan-Bouvet, ce mercredi.
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