CAPITAL 🔵 Quels sont les secrets de la carte Ă  puce, ce coffre-fort qui vous protège depuis 50 ans ? – Shango Media
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CAPITAL 🔵 Quels sont les secrets de la carte à puce, ce coffre-fort qui vous protège depuis 50 ans ?

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Temps de lecture : 3 min

Invention française, la carte à puce fête ses 50 ans en 2024. Reportage dans les Bouches-du-Rhône, où Thales fabrique cet objet qui protège aussi bien votre identité que votre compte en banque.

Les cartes à puce sont notamment utilisées pour les documents d'identité.

© Muriel Charrière / Thales

– Les cartes Ă  puce sont notamment utilisĂ©es pour les documents d’identitĂ©.

C’est un coffre-fort miniature que vous utilisez en permanence. Lorsque vous effectuez un paiement, il prouve votre solvabilité. Il vous permet aussi de franchir des frontières, d’ouvrir votre voiture, de passer des appels… Bref, de montrer au monde entier qui vous êtes. Ce «dispositif d’authentification», pour utiliser le langage des ingénieurs, fête son 50e anniversaire en 2024 : il s’agit de la carte à puce et, cocorico, c’est une œuvre française. Inventé en 1974 par l’autodidacte Roland Moreno, cet objet du quotidien est toujours fabriqué en France. Y a-t-il un avenir pour cette technologie avec le déploiement de la reconnaissance faciale et des autres solutions biométriques ? Pour avoir la réponse, direction Gémenos (Bouches-du-Rhône), dans l’usine de Thales, fleuron de la défense.

Une puce nichée dans un badge (encore une !) nous est nécessaire pour entrer dans ce temple de la sécurité. Plus de 900 personnes travaillent sur ce site pour fabriquer des cartes bancaires, des documents d’identité, des cartes SIM… Chaque jour, l’entreprise réalise 1 à 1,5 million de produits. Et l’activité ne faiblit pas. En 2023, le pôle «identité & sécurité numériques» (ou Thales DIS) a enregistré un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, en hausse de 4,1%. Sans le savoir, vous avez peut-être un morceau de Thales dans votre portefeuille : l’entreprise estime qu’elle équipe une personne sur trois en France, que ce soit sur les cartes bancaires ou sur les cartes SIM.

Des cartes bancaires pour Ă©viter les arnaques

L’infiniment petit, la puce, doit donc contenir l’infiniment grand, l’identité humaine. Une lourde responsabilité. Dans l’usine de Gémenos, Thales teste la résistance de ses produits dans plusieurs «salles de torture». Les cartes et documents d’identités sont tordus, frottés, soumis à des produits chimiques et subissent des tests climatiques. Puisque les gens peuvent ranger leur passeport dans une poche arrière, il faut aussi tester ce cas de figure avec une machine étonnante : reproduisant le galbe d’un fessier humain, une presse s’abat sur un passeport. Une opération répétée 350 fois. «Ce sont des normes internationales», glisse Evelyne Orance, responsable qualité et satisfaction client chez Thales DIS.

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Non loin de Gémenos, au centre de R&D de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), les ingénieurs de Thales réfléchissent aussi aux futurs moyens d’authentification. Installé au flanc d’une ancienne carrière, le site évoque une base secrète avec une vue imprenable sur la Méditerranée. «La carte à puce n’est pas morte, elle continue à vivre et elle change de format», se réjouit Ali Zeamari, responsable innovations chez Thales DIS. Certaines banques proposent déjà des cartes bancaires dans des matériaux innovants : par exemple en bois ou en plastique recyclé à partir de déchets récoltés lors d’opérations de nettoyage du littoral.

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Thales s’apprête également à lancer une «carte de paiement vocale», pour les personnes atteintes de cécité ou de déficience visuelle. Grâce à une application, le téléphone pourra communiquer oralement à l’utilisateur le montant de chaque transaction avant qu’il ne tape son code. Cette technologie permettrait de lutter contre les arnaques et les erreurs de paiement car, selon Thales, «90 % des personnes déficientes visuelles disent avoir déjà été victimes de fraudes». Cette solution pourrait aussi traduire et convertir les transactions pour les personnes voyageant à l’étranger.

Les passeports, le chantier ultra-sensible de Thales

Ces voyages Ă  l’étranger, Thales les sĂ©curise aussi en fabriquant des passeports. Une mission particulièrement importante, alors que les gouvernements font face aux menaces terroristes, aux tensions gĂ©opolitiques et aux crises migratoires. «Derrière tout cela, il y a une course Ă  la sĂ©curité», souligne Youzec Kurp, vice-prĂ©sident des solutions «identitĂ© et biomĂ©trie» chez Thales. Lampe bleue Ă  l’appui, le responsable nous montre les subtilitĂ©s d’un document d’identitĂ©, avec ses motifs invisibles Ă  l’Ĺ“il nu. «Il peut y avoir jusqu’à 50 Ă©lĂ©ments de sĂ©curitĂ© graphiques dans un document d’identité», chiffre Youzek Kurp.

Thales dit travailler sur 300 programmes d’identité. Mais pas n’importe lesquels, assure l’entreprise qui élabore également des solutions biométriques, qui peuvent s’appuyer sur des empreintes digitales, l’iris, la reconnaissance faciale, la voix… «On s’est interdit dans certains cas de fournir nos solutions biométriques s’il y a un usage qui peut en être détourné», insiste Youzek Kurp. Mais l’entreprise n’a pas souhaité donner plus de précisions sur ces gouvernements peu fréquentables.

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En Europe, l’entreprise travaille sur le futur «portefeuille europĂ©en d’identitĂ© numĂ©rique» qui pourrait ĂŞtre gĂ©nĂ©ralisĂ© en 2026. Il permettrait notamment aux citoyens de voyager sans leurs passeports physiques. Mais l’ère des puces n’est pas terminĂ©e, assure Benoit Jouffrey, vice-prĂ©sident des nouvelles technologies chez Thales DIS. Qu’elles soient nichĂ©es dans des cartes en plastique, dans un tĂ©lĂ©phone ou dans une bague. «Le gage de la sĂ©curitĂ©, c’est d’avoir un Ă©lĂ©ment physique, dĂ©diĂ© et rĂ©sistant Ă  l’intrusion. Sous quelle forme ? Je rĂ©ponds joker.» MalgrĂ© une sollicitation en ce sens, les ingĂ©nieurs de Thales nous ont confiĂ© avoir dĂ©jĂ  refusĂ© d’intĂ©grer des puces sous la peau.

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