CAPITAL 🔵 Paris FC : comment les fils Arnault, Antoine et Frédéric, se sont pris au jeu du football
Pierre Ferracci, propriĂ©taire du Paris FC, club de football leader de Ligue 2, bientĂ´t rachetĂ© par la famille Arnault et Red Bull, dĂ©taille Ă Capital la genèse de ce projet. Et dĂ©voile comment, si c’est Antoine Arnault qui est officiellement Ă la manoeuvre, son demi-frère FrĂ©dĂ©ric a aussi jouĂ© un rĂ´le moteur dans l’affaire.
© Illustration Capital // Sipa
– Les fils de Bernard Arnault, FrĂ©dĂ©ric et Antoine, ont assistĂ© en tribune Ă la victoire (2-1) du Paris FC contre Grenoble fin octobre.
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Dans cet automne pluvieux, une éclaircie a surgi au-dessus du Stade Charléty. Moins connu que le Parc des Princes (où évolue le PSG en Ligue 1) ou le stade Jean Bouin (Stade Français Paris, rugby), la troisième enceinte sportive de la capitale, installée entre le cimetière de Gentilly et le périphérique, n’a jamais eu les faveurs des amateurs de sports collectifs. Sa pelouse, qui a longtemps plus ressemblé à un bac à sable (parole de joueur), et ses tribunes ouvertes aux quatre vents, entourant une large piste d’athlétisme peu conviviale, ont toujours provoqué des spasmes chez les supporters du club résident, le Paris FC, qui depuis un an ne payaient même plus leur place pour assister aux rencontres du club de Ligue 2.
Le club de Pierre Ferracci, créé en 1972, avait en effet décider d’offrir les tickets à tous ceux qui en voulaient, histoire de faire revenir les gens au stade et d’augmenter l’affluence et les recettes des soirs de match. « Cette politique a porté ses fruits, indique à Capital le président du club qui vient d’entrer en négociations exclusives avec la famille Arnault (LVMH), qui prendra bientôt la majorité du capital aux côtés d’un autre investisseur de poids, le groupe autrichien de boissons énergétiques Red Bull. Nous avons construit un projet attractif pour de nouveaux investisseurs qui nourrissent des objectifs élevés ».
Le Paris FC refait déjà le plein en tribune
En moyenne, sur la saison dernière, 7 143 supporters assistaient ainsi à chaque match de ce club pensionnaire de Ligue 2, qui n’a encore jamais connu l’élite du football français. Mais depuis l’annonce du rachat, ça se bouscule aux portillons de Charléty. Lors du dernier match contre Grenoble (victoire 2-1), ils étaient près de 15 000 dans les tribunes ! « Le fait que nous ayons des performances sympathiques sur le terrain nous tire vers le haut. Mais notre projet est sur les rails depuis un moment puisque nous avons participé aux barrages d’accession à la Ligue 1 sur les quatre dernières années. J’avais fixé un objectif Ligue 1 sur les deux prochaines années. Mais quand j’ai vu que les négociations avec les possibles repreneurs étaient en bonne voie l’été dernier, nous avons fait un petit effort supplémentaire en fin de mercato », raconte Pierre Ferracci, évoquant ainsi les signatures de l’international ivoirien Jean-Philippe Krasso et de l’ex-marseillais, Maxime Lopez.
Les négociations dont parle Pierre Ferracci, ce sont donc celles qu’il a pu avoir avec les fils de Bernard Arnault, Antoine (47 ans) et Frédéric (29 ans) notamment. Si l’aîné est une figure déjà bien identifiée du sport business, en première ligne lors des JO de Paris 2024 puisque c’est lui qui présentait notamment les médailles fabriquées par la maison Chaumet (LVMH) aux côtés de Tony Estanguet en février dernier, c’est pourtant son demi-frère, de 18 ans son cadet, qui a, selon nos informations, propulsé le mouvement vers le Paris FC. À 29 ans, le PDG de la marque d’horlogerie Tag Heuer, a noué des contacts avec la galaxie Red Bull grâce à la Formule 1 où LVMH s’investit de plus en plus en sponsoring.
En octobre dernier, la F1 et le groupe français signaient même un partenariat de 100 millions d’euros sur 10 ans pour exposer encore davantage certaines marques de l’empire du luxe, comme Louis Vuitton, Moët Hennessy et … Tag Heuer. « Frédéric a noué de très bons contacts avec les dirigeants de Red Bull, notamment avec Oliver Mintzlaff (DG de Red Bull, N.D.L.R.). Il a pu constater leur expertise en data, en management, mais aussi dans l’évènementiel en général. Quand ils sont venus me voir ensemble l’été dernier, j’ai trouvé le binôme très attractif. Les Arnault savent qu’il faut s’entourer de compétences fortes pour réussir », confie Pierre Ferracci qui restera encore au capital pour une durée de trois ans normalement.
« Ce sera un club populaire, formateur, mixte et… Ă©lĂ©gant »
A l’issue de cette pĂ©riode, il cĂ©dera ses 30% restants aux deux actionnaires qui ont toutefois choisi de porter Antoine Arnault Ă la prĂ©sidence du Paris FC. « Je lui passerai la main, c’est ce qui est convenu, confirme l’actuel prĂ©sident. Il faut se fĂ©liciter d’attirer des forces Ă©conomiques nationales comme LVMH dans le football. La famille Arnault sera un actionnaire du Paris FC pour longtemps. Ils veulent jouer la coupe d’Europe et ils ont des ambitions Ă©levĂ©es ».
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Avec l’expertise de Red Bull pour dessiner la politique sportive et la force de frappe financière de LVMH pour amorcer la pompe, le Paris FC a une belle carte à jouer sur le papier pour offrir aux fans de foot parisiens une alternative au PSG. Il faudra tout de même définir une identité à ce club qui longtemps a eu l’étiquette de structure « SDF », sans stade fixe. Mais la ligne de conduite fixée avec la famille Arnault est claire. « Le Paris FC sera un club populaire, dans le sens d’être proche des gens, même si on ne continuera probablement pas la gratuité des places. Il sera aussi formateur, un peu comme le Barça, car il s’appuiera sur le vivier de l’Île-de-France, plus gros fournisseur mondial de talents avec São Paulo au Brésil. Il restera mixte car notre proximité entre les équipes féminines et masculines est quelque chose qui nous rassemble. Enfin, on y rajoutera une touche d’élégance à l’image des joueurs yougoslaves ou sud-américains qui ont joué ici, ou de notre ambassadeur Raï », détaille Pierre Ferracci dont la première mission est justement de trouver une alternative au Stade Charléty.
De premiers Ă©changes ont dĂ©jĂ eu lieu avec la Mairie de Paris (propriĂ©taire du stade Jean Bouin) et le Stade Français Paris (locataire de l’enceinte) pour permettre au Paris FC de jouer ses matchs la saison prochaine du cĂ´tĂ© de la Porte d’Auteuil, juste en face du Parc des Princes. Pour cela, le PFC devra dĂ©dommager le Stade Français pour occuper sa pelouse, qui devrait aussi ĂŞtre changĂ©e l’étĂ© prochain pour passer d’un terrain synthĂ©tique actuellement Ă une pelouse naturelle ou hybride, critère obligatoire pour le football professionnel français. Et Pierre Ferracci de conclure avec un sourire en coin: « l’an prochain, que l’on soit en Ligue 2 ou en Ligue 1, nous remplirons Jean Bouin ».
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