BFM TV 🔵 La fusée européenne Vega met en orbite un satellite pour sa dernière mission
Le satellite Sentinel-2C, du programme de l’Union europĂ©enne Copernicus, sera utile pour la surveillance de la qualitĂ© de l’eau, la gestion des catastrophes naturelles comme les feux de forĂŞt, les sĂ©ismes ou les inondations ainsi que la dĂ©tection des Ă©missions de mĂ©thane.
La fusĂ©e Vega a dĂ©collĂ© mercredi 5 septembre de Kourou, en Guyane française, et a mis en orbite un satellite d’observation, remplissant avec succès sa dernière mission dans sa configuration classique qui confirme le retour de l’Europe Ă la souverainetĂ© spatiale.
Initialement programmĂ© la veille mais retardĂ© de 24 heures en raison de « problèmes Ă©lectriques sur des connexions au sol » selon Arianespace, le dĂ©collage a finalement eu lieu mercredi Ă 22h50 (01h50 GMT), selon un correspondant de l’AFP sur place.
« DĂ©collage rĂ©alisĂ© avec succès pour la dernière mission Vega depuis le port spatial de l’Europe! », a Ă©crit sur le rĂ©seau X le Centre spatial guyanais.
La fusĂ©e transportait le satellite Sentinel-2C du programme de l’Union europĂ©enne Copernicus, qui a Ă©tĂ© mis avec succès en orbite hĂ©liosynchrone Ă environ 775 km d’altitude, 57 minutes et 27 secondes après le lancement, a par la suite annoncĂ© Arianespace sur X.
Faisant partie du programme spatial d’observation de la Terre, Sentinel-2C soutiendra un large Ă©ventail d’applications opĂ©rationnelles, dont la surveillance de la qualitĂ© de l’eau, la gestion des catastrophes naturelles comme les feux de forĂŞt, les sĂ©ismes ou les inondations ainsi que la dĂ©tection des Ă©missions de mĂ©thane.
Fin d’une annĂ©e noire
Cette mission, appelĂ©e VV24, Ă©tait la dernière du lanceur italien Vega, de la firme Avio, en service depuis 2012, avant le passage de relais Ă Vega C, une version amĂ©liorĂ©e et plus puissante mais clouĂ©e au sol depuis 2022 après un accident ayant causĂ© la perte de deux satellites d’Airbus.
Deux mois après le vol inaugural de la fusĂ©e Ariane 6, cette mission « est la deuxième partie de la restauration de l’autonomie spatiale et l’autonomie stratĂ©gique europĂ©enne », a commentĂ© pour l’AFP avant le lancement Philippe Baptiste, prĂ©sident du Centre national d’Ă©tudes spatiales (CNES).
Le succès dĂ©but juillet du premier vol d’Ariane 6, dont la mise au point a eu quatre ans de retard, a donnĂ© des ailes aux EuropĂ©ens et marquĂ© la fin de l’annĂ©e « noire » au cours de laquelle le Vieux Continent a Ă©tĂ© privĂ© d’accès Ă l’espace.
La reprise des vols de leurs lanceurs est d’autant plus stratĂ©gique pour les EuropĂ©ens qu’ils ont du mal Ă exister face au gĂ©ant amĂ©ricain SpaceX, qui lance ses fusĂ©es rĂ©utilisables Falcon 9 environ deux fois par semaine.
Un optimisme prudent est de mise concernant Vega C après l’accident de 2022, survenu alors que l’Europe Ă©tait dĂ©jĂ privĂ©e de Soyouz après l’invasion russe de l’Ukraine et dans l’attente d’Ariane 6.
« Je suis confiant. On sera prĂŞt Ă partir de fin novembre Ă lancer Vega C », a dĂ©clarĂ© Ă l’AFP Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial de l’Agence spatiale europĂ©enne (ESA) en ajoutant que le design du moteur, Ă l’origine de plusieurs anomalies, avait Ă©tĂ© « complètement revu » et les derniers tests concluants.
« Il y a beaucoup de pression sur Vega C, mais il n’y a aucune raison que cela ne se passe pas bien », a-t-il assurĂ©.
Des questions de rentabilité
Selon lui, l’ESA prĂ©pare dĂ©sormais un deuxième vol d’Ariane 6 en dĂ©cembre ainsi que six lancements d’Ariane 6 et quatre de Vega C en 2025.
« On est sorti d’une crise technique et politique de lanceur », a estimĂ© Pierre Lionnet, directeur de recherche Ă Eurospace, qui rassemble les industriels europĂ©ens de l’espace, interrogĂ© par l’AFP.
« En revanche, la grosse interrogation, c’est de savoir qui va acheter suffisamment de lancements pour que l’opĂ©rateur et les industriels puissent fournir les services Ă un tarif acceptable pour les clients et qui permettrait Ă l’ensemble de la chaĂ®ne industrielle de faire des profits », a-t-il ajoutĂ©.
Selon lui, de toutes les puissances mondiales, l’Europe est « le plus petit client pour les besoins de lancement » et doit trouver sa place sur un marchĂ© « qui s’est radicalement modifié ». Pour Toni Tolker-Nielsen de l’ESA, il faudra au moins « une dizaine d’annĂ©es » Ă l’Europe pour devenir compĂ©titive dans ce domaine face aux Etats-Unis.