20 MINUTES 🔵 « Tu vas t’habituer »… Dans ce collège, les 6es sont privĂ©s de leur portable – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 « Tu vas t’habituer »… Dans ce collège, les 6es sont privés de leur portable

11h55. Dans cinq minutes, la cloche sonnera pour signifier la fin des cours. En attendant, ils s’activent pour sortir les boĂ®tes soigneusement rangĂ©es dans le bureau du CPE. Dans chacune d’entre elles, des dizaines de pochettes en plastique renfermant les tĂ©lĂ©phones portables des Ă©lèves. A Oullins, près de Lyon, le collège Marcel-Pagnol a fait le choix d’expĂ©rimenter la « pause numĂ©rique Â».

« Autant commencer maintenant, sourit le principal Yann Durozad. Plus on anticipe, mieux on saura gĂ©rer. Â» Cette mesure, souhaitĂ©e par le gouvernement, devrait ĂŞtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e dès janvier 2025. Ici, la question s’est posĂ©e très rapidement. Un premier test avait Ă©tĂ© lancĂ© en juin dernier lors du « bal des 3es Â», oĂą les portables ont Ă©tĂ© bannis. « On a installĂ© une PhotoBox pour que les Ă©lèves puissent avoir des photos souvenir. RĂ©sultat, ils Ă©taient libĂ©rĂ©s et se sont amusĂ©s sans leurs tĂ©lĂ©phones Â», poursuit-il, convaincu qu’il fallait se lancer dans le grand bain lors de cette rentrĂ©e.

« On ne peut pas avoir un adulte derrière chaque Ă©lève Â»

L’objectif est double : lutter contre les risques de cyberharcèlement et dĂ©sintoxiquer les plus accros. « Les Ă©lèves sont addicts Ă  l’objet, constate le principal. Ils ne peuvent pas s’empĂŞcher de regarder l’heure ou s’ils ont des notifications. Â» Pourtant, les tĂ©lĂ©phones sont dĂ©jĂ  interdits dans les Ă©tablissements scolaires depuis 2018. Ils doivent ĂŞtre Ă©teints et rangĂ©s au fond du sac. En rĂ©alitĂ©, ils ne sont jamais bien loin et souvent encore allumĂ©s.

« Ici, on a 350 Ă©lèves, on ne peut pas avoir un adulte derrière chacun d’entre eux pour vĂ©rifier qu’ils ne regardent pas discrètement leur tĂ©lĂ©phone Â», poursuit Yann Durozad qui a dĂ©cidĂ© d’instaurer cette mesure auprès des 6es uniquement. « Plus on commence tĂ´t, plus il est simple de changer les comportements. Â»

Car dans la cour de l’établissement, on sent les « plus grands Â» dĂ©jĂ  rĂ©ticents Ă  cette idĂ©e. « Un tĂ©lĂ©phone, c’est intime. Moi, j’ai pas envie de le laisser comme ça, annonce Zahira, Ă©lève de 4e au look sportif. Je ne fais pas confiance. Â» « C’est un peu sĂ©vère, les tĂ©lĂ©phones sont dĂ©jĂ  interdits. Le mien, je ne m’en sers pas en cours Â», abonde sa copine Ambre. Dyna n’est guère plus convaincue : « Ils devraient confisquer les portables Ă  ceux qui se font toujours pincer mais pas aux autres. Pas Ă  ceux qui restent tranquilles. Â»

Ceux qui oublient se font « cramer Â»

A l’heure de rĂ©cupĂ©rer le sien, Pauline, 6e aux taches de rousseur, ne s’en plaint pas. « C’est une bonne chose parce que ça ne permet pas rester trop sur les Ă©crans. Â» Un brin accro ? « Oui, j’ai tendance… Â», rĂ©pond l’élève, sourire gĂŞnĂ©. « Ă‡a m’aide Ă  me concentrer et Ă  mieux Ă©couter Â», confirme Beyram du haut de ses 10 ans. « Avant, quand on entendait une sonnerie, on regardait d’oĂą ça venait. LĂ , au moins, on n’est pas perturbĂ© Â», appuie sa sĹ“ur Lina.

« C’est une très mauvaise chose Â», la contredit Fella, vĂŞtue d’un sweat violet et pochette en main. Pourquoi ? Haussement d’épaules. « Je pense que c’est mieux de les garder et de les mettre en mode silence ou avion. Â». Si ZaĂŻneb, s’est pliĂ©e Ă  la règle de bonne foi, elle reconnaĂ®t que « parfois, son tĂ©lĂ©phone lui manque. Je suis contente de le retrouver Ă  la sortie. Â» « Tu vas t’habituer Â», rigole Darith au sourire espiègle. Et d’enchaĂ®ner : « L’autre jour, il y a un Ă©lève qui n’avait pas dĂ©posĂ© son tĂ©lĂ©phone. Il s’est fait cramer. Â»

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« Favorable Â» Ă  cette mesure, Marie-Laure Duret, prof d’EPS et prof principal n’a pas encore « assez de recul Â» pour voir des changements parmi ses Ă©lèves. « Au moins, ils ne sont plus tentĂ©s de regarder leurs portables Â», sourit-elle, prĂ©cisant qu’elle n’a « pas eu de rĂ©fractaires Â». « Ils se plient facilement au règlement Â», ajoute-t-elle. Les familles aussi, visiblement. « Cette semaine, on a vu parfois deux tĂ©lĂ©phones dans les pochettes. Il y avait celui de l’élève de 6e et celui du grand frère ou de la grande sĹ“ur, relate Yann Durozard. Les parents, d’eux-mĂŞmes, ont eu le rĂ©flexe. Â»

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