20 MINUTES 🔵 Pourquoi les Français n’ont-ils pas plus contestĂ© la paralysie politique ? – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 Pourquoi les Français n’ont-ils pas plus contesté la paralysie politique ?

Que retiendra-t-on de la sĂ©quence politique de cet Ă©tĂ©, durant laquelle la France s’est retrouvĂ©e sans Premier ministre et avec un gouvernement dĂ©missionnaire pendant plus de 50 jours ? La paralysie politique ou l’inaction de la rue ? Souvent prĂ©sentĂ© en peuple rĂ©volutionnaire et toujours prĂŞt Ă  faire grève au moindre contretemps, le Français n’aura que très peu contester ce temps suspendu. Aucune manifestation, nulle grève, pas le moindre mouvement social n’a Ă©mergĂ©. Le peuple s’est retrouvĂ© comme Matignon : inerte et figĂ©.

« L’étĂ© se prĂŞte peu aux manifestations, et cette annĂ©e encore moins avec l’organisation des Jeux olympiques, oĂą il Ă©tait littĂ©ralement interdit de manifester dans Paris Â», rappelle Eddy Fougier, politologue et spĂ©cialiste des mouvements contestataires. Le caractère inĂ©dit de la sĂ©quence explique Ă©galement, selon l’expert, l’encĂ©phalogramme plat cĂ´tĂ© pavĂ© : « on n’a jamais connu un tel moment politique, et c’est normal d’être un peu dĂ©boussolĂ© au moment de savoir comment rĂ©agir. Â»

« Plus facile de manifester contre un nom que sur du vide Â»

D’autant plus que pour motiver les foules Ă  sortir les fourches, il y a plus motivant que l’absence d’un Premier ministre. « C’est plus facile de manifester contre un nom prĂ©cis ou une personne que sur du vide et de l’attente Â», rappelle Eddy Fougier. Autre raison, la durĂ©e de la sĂ©quence : « il y a eu une impossibilitĂ© de mettre des actions en place car personne ne savait combien de temps cela allait durer. Le prĂ©sident n’a fait que repousser l’échĂ©ance, sans annoncer directement qu’il n’y aurait toujours pas de Premier ministre dĂ©but septembre. Â»

Pas plus qu’il y avait juste lĂ  un adversaire contre lequel se mobiliser, il n’y a pas eu non plus un hĂ©raut Ă  dĂ©fendre, explique Maxime Quijoux, sociologue et politiste, chargĂ© de recherche au CNRS : « pour la gauche, le profil dĂ©signĂ©, Lucie Castets, n’est pas très connu. Les autres partis n’en ont pas proposĂ©. C’est bien de demander Ă  la population de se mobiliser, mais se mobiliser pour quoi ou pour qui ? Â»

« La politique fonctionne en vase clos Â»

Sans compter un certain dĂ©sintĂ©rĂŞt : « les intrigues de Matignon semblent loin des prĂ©occupations quotidiennes des Français. On a vu une très forte mobilisation contre la rĂ©forme des retraites, car elle concernait directement la population et que la cible Ă©tait identifiĂ©e. Â»

« Depuis vingt ans, la politique fonctionne en vase clos et les dirigeants semblent prendre des dĂ©cisions indĂ©pendamment du vote des gens, de leur vie, de leurs soucis, poursuit Maxime Quijoux. Cela s’est accentuĂ© sous Emmanuel Macron, aucun Ă©vènement ne semble avoir de l’emprise. Les Ă©meutes des  »gilets jaunes », les manifestations contre la rĂ©forme des retraites, et dĂ©sormais mĂŞme le rĂ©sultat des Ă©lections. Â»

Au point d’obtenir « une rĂ©signation très forte de la population. Il y a une dĂ©politisation et un refus d’investir le champ politique, avec la croyance que cela ne changera rien. Sans compter la rĂ©pression violente des prĂ©cĂ©dents mouvements… Â» De quoi expliquer la torpeur ambiante. « S’il n’y a pas plus d’agitation, c’est parce que la majoritĂ© des Français ne s’estiment pas lĂ©sĂ©s. Si la population considĂ©rait qu’il y avait un vol dĂ©mocratique majeur, JO ou pas, Ă©tĂ© ou non, il y aurait eu des mobilisations fortes. Â»

« Très dur de dire que les Français ont Ă©tĂ© dociles Â»

Sauf que ce jeudi Michel Barnier est devenu le nouveau Premier ministre. De quoi rĂ©veiller le peuple qui dort ? « Pour le moment, on Ă©tait dans une  »drĂ´le de guerre ». Il ne se passait rien dehors car il ne se passait rien en politique, analyse Eddy Fougier. Maintenant que le profil est connu, des mobilisations peuvent se mettre en place. Â» Idem, la pĂ©riode de la rentrĂ©e se prĂŞte plus aux mouvements, rappelle l’expert. Preuve en est, avant mĂŞme qu’un nom ne sorte enfin, une manifestation organisĂ©e par La France insoumise Ă©tait prĂ©vue ce samedi, tandis que la CGT appelait Ă  une riposte sociale le 1er octobre.

« Au vu de toutes ces conjonctures, il me semble très dur de dire que les Français ont Ă©tĂ© dociles, conclut Maxime Quijoux. Et rien ne se perd. C’est rare qu’une mobilisation dĂ©marre Ă  la première colère. La frustration s’emmagasine, se cumule, pour s’exprimer plus tard. Â» Fin du calme, dĂ©but de la tempĂŞte ?

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