20 MINUTES 🔵 Mais c’est quoi ce « dĂ©rapage massif » du dĂ©ficit public ? – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 Mais c’est quoi ce « dérapage massif » du déficit public ?

C’est l’alerte rouge sur les comptes publics. Les commissions des Finances du Parlement ont reçu de Bercy, ce lundi, des documents dĂ©taillant les propositions de crĂ©dits des ministères en 2025. Un classique. Sauf que cette fois, ces documents mentionnent Ă©galement pour 2024 un « dĂ©rapage massif Â» du dĂ©ficit public. 20 Minutes fait le point, alors que se mĂŞlent budget 2025, dĂ©penses « excessives Â», PIB et rĂ©partition des crĂ©dits par ministère.

Quel est le montant de ce dĂ©ficit public ?

Le dĂ©ficit public est le solde des comptes de l’Etat, de la SĂ©curitĂ© sociale et des collectivitĂ©s locales. HĂ© bim, plus consĂ©quentes que prĂ©vu, les dĂ©penses des collectivitĂ©s pourraient pousser le dĂ©ficit public Ă  5,6 % du PIB cette annĂ©e, au lieu de 5,1 % espĂ©rĂ©s. Selon des documents budgĂ©taires transmis par Bercy, il se creuserait Ă  6,2 % du PIB en 2025 – au lieu de 4,1 % anticipĂ©s par l’exĂ©cutif sortant – si 60 milliards d’économies n’étaient pas rĂ©alisĂ©es.

En somme, ce surcroĂ®t de dĂ©penses pourrait « dĂ©grader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros par rapport Â» Ă  la trajectoire de dĂ©ficit envoyĂ©e Ă  Bruxelles au printemps.

Qui est Ă  l’origine de ce dĂ©rapage ?

On vient de l’écrire plus haut et Bruno Le Maire ainsi que Thomas Cazenave ont bien insistĂ© : ce bond du dĂ©ficit provient de « l’augmentation extrĂŞmement rapide des dĂ©penses des collectivitĂ©s Â». Ceci sans compter que, dĂ©jĂ  abaissĂ©es de « près de 30 milliards d’euros Â» au printemps, les prĂ©visions de recettes fiscales pourraient ne pas ĂŞtre atteintes, ont fait savoir le ministre dĂ©missionnaire des Finances Bruno Le Maire et le ministre dĂ©missionnaire dĂ©lĂ©guĂ© aux Comptes publics Thomas Cazenave ce lundi soir. Et si on y ajoute l’incertitude politique qui empĂŞche le dĂ©ploiement de nouvelles dĂ©cisions…

AccusĂ©es de faire dĂ©river les comptes publics, les collectivitĂ©s territoriales ont dĂ©jĂ  contre-attaquĂ©, dĂ©nonçant mardi des chiffres « fallacieux Â», des propos de ministres dĂ©missionnaires « culottĂ©s Â» voire « irresponsables Â». « Le gouvernement dĂ©missionnaire semble ignorer ses propres turpitudes Â», a fait savoir l’association France urbaine. « Seize milliards, c’est un chiffre Ă©norme. Nous sommes indignĂ©s par le fait qu’on balance des chiffres ni vĂ©rifiĂ©s, ni discutĂ©s Â», a critiquĂ© Antoine HomĂ©, coprĂ©sident de la commission des finances de l’AMF.

Les dĂ©penses des collectivitĂ©s locales ont reprĂ©sentĂ© 19 % de la dĂ©pense publique en 2022, contre 40 % pour l’Etat, selon l’Insee.

Existe-t-il une date butoir pour inverser la tendance ?

VisĂ©e depuis fin juillet par une procĂ©dure europĂ©enne pour dĂ©ficit excessif, la France, comme six autres mauvais Ă©lèves de l’UE tels que l’Italie, la Hongrie ou la Belgique, doit envoyer avant le 20 septembre Ă  la commission europĂ©enne son plan de redressement des comptes publics jusqu’à 2027. Elle doit ainsi normalement prĂ©senter un dĂ©ficit de 5,1 % du PIB cette annĂ©e, puis de 4,1 % en 2025, et infĂ©rieur Ă  3 % en 2027.

Et, donc, quelles sont les dĂ©penses de l’Etat ?

Par souci « rĂ©publicain Â», selon Matignon, mais aussi pour faire avancer le budget de l’Etat, texte lourd qui doit ĂŞtre votĂ© et publiĂ© le 31 dĂ©cembre au plus tard, l’exĂ©cutif dĂ©missionnaire a prĂ©parĂ© pour son successeur un budget 2025 sur la base de dĂ©penses de l’Etat Ă©quivalentes Ă  celles de 2024, soit 492 milliards d’euros… mais rĂ©partis diffĂ©remment. La rĂ©partition des crĂ©dits par ministère – une Ă©bauche qui pourra ĂŞtre rĂ©visĂ©e par le prochain exĂ©cutif mais dans des dĂ©lais très serrĂ©s – a Ă©tĂ© communiquĂ©e lundi soir aux parlementaires.

Sans surprise, vu le contexte international extrĂŞmement instable, c’est, selon la commission des Finances de l’AssemblĂ©e, la mission budgĂ©taire « DĂ©fense Â» qui s’en sort le mieux (+ 7 % de crĂ©dits). Les crĂ©dits de la mission « SĂ©curitĂ©s Â» (police et gendarmerie) augmenteraient pour leur part de 6 %. Toujours selon la commission des Finances, l’aide publique au dĂ©veloppement (-18 %), le sport (-11 %), l’agriculture (-6 %), l’outremer (-4 %) sont les grands perdants de ce budget remaniĂ©.

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Dans un communiquĂ© de presse, le prĂ©sident de la commission des Finances de l’AssemblĂ©e nationale Eric Coquerel (LFI) a indiquĂ© ce mardi soir que le travail (+ 1 %) et l’éducation nationale (+ 0,5 %) « seront Ă©galement concernĂ©s par une baisse de moyens Â», puisque l’augmentation des crĂ©dits prĂ©vus est infĂ©rieure Ă  une inflation prĂ©visible autour de 2 % l’an prochain.

Quelles sont les solutions ?

Faut-il tailler davantage dans les dĂ©penses comme le souhaite l’exĂ©cutif sortant ? AccroĂ®tre les recettes fiscales comme le prĂ´ne la gauche ? Quelles que soient les mesures prĂ©conisĂ©es par le prochain gouvernement, dont la mise en place se fait attendre, des efforts plus consĂ©quents apparaissent inĂ©vitables. CĂ´tĂ© dĂ©penses, après avoir annulĂ© en fĂ©vrier 10 milliards d’euros de crĂ©dits, Bercy en a depuis encore gelĂ© 16,5 milliards. De quoi compenser, pour peu que ces crĂ©dits soient effectivement annulĂ©s, une grande partie du dĂ©rapage. Mais pour cela « une loi de finances rectificative serait indispensable Â», estime Eric Coquerel, qui juge le message de Bercy « volontairement alarmant Â» et destinĂ© Ă  aboutir Ă  ce rĂ©sultat. Selon lui, il faudrait miser sur l’augmentation des recettes, via la taxation « des revenus du capital des plus riches Â» et l’augmentation des salaires, « pour qu’il y ait plus de cotisations qui rentrent Â» dans les caisses de l’Etat et de la SĂ©curitĂ© sociale.

Et si de tels efforts accrus Ă©taient engagĂ©s, suffiraient-ils pour permettre qu’un jour on voie les comptes français passer dans le vert ? « C’est utopique, tranche auprès de l’AFP François Ecalle, prĂ©sident du site spĂ©cialisĂ© Fipeco. Ramener le dĂ©ficit public au-dessous de 3 % sera difficile, alors revenir Ă  zĂ©ro, je pense qu’on y arrivera jamais. Quel que soit le gouvernement. Â»

Quelles sont les rĂ©actions ?

Dans un communiquĂ©, les dĂ©putĂ©s du Groupe Ă©cologiste et social (GES) ont regrettĂ© ce mardi que le gouvernement prĂ©voit « une fois de plus des coupes sĂ©vères dans les dĂ©penses de transition Ă©cologique Â». « Alors que 2024 s’annonce comme une annĂ©e de records de chaleur, ces coupes budgĂ©taires austĂ©ritaires sont inacceptables Â», tonne le groupe de gauche. Dans un communiquĂ© distinct, Oxfam France s’est indignĂ©, elle, de la rĂ©duction envisagĂ©e de l’aide publique au dĂ©veloppement, « dramatique au vu des besoins humanitaires des populations les plus pauvres Â».

Sur LCI, le dĂ©putĂ© de droite Olivier Marleix a estimĂ© qu’il y avait « urgence Ă  redresser la situation Â», quand l’économiste Bruno Cavalier, d’Oddo BHF s’est demandĂ© si « la France aura un budget sĂ©rieux avant la Saint-Glinglin Â».

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Enfin, sur BFM Business, Eric Coquerel, toujours lui, a Ă  nouveau jugĂ© mardi qu’il s’agissait « d’une politique d’austĂ©ritĂ© […] qui ne fai[sait] qu’aggraver le problème, tout simplement parce que dans un moment oĂą l’activitĂ© Ă©conomique faiblit dans le monde, quand vous baissez les dĂ©penses publiques, vous augmentez l’aspect rĂ©cessif de cette politique. […] La politique de l’offre et de la compĂ©titivitĂ© que manifestement le prĂ©sident Macron entend poursuivre, emmène toujours plus vite le pays dans le mur. Â»

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