20 MINUTES 🔵 Les lycĂ©ens de Ravel regrettent « l’ampleur d’une affaire qui n’en est pas une » – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 Les lycéens de Ravel regrettent « l’ampleur d’une affaire qui n’en est pas une »

Les Ă©lèves de la citĂ© scolaire Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris commencent Ă  s’habituer Ă  la prĂ©sence de camĂ©ras et de journalistes devant les grilles de leur Ă©tablissement. Ce jeudi matin, malgrĂ© la prĂ©sence de six policiers Ă  l’entrĂ©e de l’école, tous arrivent, sac sur le dos, comme si de rien n’était.

Pourtant la veille, leur ancien proviseur qui a dĂ©missionnĂ© après avoir Ă©tĂ© menacĂ© de mort sur Internet suite Ă  une altercation avec une Ă©lève au sujet de son voile Ă©tait reçu par Gabriel Attal. Un peu plus tard dans la soirĂ©e, le Premier ministre annonçait qu’une plainte serait dĂ©posĂ©e au nom de l’Etat contre l’étudiante de BTS pour « dĂ©nonciation calomnieuse Â».

Pas un sujet de discussion pour les élèves

« Ce n’est pas vraiment un sujet. Ă€ part le lendemain de l’annonce sur Pronote de la dĂ©mission du proviseur, on n’en parle pas entre nous Â», explique ThĂ©o, 15 ans, assis sur le trottoir. Comme lui, tous les Ă©lèves s’accordent pour dire que le sujet n’est pas au cĹ“ur des discussions dans la cour de l’école.

« Franchement, Ă  part la prĂ©sence des mĂ©dias, ça ne change pas grand-chose pour nous. Le proviseur, on le connaĂ®t de vue mais il n’est pas vraiment en contact avec nous tous les jours Â», ajoute Marc-Aurèle, lui aussi en seconde. Ă€ l’exception de « quelques sĂ©ances de discussions Â» avec certains professeurs, l’histoire reste plutĂ´t anecdotique pour son ami Lucas.

« Juste l’histoire d’un prof qui a engueulĂ© une Ă©lève Â»

Les Ă©lèves notent tout de mĂŞme la prĂ©sence policière devant l’établissement et celle de trois personnels de sĂ©curitĂ© qui font des rondes Ă  l’intĂ©rieur. Symboles de « l’emballement Â» de l’affaire selon beaucoup d’entre eux.

Des policiers devant le lycée Maurice-Ravel, à Paris, le 5 mars 2024.
Des policiers devant le lycĂ©e Maurice-Ravel, Ă  Paris, le 5 mars 2024. - M. Garnier/Sipa

« Il y a une vraie diffĂ©rence entre le calme Ă  l’intĂ©rieur, et ce qu’on entend dans les mĂ©dias et sur les rĂ©seaux sociaux Â», s’étonne AnaĂŻs, Ă©lève en première. Avec son ami Marius, ils regrettent « l’ampleur d’une affaire qui n’en est pas une Â». « C’est juste l’histoire d’un prof qui a engueulĂ© une Ă©lève, ça ne devrait pas dĂ©passer ce cadre Â», explique-t-il.

Cette histoire, ils sont nombreux parmi les Ă©lèves Ă  vouloir la faire « redescendre Â» ce matin devant le lycĂ©e. D’abord parce que si les versions divergent, tous s’accordent pour dire que les faits ont Ă©tĂ© « gonflĂ©s Â». « Au dĂ©but, on a tous entendu que le proviseur l’avait giflĂ©e [l’élève qui refusait de retirer son voile]. Mais au fur et Ă  mesure des discussions, on a compris que ce n’était pas ce qui s’était passĂ© Â», explique Lucas, Ă©lève de seconde.

Diverses instrumentalisations des faits

« Est-ce qu’il lui a touchĂ© le bras et elle l’a mal compris ou mal pris ? Peut-ĂŞtre qu’il a Ă©tĂ© plus violent dans le ton que dans les gestes ? On ne sait pas comment elle l’a vĂ©cu, raconte Zoya, mais il sait qu’il y a beaucoup de tĂ©moins donc s’il porte plainte en disant qu’elle a menti, c’est qu’il doit se savoir innocent. Â»

« Le problème c’est que ça a Ă©tĂ© repris par des mĂ©dias d’extrĂŞme droite et des gens comme Pascal Praud racontent n’importe quoi et font gonfler le truc, accuse Marius, la situation est regrettable, mais ce n’est pas une raison pour en faire des tonnes, parce qu’après ça arrive aux oreilles de personnes folles et ça finit comme ça, avec des menaces graves. Â»

Reprise par les mĂ©dias, l’affaire serait aussi alimentĂ©e de l’intĂ©rieur par des Ă©lèves en demande de sensations… ou de vacances selon Killian, Ă©lève en première. « Il y en a qui s’amusent Ă  raconter n’importe quoi sur les rĂ©seaux sociaux, juste pour s’amuser. Ça leur fait du divertissement. Mais il y en a aussi qui font ça en espĂ©rant qu’il y ait un blocage et qu’on puisse ĂŞtre dispensĂ© de cours. Â»

Ça « fait beaucoup de peine Â» pour le proviseur

Ces mĂŞmes Ă©lèves doivent alors se rĂ©jouir de l’annonce d’une plainte de l’Etat contre l’élève, ce que regrette personnellement Yasmine : « C’est excessif, on ne sait pas comment l’élève a vĂ©cu la situation. Peut-ĂŞtre que ce n’est pas si grave, mais il faudrait prendre le temps de discuter avec elle et le proviseur avant non ? Â» PosĂ©e, l’élève reconnaĂ®t tout de mĂŞme qu’avec les prĂ©cĂ©dents problèmes liĂ©s Ă  la laĂŻcitĂ© dans les Ă©coles, certains garde-fous doivent ĂŞtre posĂ©s.

Elle, comme beaucoup d’autres regrettent surtout la situation du proviseur, « contraint Â» Ă  quitter ses fonctions pour sa propre sĂ©curitĂ©. Un retrait « qui fait beaucoup de peine Â», mais « logique Â» selon Marius. Pour Lise, « ce n’était pas Ă  lui de partir, il a juste fait son mĂ©tier, il n’avait pas Ă  recevoir des menaces de mort pour avoir fait ça Â».

Tout aussi triste, Killian aimerait que l’histoire retombe et qu’on parle davantage « des salles dĂ©labrĂ©es et de l’état de l’école Â» plutĂ´t que d’une simple histoire de couloir de lycĂ©e.

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