20 MINUTES 🔵 La Cour des comptes prĂ©conise de supprimer 100.000 postes dans les collectivitĂ©s locales – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 La Cour des comptes préconise de supprimer 100.000 postes dans les collectivités locales

La mission de la Cour des comptes ? Identifier des pistes d’économies pour ramener le dĂ©ficit public de la France, qui devrait dĂ©passer les 6 % du PIB en 2024, dans les clous europĂ©ens. Pour cela, elle a proposĂ©, ce mercredi, une mesure choc : rĂ©tablir Ă  leur niveau de 2010 les effectifs des collectivitĂ©s, ce qui Ă©quivaudrait Ă  une rĂ©duction de 100.000 emplois.

« Les dĂ©penses de personnel, qui reprĂ©sentent un quart des dĂ©penses des collectivitĂ©s, connaissent une croissance soutenue, majoritairement portĂ©e par le « bloc communale » Â», Ă  savoir les communes et les intercommunalitĂ©s, observe la Cour dans un rapport. « Alors que les effectifs ont beaucoup augmentĂ© jusqu’à rĂ©cemment, malgrĂ© l’absence de nouveaux transferts de compĂ©tences, la maĂ®trise de leur Ă©volution est un enjeu central Â», soulignent les magistrats.

4,1 milliards d’euros d’économie par an

Les sages de la rue Cambon prĂ©cisent que la « hausse des effectifs (depuis 2011) a concernĂ© principalement les intercommunalitĂ©s Â», qui se sont dĂ©veloppĂ©es sur cette pĂ©riode, et « n’a pas Ă©tĂ© compensĂ©e par une baisse Ă©quivalente dans les communes Â». Ils prĂ©conisent un « retour progressif des effectifs des collectivitĂ©s Â», qui emploient environ 2 millions de personnes, « Ă  leur niveau du dĂ©but des annĂ©es 2010 Â», soit une « rĂ©duction de 100.000 emplois Â», ce qui permettrait d’économiser 4,1 milliards d’euros par an dès 2030.

Cette proposition potentiellement explosive, dont les associations d’élus locaux contestent les motivations, fait Ă©cho Ă  celle d’Emmanuel Macron qui envisageait en 2017 de supprimer 120.000 postes dans la fonction publique. « Le personnel territorial ne peut ĂŞtre rĂ©duit Ă  une question comptable Â», a estimĂ© le prĂ©sident de l’Association des maires de France (AMF) David Lisnard dans sa rĂ©ponse Ă©crite, rappelant que les intercommunalitĂ©s « se voient confier des compĂ©tences qui ne sont pas toujours prĂ©alablement exercĂ©es par les communes Â».

Les magistrats de la Cour des comptes dĂ©fendent un « schĂ©ma de mutualisation Â» entre les diffĂ©rents niveaux de collectivitĂ©s locales qui « doivent permettre de faire mieux fonctionner les services publics Â». Dans ses perspectives pour 2024, la Cour Ă©value Ă  +5,4 % la hausse des dĂ©penses de fonctionnement des collectivitĂ©s sur les huit premiers mois de l’annĂ©e. Outre le personnel, elles sont tirĂ©es par des achats de biens et services dopĂ©s par l’inflation, ainsi que par des dĂ©penses sociales liĂ©es Ă  l’augmentation de la prĂ©caritĂ©.

« DĂ©rapage Â»

Les dĂ©penses d’investissement accĂ©lèrent elles aussi du fait du « cycle Ă©lectoral municipal Â», qui voit logiquement aboutir les projets votĂ©s en dĂ©but de mandat. Les collectivitĂ©s ne sont pourtant pas toutes en bonne santĂ©, reconnaĂ®t le rapport. Comme en 2023, communes et intercommunalitĂ©s tirent leur Ă©pingle du jeu, mais c’est moins le cas des rĂ©gions, et encore moins des dĂ©partements, largement plombĂ©s par la chute des droits de mutation Ă  titre onĂ©reux (DMTO) prĂ©levĂ©s sur les transactions immobilières.

CĂ´tĂ© recettes, celles de TVA, qui remplacent la taxe d’habitation sur les rĂ©sidences principales, ne seront pas si bonnes qu’espĂ©rĂ©, si bien que la trajectoire financière des collectivitĂ©s « dĂ©rape de plus en plus Â» par rapport Ă  ce que prĂ©voyait la loi de programmation des finances publiques 2023-2027, prĂ©vient la Cour.

Alors que le Premier ministre Michel Barnier souhaite ramener le dĂ©ficit public sous les 3 % du PIB d’ici Ă  2029, la Cour imagine des pistes de « participation Â» des collectivitĂ©s, rappelant que ces dernières reprĂ©sentaient 17,8 % des dĂ©penses publiques en 2023. Le rapport prĂ©conise de « massifier et mutualiser les achats Â» entre collectivitĂ©s, potentielle source de 5 milliards d’euros d’économies par an, et de recentrer leurs investissements sur la transition Ă©cologique.

« Effet de ciseau Â»

PlutĂ´t que d’encadrer les dĂ©penses, ce Ă  quoi s’opposent fermement les collectivitĂ©s au nom du principe constitutionnel de libre administration, les magistrats tablent sur un « ralentissement de l’évolution des recettes Â». Ce qui pourrait passer par la fin de « l’indexation sur l’inflation des valeurs locatives cadastrales des taxes foncières Â» ou « l’écrĂŞtement d’une partie de la dynamique de TVA Â», première recette des collectivitĂ©s.

« Nous ne pouvons souscrire Ă  une proposition consistant Ă  induire […] un effet de ciseau dans le budget des collectivitĂ©s Â», a rĂ©pondu la prĂ©sidente de France urbaine Johanna Rolland. L’AMF a elle dĂ©noncĂ© la « brutalitĂ© de ces propositions Â», qui conduiraient selon elle « Ă  un affaiblissement inĂ©dit de la capacitĂ© d’agir du bloc communal Â».

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