20 MINUTES 🔵 A Poltava, « une frappe d’opportunité » qui a fait plus de 50 morts – Shango Media
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20 MINUTES 🔵 A Poltava, « une frappe d’opportunité » qui a fait plus de 50 morts

«Il s’est Ă©coulĂ© très peu de temps entre le dĂ©clenchement des sirènes antiaĂ©riennes et l’explosion Â», raconte Volodymyr dans les colonnes du Washington Post. Puis, « un deuxième missile est arrivĂ© Â» très rapidement. « Tout le monde est sous le choc. Â»

Une frappe russe, mardi Ă  Poltava (Ukraine), une ville situĂ©e Ă  environ 300 kilomètres Ă  l’est de Kiev, a fait au moins 53 morts et environ 300 blessĂ©s, selon un nouveau bilan Ă©tabli mercredi. Elle visait notamment un groupe de soldats rĂ©unis pour une cĂ©rĂ©monie en plein air, sur le site de l’Institut des tĂ©lĂ©communications, un Ă©tablissement fondĂ© dans les annĂ©es 1960 et qui forme des spĂ©cialistes des tĂ©lĂ©communications militaires. « L’un des bâtiments de l’Institut a Ă©tĂ© partiellement dĂ©truit Â», a dĂ©taillĂ© le prĂ©sident Zelensky dans un message vidĂ©o, qui a prĂ©cisĂ© que deux missiles balistiques avaient touchĂ© « un Ă©tablissement d’enseignement et un hĂ´pital voisin Â».

Information recueillie « par drone Â» ou via « un canal de communication Â»

« Tout semble indiquer qu’il s’agit d’une frappe d’opportunitĂ©, analyse pour 20 Minutes Guillaume Lasconjarias, historien militaire et professeur associĂ© Ă  Sorbonne UniversitĂ©. Une cĂ©rĂ©monie militaire ne dure pas, en gĂ©nĂ©ral, des heures, donc soit les Russes ont traitĂ© immĂ©diatement une information recueillie par un de leurs drones qui saturent l’espace aĂ©rien ukrainien, soit ils ont obtenu des fuites depuis un canal de communication. On sait que les militaires, dans les deux camps, communiquent sur des canaux qui ne sont pas protĂ©gĂ©s. Ensuite, les Russes ont dĂ©clenchĂ© leur frappe de manière extrĂŞmement rapide. Â»

Le ministère de la dĂ©fense russe assure ce mercredi que les tirs de missiles visaient un centre d’entraĂ®nement militaire. « Les forces armĂ©es de la FĂ©dĂ©ration de Russie ont procĂ©dĂ© Ă  une frappe de haute prĂ©cision contre le 179e centre d’entraĂ®nement conjoint des forces armĂ©es ukrainiennes dans la ville de Poltava, oĂą ont Ă©tĂ© formĂ©s sous la direction d’instructeurs Ă©trangers, des spĂ©cialistes des communications, de la guerre Ă©lectronique et des militaires des unitĂ©s des forces armĂ©es ukrainiennes, ainsi que des opĂ©rateurs de vĂ©hicules aĂ©riens sans pilote participant au bombardement de cibles civiles sur le territoire de la FĂ©dĂ©ration de Russie Â», Ă©crit-il sur Telegram.

« Une catastrophe Â»

Cette frappe a suscité l’incompréhension, parfois la colère, parmi une partie de la population ukrainienne. Des blogueurs militaires s’interrogent notamment sur une concentration aussi importante de soldats au même endroit, en plein air, offrant une cible de choix à l’adversaire.

« Bien sĂ»r que cela soulève des critiques, observe Guillaume Lasconjarias, Ă©galement chercheur associĂ© au Ciens (Centre interdisciplinaire sur les enjeux stratĂ©giques). Perdre « bĂŞtement » un grand nombre de soldats de la sorte, c’est une catastrophe pour une armĂ©e qui peine Ă  remplacer ses troupes. Mais nous sommes sur un front qui fait plus de 1.000 km, il y a forcĂ©ment, Ă  un moment ou Ă  un autre, une obligation de regrouper des hommes, que ce soit pour les acheminer, les Ă©quiper… Ce sont plusieurs centaines de milliers de combattants qui s’affrontent sur le terrain, et ce type d’accident fait partie du « brouillard de la guerre. » Â»

« Des frappes en second extrĂŞmement dĂ©vastatrices Â»

Le spĂ©cialiste tire de ce bombardement, l’un des plus meurtriers de la guerre, plusieurs enseignements. « Cela montre que les Russes ont manifestement fait Ă  nouveau le plein de leurs missiles balistiques et de leurs missiles de croisière Â», ce qui leur permet « de frapper des villes un peu plus loin du front comme Poltava. Â» Guillaume Lasconjarias souligne au passage « la capacitĂ© de l’industrie d’armement russe Ă  tenir dans la durĂ©e, et d’être ainsi toujours capable de fabriquer les outils technologiques constituant le cĹ“ur du missile, pour les employer. Â»

Il observe Ă©galement que, « dans la manière de faire Â», les Russes semblent favoriser « les frappes en deux ou trois temps Â». « On a d’abord un premier temps oĂą on envoie des drones en nombre pour saturer la dĂ©fense antiaĂ©rienne ukrainienne, et ensuite des missiles de croisière qui frappent les sites, suivis d’une deuxième vague qui vient frapper les survivants et les Ă©quipes de secours. C’est ce qu’on appelle les frappes en second, qui sont extrĂŞmement dĂ©vastatrices, crĂ©ant un massacre supplĂ©mentaire. Â»

Difficulté des Ukrainiens à protéger leur ciel

La rapiditĂ© de la frappe explique Ă©galement ce bilan particulièrement meurtrier. « Entre le moment oĂą on signifie l’alerte, et celui oĂą le missile arrive, la fenĂŞtre est très rĂ©duite, confirme le spĂ©cialiste. Ce sont des missiles qui surgissent littĂ©ralement, et avec une dĂ©fense antiaĂ©rienne parsemĂ©e le long du front, les Ukrainiens se retrouvent en incapacitĂ© de traiter toutes ces vagues. Faute de mise Ă  disposition suffisante de batteries de Patriot, de SAMP/T ou de Shorad, les Ukrainiens dĂ©noncent depuis plusieurs mois la très grande difficultĂ© qu’ils rencontrent pour protĂ©ger leur ciel. Ils doivent faire un choix, Ă  chaque fois critique, entre protĂ©ger les infrastructures, les Ă©tats-majors et les sites militaires sensibles. Â»

Guillaume Lasconjarias dĂ©nonce ces frappes russes, « qui sont des frappes de terreur, car elles visent gĂ©nĂ©ralement des infrastructures civiles, la population, des objectifs qui ne sont pas militaires. Â» « Il y a une volontĂ© de punir la population ukrainienne, et de crĂ©er une dĂ©fiance de la population envers ses responsables. En rĂ©alitĂ©, cela provoque souvent l’effet inverse, avec un phĂ©nomène de Rally’round the flag [ralliez-vous autour du drapeau]. Â»

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