10 MIN FINANCE 🔵 Les cours du pétrole sont toujours au plus bas malgré les réductions de production consenties par les pays membres de l’Opep+
Les fluctuations des prix du pétrole reflètent une tendance claire : une demande insuffisante empêche une reprise significative des cours, malgré les réductions de production décidées par l’Opep+. Les discussions sur la stratégie à adopter lors de la prochaine réunion des ministres de l’Opep+ sont marquées par des divergences d’opinions.
Prévue en ligne jeudi prochain, cette réunion initialement programmée dimanche a été reportée, offrant plus de temps aux pays membres pour harmoniser leurs positions. Avant ce report, le marché anticipait une prolongation des réductions de production pour deux ou trois mois, évoquant une saturation du marché.
Pour éviter une chute des prix, huit pays de l’Opep+, dont l’Arabie saoudite et la Russie, ont retardé la remise sur le marché de 2,2 millions de barils. L’organisation poursuit une stratégie de limitation de l’offre depuis la fin de 2022, produisant environ 41 millions de barils par jour, bien en dessous de sa capacité réelle.
Amr Osman, consultant en pétrole et gaz, souligne que l’Opep+ mobilise tous les outils disponibles, mais le ralentissement de la Chine, principal importateur, et la crise immobilière qui y sévit, pèsent lourdement sur les prix du pétrole. Parallèlement, la production hors Opep+ s’accroît, notamment aux États-Unis.
Les États-Unis, grâce à la prolifération des entreprises privées, favorisent une production concurrentielle. Ces dernières années, la montée du pétrole de schiste a propulsé les États-Unis au rang de premier producteur mondial devant la Russie et l’Arabie Saoudite, selon Francis Perrin, de l’Ifri.
D’après l’AIE, la part du pétrole brut américain dans la production mondiale est passée de 11 % en 2016 à 16 % aujourd’hui. Cette augmentation contraste avec la baisse de la part cumulée des membres de l’Opep, qui est tombée de 62 % à 56 % sur la même période.
La stratégie américaine, en quête d’indépendance énergétique, est d’autant plus marquée par la consommation intérieure élevée de pétrole. Amr Osman note que le gouvernement américain a tout intérêt à des prix bas, profitables aux consommateurs.
Jorge Leon estime que la stratégie de l’Opep+ n’est pas viable à long terme, l’organisation ne pouvant continuer à réduire sa production sans conséquences financières et influence sur les prix. Pour les pays du Golfe, la rente pétrolière est essentielle au développement économique et au maintien de la stabilité sociale.
Certains pays, dont les Émirats Arabes Unis et le Kazakhstan, pressent pour augmenter la production afin de lancer de nouveaux projets. Toutefois, l’Opep+ tente de réintégrer progressivement le marché, envoyant un signal aux producteurs de schiste américains de faire preuve de prudence.
Giovanni Stauvono, dans une note d’UBS, souligne que l’Opep+ peut à tout moment réintroduire de grandes quantités de pétrole, menaçant ainsi la rentabilité des nouveaux projets. Les observateurs anticipent des prix du WTI et du Brent autour de 60 dollars l’année prochaine, bien en deçà des 80 euros espérés.